Les Kur­des de Syrie se réu­nis­saient aujour­d’hui pour se pren­dre date sur la mise en place d’un fédéral­isme dans les régions sous leur con­trôle dans le nord. Plus de 150 représen­tants de par­tis kur­des, arabes et assyriens se sont rassem­blés pour ce faire, à Rmeilane, dans la province de Has­saké au nord-est. 

Cette réu­nion doit faire des propo­si­tions et partager pour la mise en place com­mune d’un nou­veau sys­tème de gou­verne­ment pour le nord de la Syrie. Et les par­tic­i­pants penchent majori­taire­ment pour un fédéral­isme”, a indiqué Sihanuk Dibo, con­sul­tant pour le prin­ci­pal par­ti poli­tique kurde syrien (PYD).

La déci­sion, qua­si con­fir­mée, élargi­rait la zone d’ ”admin­is­tra­tion autonome” que les Kur­des syriens ont mise en place au Roja­va. Mais elle n’a pas pour objet l’indépendance.

Les régions se regrouper­ont sous la ban­nière d’une “Fédéra­tion du nord de la Syrie” et représen­teront l’ensem­ble des com­mu­nautés eth­niques établies sur leur territoire.

Les Kur­des syriens con­trô­lent une bande inin­ter­rompue de 400 km le long de la fron­tière tur­co-syri­enne, aisi que de la fron­tière iraki­enne jusqu’à l’E­uphrate. Ils con­trô­lent égale­ment une sec­tion dis­tincte de la fron­tière nord-ouest de la Syrie, dans la région d’Afrine.

La Turquie s’op­pose déjà à un tel type de déci­sion, on le sait. Une zone d’in­flu­ence kurde à sa fron­tière avec la Syrie, pour Erdo­gan, c’est une ligne rouge, d’au­tant qu’il compte bien obtenir le sou­tien européen pour y faire installer et agrandir des camps pour réfugiés syriens, dont il aurait les « clefs ». Erdo­gan ne peut en aucun cas, accepter une con­ti­nu­ité ter­ri­to­ri­ale à sa fron­tière syri­enne, zone qu’il veut main­tenir sous contrôle.

En plus des trois can­tons d’Afrin, Kobane et Jaziré, l’aire géo­graphique de la nou­velle admin­is­tra­tion à majorité kurde engloberait des secteurs récem­ment repris à Daech (EI) et d’autres fac­tions, dans le nord et le nord-est syriens.

fédéralisme

Cliquez pour agrandir

Ces ter­ri­toires ont été recon­quis par le PYD, Unités de pro­tec­tion du peu­ple (YPG), avec le sou­tien aérien de la coali­tion ou de ce qu’il en reste.

L’actuel « trêve », non respec­tée par les troupes d’Er­do­gan, et qui fait l’ob­jet d’ac­crochages aus­si avec cer­taines force « légal­istes » de Bachar, per­met, Daech tenu à dis­tance, d’avoir enfin de réels échanges poli­tique sur le devenir com­mun des pop­u­la­tions du Nord et Nord est syrien.

Le con­fédéral­isme pour la Syrie, tou­jours pro­posé d’en haut par Pou­tine, n’est pas l’ob­jet de ces ren­con­tres. Et d’ailleurs le retrait par­tiel des troupes russ­es, après qu’elles eurent, au prix de morts en masse, mod­i­fié le rap­port des forces en vue de Genève, en ramenant Bachar dans le jeu, peut aus­si faire l’ob­jet de débats sur « demain ». Bachar va avoir des dif­fi­cultés à main­tenir les derniers acquis des frappes russ­es, et cela promet encore une pos­si­ble reprise des exac­tions des Al Nos­tra, et des règle­ments de comptes avec le peu de fac­tions révo­lu­tion­naires laïques qui restent.

Il s’ag­it là, dans ces réu­nions, de très con­crètes déci­sions qui con­cer­nent des pop­u­la­tions libérées, et des pop­u­la­tions à majorité kur­des qui vivent ensem­ble sur ces ter­ri­toires, en éten­dant le mod­èle d’au­tonomie démoc­ra­tique que le Roja­va met en place.

Aucune chance que cela soit porté à Genève, les Kur­des en étant exclus pour le moment.

Les Etats Unis, ont très vite fait savoir qu’ils étaient opposés au pro­jet et qu’il ne le recon­naî­trait pas.

17 mars

Voici le com­mu­niqué final offi­ciel, issu de cette réu­nion. C’est un pas his­torique, qui, alors que la con­férence de Genève exclut les Kur­des et les représen­tants de com­mu­nautés, devra bien être pris en compte, comme propo­si­tion de réso­lu­tion politique.

Le Con­seil Con­sti­tu­tif Du Sys­tème Fédéral De Roja­va- Le Nord De La Syrie
A l’in­ten­tion de l’opinion Publique Syri­enne, Régionale et internationale

En bilan de l’appel qui a été adressé par la Coor­di­na­tion Générale des Régions de l’auto-administration démoc­ra­tique (El Cezire, Efrin, Kobané), à toutes les com­posantes, forces poli­tiques, par­tis et organ­i­sa­tions sociales dans ces régions et nou­velles régions libérées des organ­i­sa­tions ter­ror­istes, dans le but de tenir une large réu­nion pour stat­uer d’une vision poli­tique glob­ale pour la solu­tion de la crise syri­enne, et sur un accord pour un sys­tème de ges­tion des régions de Roja­va au nord de la Syrie, voici le com­mu­niqué des résultats.

