Je tombe sur un film du 1983 réal­isé par Costas Fer­ris et je reste scotchée devant l’écran, yeux rivés oreilles ten­dues. Il s’agit du Rem­betiko qui nous emporte des années en arrière et nous immerge dans la vie des grecs des années 1917–1955.

Je com­mence alors à fouin­er dans le big archive d’Internet…

rembetiko costas ferris afficheLe rebétiko (ρεμπέτικο), rem­bétiko ou rebétiko tragoú­di (ρεμπέτικο τραγούδι) est une forme de musique pop­u­laire grecque apparue dans les années 1920. Le joueur, chanteur, com­pos­i­teur de rebetiko est un rebétis (ο ρεμπέτης), au pluriel rebétès (οι ρεμπέτες), au féminin sin­guli­er la rebétis­sa (η ρεμπέτισσα), au féminin pluriel les rebétis­sès (οι ρεμπέτισσες).” nous dit-on dans le Wikipédia.

Le rébétiko serait donc un terme général pour le genre et il regrouperait plusieurs formes dif­férentes, comme des rébéti­ka d’Istanbul du début du XXe siè­cle, jusqu’aux chan­sons « laïkó » de Vas­silis Tsit­sa­nis dans les années 1950. Evolu­ant dans deux styles prin­ci­paux, le Smyrnéiko (style de Smyrne), et le Pireotiko (style du Pirée), le rébétiko a don­né des ailes musi­cales à toute un héritage culturel.

J’apprends que la musique qui est très présente comme un per­son­nage à part entière dans le film Rem­betiko, a été spé­ciale­ment crée par Xarhakos. Les chan­sons que nous enten­dons dans le film, ne sont pas d’époque, mais com­posées sur mesure, tout en respec­tant la forme et les car­ac­téris­tiques du rébétiko, et elles furent accueil­lies avec joie, jusqu’à être reprise par divers chanteurs, comme Dalaras et Galani.

rembetiko film 2Rem­betiko, est un drame qui nous emmène dans la vie de Marí­ka Nínou, chanteuse de rébétiko. Mari­ka nait en 1919 à Smyrne (Izmir) en Turquie. Son père est un chanteur-com­pos­i­teur de rébétiko (un rebetis). Elle quitte la Turquie avec ses par­ents pour retourn­er en Grèce, avant le grand échange de pop­u­la­tions en 1920, con­séquences du con­flit gré­co-turc. Après le décès de sa mère, battue à mort par son mari, Mari­ka quitte cette fois la mai­son pour vivre avec des vagabonds. Elle est enceinte, et trou­ve un emploi de chanteuse “chez Thomas”, un café qui appar­tient à l’an­cien amant de sa mère.  C’est là qu’elle devien­dra célèbre et adulée, mal­gré la dic­tature qui s’in­stalle dans le pays et dont elle aura à souffrir.

Rem­betiko est con­sid­éré  comme le film le plus cher de l’histoire du ciné­ma grec. Le bud­get de 35 mil­lions de drachmes qui lui avait été con­sacré valait le coup, car le film avait été à l’époque un réel succès.

rembetiko film 1

Rem­betiko est le 5ème long métrage de Costas Fer­ris. Le film a obtenu 4 prix au Fes­ti­val du film de Thes­sa­lonique : Meilleur film, meilleur pre­mier rôle féminin, meilleur sec­ond rôle féminin et bien évidem­ment, un prix spé­cial pour sa musique. Au Fes­ti­val de Berlin en 1984, l’Ours d’Argent lui a décerné. Il a égale­ment reçu le prix spé­cial du jury au Fes­ti­val de Valence et le Grand Prix du Fes­ti­val d’Alexandrie.

Pour les amoureux de la musique voici quelques chan­sons du film.

[vsw id=“NdMy_RyIpQk” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]

Rembetiko

(cliquez pour agrandir le texte)

[vsw id=“qDoetQlDU0c” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]

[vsw id=“spk73pGn7aM” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]

Allez, avant le film, moi l’is­tan­bu­liote, je ne peux m’en empêch­er, voici un “rebetiko” d’Istanbul

[vsw id=“taGWWbB4N2Q” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]

Et pour les cinéphiles, voici le film inté­gral avec les sous titrages en anglais.
(Le film existe en DVD)

[vsw id=“G21q_5iac90” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]

Et saviez-vous que Misir­lou est aus­si à l’o­rig­ine un rebetiko ?


REMBETIKO | Réal­isa­teur : Costas Fer­ris | 1983 | durée 1h45 | avec Sotiria Leonar­dou et Nikos Kalogeropou­los | Musique : Stavros Xar­chakos | Paroles : Nikos Gatsos

Costas Fer­ris est né en Egypte de par­ents grecs, mais c’est bien en Grèce qu’il se lance dans le ciné­ma. D’abord comme assis­tant sur plus de 60 longs métrages puis en réal­isant une par­o­die de “Cer­tains l’ai­ment chaud” inti­t­ulé “Cer­tains l’ai­ment kaki” (en 1965). En 67, suite au coup d’é­tat des colonels, Costas Fer­ris s’ex­ile en France où, hormis ses ami­tiés avec l’un­der­ground et la déjà vieille “nou­velle vague”, il se fait libret­tiste, par­tic­i­pant notam­ment à l’écri­t­ure de 666, de l’opéra rock des Aphrodite’s Child. En 1973, la dic­tatureayant pris fin, Costas Fer­ris retourne en Grèce, où depuis il réal­isa pour la télévi­sion des fic­tions et des doc­u­men­taires. Au ciné­ma, il est l’au­teur entre autres, de la meur­trière (1974) et des “2 lunes du mois d’Août” (1978).


Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.
Kedistan’ın tüm yayınlarını, yazar ve çevirmenlerin emeğine saygı göstererek, kaynak ve link vererek paylaşabilirisiniz. Teşekkürler.
Naz Oke on EmailNaz Oke on FacebookNaz Oke on Youtube
Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.