Le 8 mars se rapproche. Les femmes ne chôment pas en Turquie, parce qu’elles ont du boulot. Beaucoup de boulot. Et ce, pendant toute l’année.
Elles n’ont pas besoin d’une date précise pour dénoncer, lutter, résister. Mais mais elles savent que le 8 mars est une occasion de plus, pour crier fort, très fort !
Depuis vendredi leurs mobilisations se multiplient, et elles se réapproprient la rue. Diffusions de tracts, confection des pancartes, et des stands qui sont ouverts déjà ce week-end en attendant la marche du 8 mars. Dans certaines villes les rues était déjà remplies le samedi 5 mars.
Au programme du 8 mars
Istanbul
Dimanche 6 mars, un “meeting de jour” se déroulera à Kadiköy, à partir de 13h. Le temps fort est prévu pour le 8 mars : la soirée de mardi sera “lumineuse” de revendications, bruyante de dénonciations, et profondément féministe.
Rendez-vous pour une « Marche de nuit » est donné pour 19h, devant le Consulat de France à Taksim. A 21h un rassemblement suivra et la nuit sera longue…
Istanbul Feminist Kolektif | Evénement facebook
Izmir
A Izmir c’est un peu plus conventionnel. La Mairie d’Izmir se dévoue pour la 7ème année, pour organiser avec ses partenaires, un festival pour le 8 mars, la « Journée mondiale des travailleuses ».
Le Festival propose du 5 au 8 mars, concerts, théâtre, conférence et débats autour des thématiques féministes. « Homme pour la femme » pour aborder la lutte des hommes pour l’égalité homme-femme, « Une démocratie sans femmes, un présent sans avenir » pour souligner la force des femmes dans le combat pour la démocratie… Une action de plantation pour arborer « la forêt du souvenir de femmes »…
Ankara
Suite à la décision d’interdiction de la Préfecture concernant la marche du 6 mars appelé par Ankara Kadın Platformu (Platforme de Femme d’Ankara), ses membres en colère ont organisé aujourd’hui une conférence de presse.
Ce n’est pas la première fois qu’une marche de 8 mars s’organise à Ankara. Cette année ce sera la 10ème édition. La préfecture avait motivé sa décision liberticide en précisant : « la parcours choisi concerne les rues interdites aux manifestations », or il s’agissait du parcours habituel pratiqué depuis dix ans.
Pour conclure, les portes paroles de la Plateforme ont appelé les femmes d’Ankara à braver l’interdiction et descendre à la rue avec leurs revendications et toutes leurs couleurs.
Certains Préfectures en trouvant divers prétextes interdisent donc “la marche des femmes”. Mais ces têtes dures, obéissent-elles aux interdictions ?
Batman
A Batman par exemple, une marche était appelée par KJA, Özgür Kadın Kongresi (Congrès de la Femme Libre) pour samedi 5 mars. Le Préfet, pas trop d’accord, a interdit la manifestation pour motif « risque pour la sécurité et la sérénité publiques, et possibilité de délits ».
Malgré l’interdiction, les femmes de Batman ont investi le terrain près du “stadium municipal du 16 mai”. Elles étaient des centaines à scander des slogans et danser le « halay ».
Sakine, Leyla et Fidan, assassinées à Paris, ainsi que Sêvê, Pakize et Fatma massacrées à Silopi accompagnaient leurs centaines de soeurs de Batman, à travers leurs photos.
Van
Le meeting prévu n’a pas été interdit à Van. Il s’est bien déroulé au Parc Musa Anter, mais sous siège policier !
Lors des fouilles à l’entrée du rassemblement, la police a voulu réquisitionner les foulards tricolores, et 6 femmes ont été mises en garde à vue au titre du « délit » de port des foulards jaune, rouge et vert…
Des étudiants, des « mères de la Paix », des élus locaux, syndicalistes étaient également dans la foule qui scandait des slogans comme “Jin jiyan azadî” (Vive la liberté des femmes).
Une minute de silence a été marquée pour celles et ceux qui ont perdu la vie dans la lutte pour la démocratie et la liberté. Le meeting a été dédié à Sêvê, Pakize et Fatma.
Le menu des interdictions sont et seront, dans ces quelques jours à venir, les mêmes, dans d’autres villes…
Diyarbakır
Les activités sont organisées par KJA pour le 8 mars. Elles se dérouleront en l’absence de deux invitées qui devaient se rendre à Diyarbakır samedi 5 mars. Il s’agit de Mireia Vehi, députée catalane de CUP (Candidatura d’Unitat Popular, Candidature d’unité populaire) et Maria Juez, une activiste de Justin Revolta.
Les deux femmes arrivées à l’aéroport d’Istanbul, ont été arrêtées par la police, mises en garde à vue pendant quelques heures, sans être autorisées à passer des appels téléphoniques. Ensuite elles ont été purement et simplement expulsées sans aucun motif.
.
La question que toutes ces femmes qui manifestent, qui revendiquent, qui luttent, se posent devant tout cela :
Ont-ils tant peur des femmes ?
Oui, ils ont peur.
Et ils ont bien raison !
Notre révolte, notre résistance s’agrandit.
Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.
Kedistan’ın tüm yayınlarını, yazar ve çevirmenlerin emeğine saygı göstererek, kaynak ve link vererek paylaşabilirisiniz. Teşekkürler.