Cet accord sera con­sid­éré comme un mod­èle de solu­tion de la crise syri­enne. Nous, les représen­tants de ces régions, nous nous sommes réu­nis au cours de ces deux derniers jours le 16–17 mars ‑2016, avec en mémoire, et avec le plus grand respect et recon­nais­sance, les mar­tyrs de notre pop­u­la­tion qui ont écrit par leur sang et leurs sac­ri­fices, leurs exploits, les plus grandes épopées his­toriques. Ils ont pu trans­porter nos pop­u­la­tions à l’état actuel dans lequel nous vivons.

La réu­nion a arrêté les déci­sions suivantes :
1- La future Syrie appar­tien­dra à tous les syriens et c’est le sys­tème fédéral démoc­ra­tique basé sur la par­tic­i­pa­tion de toutes les com­posantes de la société qui va l’établir.
2- La con­sti­tu­tion d’un sys­tème fédéral démoc­ra­tique pour le Roja­va au nord de la Syrie.
3- La réu­nion a approu­vé la for­ma­tion d’un comité organ­i­sa­tion­nel com­posé de 31 mem­bres et une coprési­dence du con­seil constitutif.
4- Le comité organ­i­sa­tion­nel sera chargé de pré­par­er un con­trat social et une vision juridique poli­tique et glob­ale pour ce sys­tème poli­tique, dans un délai qui ne dépassera pas les six mois, si les con­di­tions le permettent.
5- Le con­seil con­sti­tu­tion­nel sera con­sid­éré en tant qu’une admin­is­tra­tion tran­si­toire jusqu’aux élec­tions générales sous la sur­veil­lance des Nations–Unies, duquel devra émerg­er des insti­tu­tions de jus­tice tran­si­tion­nelle qui incar­neront le sys­tème fédéral démoc­ra­tique de Roja­va-nord de la Syrie.
6- Tous les comités et les doc­u­ments émergeant du con­seil seront basés sur la légiti­ma­tion des droits des indi­vidus et des com­mu­nautés approu­vés par les Nations-Unies, qui assureront la con­struc­tion d’un sys­tème com­mu­nal démoc­ra­tique. Les par­tic­i­pants désig­nent l’importance de la rela­tion qui se trou­ve entre ce nou­veau sys­tème et la pro­fondeur his­torique de la Syrie. Ain­si ils insis­tent sur le principe de la paix et de la fra­ter­nité entre les peu­ples et les pays voisins.
7- La lib­erté de la femme est le fonde­ment du sys­tème fédéral démoc­ra­tique. La femme a le droit à la par­ité par­tic­i­pa­tive et à la prise des déci­sions pro­pres à elle. Elle doit être représen­tée d’une façon égal­i­taire dans tous les domaines de la vie poli­tique et sociale.
8- Toutes les pop­u­la­tions et les com­mu­nautés peu­vent vivre au sein du sys­tème fédéral à Roja­va-nord de la Syrie et peu­vent dévelop­per des rela­tions poli­tiques, économiques, sociales, cul­turelles et des parte­nar­i­ats démoc­ra­tiques avec les par­ties con­ven­ables sur le plan région­al et inter­na­tion­al sous con­di­tion que cette rela­tion ne s’oppose pas aux objec­tifs et aux intérêts du fédéral­isme de la Syrie démocratique.
9- L’objectif du sys­tème fédéral démoc­ra­tique au Roja­va-nord de la Syrie sur le plan région­al sera l’établissement d’une fédéra­tion démoc­ra­tique au Moyen-Ori­ent et son développe­ment dans tous les domaines, poli­tiques, soci­aux, économiques et cul­turels. En dépas­sant les fron­tières nationales des états, il sera pos­si­ble de vivre en paix, en fra­ter­nité et en sûreté.
Aux peu­ples de Syrie, Roja­va et à toutes les com­mu­nautés et caté­gories sociales :
Aujourd’hui, nous vivons dans une péri­ode his­torique et des con­di­tions sen­si­bles, et la Syrie passe par ses pires états trag­iques. il y a des mil­lions d’immigrants et des cen­taines de mil­liers de morts ain­si qu’une grande destruc­tion des infra­struc­tures syri­ennes. Mal­gré tout cela, nous avons assisté au cours de ces dernières années à l’émergence d’une expéri­ence avancée au Roja­va, défendue par le sang des mar­tyrs, et on a pu obtenir des acquis et des vic­toires dans cette péri­ode. C’est une grande occa­sion pour établir un sys­tème fédéral démoc­ra­tique à Roja­va-Le nord de la Syrie. Nous sommes con­va­in­cus et nous avons con­fi­ance que ce mod­èle représen­tera une solu­tion pro­posée pour la crise syrienne.
Sur le fonde­ment des déci­sions his­toriques que nous avons pris­es, nous con­vo­quons en pre­mier la femme, la représen­tante de la vie libre et nou­velle, aus­si nous con­vo­quons la jeunesse, les groupes, les tra­vailleurs, nos peu­ples et tous les secteurs soci­aux à y adhér­er et s’y intéress­er et égale­ment à s’organiser. Nous appelons toutes les forces démoc­ra­tiques et human­i­taires pro­gres­sistes à soutenir nos efforts.
Oui à l’unité dans la Déter­mi­na­tion et la vie Com­mune et à la Fra­ter­nité entre les Peuples !

Le Comité Organ­i­sa­tion­nel Du Fédéral­isme Démoc­ra­tique De Roja­va-Le Nord De La Syrie, le 17-Mars-2016.

KEDISTAN on EmailKEDISTAN on FacebookKEDISTAN on TwitterKEDISTAN on Youtube
KEDISTAN
Le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil.