Ce sont toutes les local­ités, Diyarbakır et le dis­trict, tous les quartiers, les uns après les autres, comme pour Bağlar et Şır­nak, qui sont mis sous état de siège au Kur­dis­tan Nord.

La guerre con­tre les civils ne trou­ve plus de lim­ites, et “la force du Turc”, comme l’é­tal­ent les graf­fi­tis que les forces de répres­sion lais­sent sur les murs, s’ex­erce en toute impunité. Le non droit, la vio­lence, les exac­tions, les crimes, accom­pa­g­nent ces pris­es d’o­tages civils, sous le pré­texte de “net­toy­er” et “punir” des îlots de pop­u­la­tions qui avaient préven­tive­ment mis en place des moyens d’au­to défense, face à la vio­lence de l’Etat.

Chaque jour apporte sa compt­abil­ité macabre, la décou­verte d’ex­ac­tions plus anci­ennes, les “rap­ports détail­lés”… Les his­to­riens des décen­nies à venir, n’au­ront qu’à se pencher pour tra­vailler et doc­u­menter leurs analy­ses, et ne pour­rons qu’écrire “tout le monde savait”…

Diyarbakır Bağlar

Les affron­te­ments se sont calmés par rap­port aux pre­miers deux jours, les 14 et 15 mars, mais le cou­vre-feu et le blo­cus con­tin­u­ent. Trois per­son­nes ont été blessées par balles dans la rue 863 sur l’avenue de Bağlar.

Les trans­ferts mil­i­taires con­tin­u­ent. Le 16 mars, dans la soirée, des véhicules mil­i­taires venant de Batıkent se sont posi­tion­nés dans divers points stratégiques dans Bağlar.

Plusieurs familles ont été empêchées d’accès à la com­mune pour ren­tr­er à leur mai­son, une dis­pute a démar­ré entre un habi­tant et les policiers. « Tou­jours la même chose, Sad­dam a tué des mil­liers de Kur­des à Hal­ab­ja. Mais vous avez vu sa fin. Vous faites main­tenant la même chose. Votre fin sera comme celle de Sad­dam ». La police a répon­du au groupe de familles dont femmes et enfants, en chargeant avec usage de gaz et en tirant en l’air.

Şırnak

Les attes­ta­tions ont été faites signées par les habi­tants qui quit­tent leur mai­son. Le doc­u­ment stip­ule en résumé, que le sig­nataire « quitte sa mai­son en lais­sant ses affaires, car un cou­vre feu peut être mis en place afin d’empêcher les attaques ter­ror­istes, car, dans le quarti­er où la mai­son se trou­ve des bar­ri­cades ». En sig­nant ce doc­u­ment, les habi­tants déclar­ent ne pas pren­dre la respon­s­abil­ité en cas d’utilisation de leur mai­son pars des tierces per­son­nes, et si les lieux sont util­isés à des fins ter­ror­istes ils déga­gent toute la responsabilité.

sirnak-attestations 2016 mars

Le Prési­dent du IHD (Asso­ci­a­tion des Droits de l’Homme) de Şır­nak, Emirhan Uysal, annonce que 70% de la pop­u­la­tion a ain­si quit­té la commune.

« Des rumeurs sur la mise en place d’un cou­vre-feu exis­taient depuis des mois et ils ont provo­qué la déser­tion de la com­mune petit à petit. La pop­u­la­tion de Şır­nak, ayant vécu les années 90, a vu qu’elle ne pou­vait pas sup­port­er les morts, comme à Cizre, Silopi et Idil. Après l’annonce de cou­vre-feu, les habi­tants restants ont aus­si quit­té la ville pour se réfugi­er dans des com­munes proches. »

(Si on lit le rap­port qui vient d’être fait, entre autres choses sur l’oc­cu­pa­tion mil­i­taire des maisons à Cizre, on peut facile­ment com­pren­dre la rai­son de ces “décharges” demandées).

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