Après l’at­ten­tat d’Is­tik­lal à Istan­bul, le KCK, (Koma Civakên Kur­dis­tan*), groupe des com­mu­nautés du Kur­dis­tan, con­damne l’attentat par un long com­mu­niqué public.

Prenons le temps de réfléchir à ce que sig­ni­fie cette pub­li­ca­tion, de sur­croît après la déc­la­ra­tion de “fédéral­isme”, pour ce qui con­cerne la Syrie et le Rojava.

Ce com­mu­niqué inter­vient après la con­damna­tion de l’at­ten­tat par le HDP, et la demande “d’ex­cus­es” for­mulée par le TAK dans sa reven­di­ca­tion de l’at­ten­tat de dimanche dernier.

La con­damna­tion des “morts de civils”, mainte fois réitérée dans ce com­mu­niqué, n’est pas là pour “ruser” face à Erdo­gan et son régime, mais con­stitue bien une affir­ma­tion dans la droite ligne de ce que le PKK exprime depuis des mois. C’est sans con­tes­ta­tions pos­si­bles, une ligne rouge avec le TAK.

Qu’une représen­ta­tion poli­tique, et pas la moin­dre, du mou­ve­ment kurde, le KCK, quels que soient les auteurs de l’at­ten­tat d’au­jour­d’hui, éprou­ve la néces­sité de faire une mise au point longue, est d’importance.

Ain­si, les forces kur­des ne con­fondent pas le ter­ror­isme avec la guerre, et ren­voient le ter­ror­isme vers l’E­tat qui le pratique.

Ain­si, le mot “ter­reur” est enfin ren­voyé dans le camp d’Er­do­gan, et la volon­té d’une solu­tion poli­tique réaf­fir­mée, dans un con­texte où tout con­duirait à la guerre.

Il ne s’ag­it pas de jouer avec les mots et ter­min­er par une pirou­ette, mais bien de faire une lec­ture poli­tique de cette con­damna­tion que ne fer­ont aucun médias, qui se sont pour­tant mon­tré friands de l’événe­ment, et qui se sont empressés de pra­ti­quer l’a­mal­game, comme leur ont sug­géré les déc­la­ra­tions con­tra­dic­toires du régime AKP et ses agences de presse aux ordres. Per­son­ne n’é­coutera leurs démen­tis ensuite. L’ac­cord de Brux­elles ne sera pas terni.

(*) KCK : En l’absence de son chef, l’organisation est dirigée par le KONGRA-GEL qui agit à la manière d’un parlement.
L’organisation est classée terroriste par la Turquie, qui la considère comme la “branche urbaine du PKK”, une structure civile d’aide à la guérilla, et s’est lancée depuis avril 2009 dans des arrestations massives des milieux du KCK. D’avril 2009 à octobre 2011, 7748 personnes ont été arrêtées dans ce cadre.

Le communiqué du KCK :

Selon ce que les médias reflè­tent, et d’après la déc­la­ra­tion de la Pré­fec­ture d’Istanbul, une explo­sion est sur­v­enue près de l’administration du dis­trict et à prox­im­ité du siège de la police. Bien que nous ne con­nais­sions pas l’identité des vic­times, les autorités annon­cent 4 morts et celle de l’activiste.

L’i­den­tité de l’auteur et des vic­times ne sont pas encore con­nues. Mais nous devons soulign­er que nous sommes con­tre le fait que des civils soient pris comme cibles et nous con­damnons les actions les visant. Nous présen­tons nos con­doléances aux familles des vic­times et souhaitons bon rétab­lisse­ment aux blessés.

