Meral Camcı, une des universitaires signataires de l’appel pour la paix, était dans le lot des 4 demandes d’arrestation du 16 mars. Mais ce jour là, elle était à l’étranger pour des raisons professionnelles.
Elle a décidée de rentrer en Turquie, malgré les conseils de son entourage et de ses collègues.
Le 1er avril, bien qu’elle soit rentrée d’elle même, et se soit rendue à la police de son propre chef, elle a été arrêtée et transférée pour une comparution immédiate devant le Tribunal Pénal d’Istanbul.
Meral en refusant l’accusation lors de sa défense, a exprimé « En tant que citoyenne et universitaire, je remplis mon devoir d’expression et j’assume mes paroles. Ceci n’est pas un délit. Exprimer des critiques n’est pas un délit. J’ai utilisé ma liberté d’expression »
Elle a souligné que son travail et sa résidence étant connus et que depuis 2 mois, suite aux violations des droits à son université, elle était sans travail, « Il n’y a pas de raisons pour que je ne sois pas jugée en liberté. Je viendrai quand vous appellerez, comme je suis venue aujourd’hui » a‑t-elle ajouté.
La décision signée par le Juge İslam Çiçek, notifie :
- que le 22 décembre 2015,le co-Président du conseil d’administration de l’organisation terroriste PKK/KCK Bese Hozat, avait exprimé ces propos de nature d’instructions, « Il faut que les milieux intellectuels et démocratiques s’approprient les autonomies. ».
- que l’universitaire est accusée pour avoir signé l’appel soit disant de paix « Nous ne serons pas complices de ces crimes » publié le 11 janvier, qui est clairement de nature propagandiste pour l’organisation terroriste PKK/KCK.
- que la conférence de presse tenue le 10 mars, par Meral Camcı et ses collègues Esra Mungan, Kıvanç Ersoy et Muzaffer Kaya actuellement derrière les barreaux, où les universitaires avaient déclaraient qu’ils assumaient leur appel et qu’ils maintenaient leur demande, est également considérée par le tribunal comme l’intention de commettre des délits en récidive.
Le juge a donc décidé l’arrestation du suspect Meral Camcı, en rappelant que les trois universitaires seront également jugés en incarcération et risquent jusqu’à 7,5 années de prison, et que le suspect risquait de fuir ou de cacher.
Meral est incarcérée à la Prison de femmes de Bakırköy.
Avant son retour en Turquie, Meral déclarait par une lettre :
Le poids sur notre coeur nous est commun mes ami(e)s… Etre d’un côté des murs, ou de l’autre n’a pas d’importance, tant que notre tête n’est pas libre. Nous allons faire disparaître ces murs et nous deviendrons libres. De l’intérieur et de l’extérieur. En ce moment, je dois être là bas. Vous connaissez tou(te)s la défense de Socrate bien sûr. Il dit, « L’exil est la plus grande peine qu’on peut donner à une personne » et moi, je ne peux pas vivre une vie que je n’ai pas choisie avec ma propre volonté. Car dans ce cas, je ne serais pas moi. J’assumerai mes paroles de paix et je continuerai à lutter.
Une attitude militante courageuse qu’on aimerait présente chez beaucoup, qui ici en Europe dite “démocratique”, passent leur temps à dénoncer la “violence” dans les mobilisations et se taisent dès lors où une réelle violence se déroule comme dans ce cas hors de l’hexagone pour la France, ou des frontières désormais fermées de “l’Europe de la paix & de la xénophobie réunies”.