A Strasbourg, les organisations kurdes et leurs soutiens appellent à manifester le samedi 12 mars à 11h sur l’avenue de l’Europe, devant le Conseil de l’Europe, pour dénoncer les agissements du gouvernement turc et l’attitude des institutions européennes.
Les soutiens « appellent l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des Droits de l’Homme à prendre les mesures qui s’imposent pour sanctionner l’Etat turc » et à « contribuer à une solution politique et durable de la question kurde ». Ils demandent aussi « la création d’un tribunal spécial et indépendant » et une commission d’enquêtes.
Depuis trois semaines, les collectifs de soutien ont installé un chapiteau devant le Conseil de l’Europe. Passez donc les voir.
Ci-dessous, le communiqué du Conseil Démocratique Kurde en France (CDKF) :
Appel à une manifestation européenne
pour briser le silenceDepuis le 22 février 2016, des milliers de kurdes venus de toute l’Europe se relayent devant le palais de l’Europe, à Strasbourg, dans le but d’attirer l’attention des institutions européennes et des gouvernements respectifs sur les massacres perpétrés au Kurdistan par l’État turc.
D’après les rapports d’ONG telles que Amnesty International, Human Rights Watch et l’Association des Droits de l’Homme de Turquie (IHD), et les informations communiquées par les élus kurdes, l’état d’urgence illimité décrété par les autorités turques dans plusieurs villes du Kurdistan, sous couvert de « lutte contre le terrorisme », a conduit à de graves violations des droits et libertés fondamentaux, en particulier le droit à la vie, et continue à représenter une menace grave et imminente pour les populations des villes en question.
Au cours des quatre derniers mois, une vingtaine de villes kurdes dont la population avait exprimé la volonté de s’autogérer ont été placées sous couvre-feu, assiégées et bombardées par les forces armées turques. A ce jour, près de 600 civils ont été tués et des centaines d’autres blessés dans cette campagne militaire brutale dont le but est de raser de la carte les villes visées.
Les couvre-feux ont affecté 1,3 millions d’habitants et jeté des centaines de milliers de personnes sur la route de l’exil. Les bombardements ont par ailleurs entraîné la destruction de milliers d’habitations, de lieux de culte et de sites historiques (surtout dans le district de Sur, centre historique de la ville de Diyarbakir dont plusieurs sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO).
Cet acharnement contre les Kurdes s’explique par le fait que l’Etat turc rejette toute idée d’autonomie démocratique à l’intérieur de ses frontières, de même qu’il ne tolère en aucune façon l’existence d’une région autogérée au Rojava (Kurdistan de Syrie).
Condamnant fermement ces massacres qui sont des punitions collectives planifiées par le gouvernement d’Ankara et condamnant également l’attitude de l’Europe qui, au-delà de son silence meurtrier, va jusqu’à signer des accords sur les réfugiés avec un Etat qui piétine allègrement et en toute impunité les valeurs fondatrices des institutions européennes, nous appelons à une manifestation européenne, samedi 12 mars, à Strasbourg.
Nous appelons l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des Droits de l’Homme à prendre les mesures qui s’imposent pour sanctionner l’Etat turc, l’amener à cesser ses opérations militaires contre les Kurdes et à respecter ses engagements en matière de droits humains.
Nous demandons la création d’un tribunal spécial et indépendant pour enquêter sur les violations des droits humains et du droit de la guerre au Nord-Kurdistan, pour juger et condamner les responsables de ces crimes.
Nous appelons les institutions précitées à contribuer à une solution politique et durable de la question kurde qui concerne, au-delà des quatre États qui se partagent le Kurdistan, tout le Moyen-Orient.
Conseil Démocratique Kurde en France (CDKF)