En tant que Mou­ve­ment de Libéra­tion kurde, nous menons par oblig­a­tion, depuis 1984 une lutte de guéril­la. Notre préférence stratégique a tou­jours été la réso­lu­tions du prob­lème kurde par l’ac­tion démoc­ra­tique et poli­tique sur la base d’une démoc­ra­ti­sa­tion de la Turquie. Sur ce sujet notre insis­tance per­dure. Cepen­dant le pou­voir AKP a écarté du pied ces efforts de réso­lu­tion démoc­ra­tique du prob­lème kurde, et a décidé d’écraser le Mou­ve­ment de Libéra­tion Kurde dans la vio­lence. La sale guerre qui est menée aujourd’hui en Kur­dis­tan et la résis­tance d’autonomie du peu­ple kurde a vu le jour, sur le refus du pou­voir AKP des efforts de réso­lu­tion démoc­ra­tique. La déc­la­ra­tion de réso­lu­tion démoc­ra­tique pub­liée uni­taire­ment par les élus de l’Etat avec le HDP le 28 févri­er 2015, n’avait pas été accep­tée par le Prési­dent de République Tayyip Erdo­gan. L“appel du Newroz” fait par le leader Apo, qui demandait la Paix et la réso­lu­tion démoc­ra­tique avait été refusé aus­si. Et depuis le 5 avril 2015, l’isole­ment sévère a été infligé au leader Apo, vu comme l’acteur le plus raisonnable par l’opinion publique dans la réso­lu­tion du prob­lème kurde. Les élec­tions du 7 juin qui avaient mar­qué une réus­sité pour les forces démoc­ra­tiques, ont été con­sid­érées comme inex­is­tantes, une guerre glob­ale envers le peu­ple kurde a été déclenchée. Dans cette guerre, des cen­taines de civils ont été mas­sacrées par l’armée et la police. Sans aucun doute, lors de ces affron­te­ments, des cen­taines de sol­dats et guéril­las ont aus­si per­du la vie.

En tant que Mou­ve­ment de Libéra­tion kurde, comme nous ne préférons pas la guerre, sommes forte­ment con­tre la mort des civils. Les mas­sacres des civils dans la guerre sont un délit de guerre. En tant que Mou­ve­ment de Libéra­tion kurde, à maintes repris­es nous nous sommes engagés à respecter la Con­ven­tion de Guerre de Genève. Nous avons mis notre sig­na­ture à la con­ven­tion de Guerre de Genève en 1994. Aujourd’hui, nous sommes encore fidèles à notre engage­ment. La guéril­la qui mène la lutte de lib­erté respectera désor­mais cette con­ven­tion. Mal­gré le fait que l’Etat turc, vio­le sérieuse­ment le Droit de la guerre, les com­bat­tants de la lib­erté mon­treront toute leur atten­tion afin de ne pas nuire aux civils dans la guerre.

Il faut être con­tre la mort des civils. Il faut être con­tre les actions et com­porte­ments qui pren­nent les civils pour cibles, peu importe de qui ils viennent.

Cepen­dant, le fait que la presse turque, et les milieux poli­tiques, ne se pronon­cent pas con­tre les agisse­ments de la police et l’armée turques, qui tuent des cen­taines de civils indif­férem­ment, enfants, femmes, per­son­nes âgées, et se con­tentent d’en faire leur actu­al­ité, est aus­si une preuve d’immoralité. Ceux qui sont légitime­ment con­tre les morts de civils, doivent être égale­ment con­tre le fait que l’Etat turc, mas­sacre les civils, sans compter qu’ils soient enfants, femmes et per­son­nes âgées et bom­barde des lieux d’habitations. Le fait de dire que l’utilisation de la vio­lence est du mono­pole de l’Etat, et ne pas se posi­tion­ner con­tre le fait que le pou­voir AKP mas­sacre des cen­taines de civils est faire preuve de manque de con­science et de morale poli­tique. Aucun motif ne peut jus­ti­fi­er la banal­i­sa­tion de la mort des civils. Sous cet angle, il faut être con­tre les attaques ciblant les civils, quels que soient leurs auteurs. Les forces inter­na­tionales, sans se com­porter en en ren­vois dos-à-dos, doivent égale­ment se posi­tion­ner con­tre les morts de civils, quels que soient leurs auteurs.

En Kur­dis­tan et dans le Moyen-Ori­ent, le Newroz est en train d’être célébré.

Le Newroz est un jour de résis­tance des peu­ples con­tre les tyrans et pour la vie en fra­ter­nité. Que les milieux d’autorités et les forces poli­tiques en Turquie, pour cette occa­sion de Newroz, fassent un pas pour la réso­lu­tion du prob­lème kurde et la démoc­ra­ti­sa­tion de la Turquie. Qu’ils déclar­ent que le prob­lème kurde sera résolu avec des méth­odes poli­tiques et démoc­ra­tiques, avec des négo­ci­a­tions dans des con­di­tions libres, en met­tant en place un cessez le feu et en lev­ant l’isolation de leader Apo.

Quand cela se fera, la Turquie sera le pays le plus démoc­ra­tique et libre du monde. Un Moyen-Ori­ent et une Turquie libres et démoc­ra­tiques, basés sur la fra­ter­nité des peu­ples, présente dans l’esprit de Newroz, seront une réalité”.

*Pho­to non contractuelle


Traduit par Kedistan
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