Il est des dates anniver­saires qu’on préfér­erait ne pas avoir dans un agenda.

Celle de l’as­sas­si­nat de Berkin, jeune de 15 ans décédé après 269 jours de coma des suites de blessures infligées par la police lors de la vague de con­tes­ta­tion un an après la Résis­tance de Gezi de juin 2013 en fait partie.

Nous repub­lions en hom­mage une vidéo de Fatih Pinar, jour­nal­iste, qui donne la mesure de l’é­mo­tion qu’avait sus­citée cette mort annon­cée, 269 jours après ce crime.

Vous trou­verez ICI égale­ment, et ICI pour les mem­bres de face­book, dif­férents arti­cles qui vous redonneront le con­texte et les cir­con­stances de l’as­sas­si­nat de Berkin par les forces de répression.

Lorsqu’on regarde cette vidéo, et toutes celles qui ont précédé, sur le mou­ve­ment de Gezi et ses suites, on mesure les reculs imposés aux mou­ve­ments de con­tes­ta­tion, par Erdo­gan et l’ap­pareil d’E­tat turc à son ser­vice depuis.

Cette énergie qui ira jusqu’à faire vac­iller ce régime, si elle a aus­si don­né nais­sance à une oppo­si­tion démoc­ra­tique organ­isée, a pour­tant été cassée, divisée depuis 2 ans.

Le résul­tat élec­toral de juin 2015, test de pop­u­lar­ité grandeur nature du régime AKP, avait engrangé cette énergie en par­tie, et fait émerg­er le HDP.

La reprise de la guerre au Kur­dis­tan Nord, suite à l’at­ten­tat de Suruç, instru­men­tal­isé, fut une véri­ta­ble machine à bris­er et dis­pers­er cette oppo­si­tion poli­tique. Le con­texte géopoli­tique syrien et irakien, les prox­im­ités délétères avec Daech, semèrent aus­si la divi­sion dans les rangs de la contestation.

C’est autour de la défense de la « Nation turque en dan­ger », dou­blée d’une offen­sive mil­i­taire et poli­cière, en même temps qu’une main de fer mise sur tous les con­tre pou­voirs, qu’Er­do­gan parvien­dra à bris­er cette énergie et à en redis­pos­er en tenailles une par­tie entre craintes du lende­main, trouille nationale et kémal­isme tou­jours prégnant.

En ce sens, les élec­tions de novem­bre 2015, sont le deux­ième test, celui d’un recul poli­tique et pop­u­laire de l’op­po­si­tion, tout autant qu’un retour à la division.

Com­mé­mor­er la mort de Berkin, devient l’an­niver­saire d’un rap­port de forces tou­jours pos­si­ble face au régime AKP, dès lors où l’op­po­si­tion poli­tique et pop­u­laire, tou­jours présente, que ce soit sur les exi­gences de paix où les luttes envi­ron­nemen­tales, ne se divis­era plus sur les ques­tions « nationales », entre kémal­isme répub­li­cain formel et autonomie kurde.

Dans le sauve qui peut créé par le chaos Erdo­gan, et le sen­ti­ment d’a­ban­don que pro­cure le sou­tien Européen au régime, nous en sommes très loin.


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