La libération de Can Dündar et Erdem Gül, ne signifie pas l’abandon de l’acharnement d’Erdogan et du régime AKP à leur encontre. Il n’est donc pas encore temps de baisser la garde ni le soutien.
M. Erdogan, nous vous tenons pour responsable de la sécurité de Can Dündar et Erdem Gül
Reporters sans frontières (RSF) organisait mercredi matin à Istanbul la première conférence de presse de Can Dündar, directeur de la rédaction de Cumhuriyet, depuis sa libération de la prison de Silivri le vendredi 26 février après quatre-vingt-douze jours de détention.
Face à un parterre de journalistes réunis ce mercredi 2 mars à l’hôtel Elite World d’Istanbul à l’initiative de Reporters sans frontières, Can Dündar a dénoncé le « climat de peur propagé par le régime Erdogan parmi les journalistes ». « Mais nous sommes des journalistes, pas des fonctionnaires au service de l’Etat. Notre devoir, c’est d’informer le public, y compris des actes illégaux du gouvernement. Dès la première audience de notre prochain procès le 25 mars, nous allons exposer en pleine lumière les crimes de l’Etat. Nous n’allons pas nous défendre, nous allons faire le procès des crimes de l’Etat. », a‑t-il rappelé ce mercredi devant une salle comble.
Reporters sans frontières, à travers la voix de son secrétaire général, a salué le courage de la Cour constitutionnelle qui a jugé illégale la détention de Can Dündar et Erdem Gül, responsables du bureau d’Ankara de Cumhuriyet. « Oui, la pression internationale est efficace, a déclaré Christophe Deloire. Pour des millions de gens, en Turquie et ailleurs, Can Dündar symbolise désormais l’essence du journalisme ».
Alors que le président Erdogan a publiquement exprimé qu’il n’avait pas de respect pour la décision de la Cour constitutionnelle, RSF souligne le danger de ces propos. « M. Erdogan, nous vous tenons pour responsable de la sécurité de Can Dündar et Erdem Gül », a lancé Christophe Deloire. RSF a rappelé son engagement aux côtés de Can Dündar et Erdem Gül, toujours passibles de prison à vie : « Nous n’aurons pas de repos tant que les chefs d’accusation absurdes n’auront pas été abandonnés. Nous serons là, le 25 mars, pour l’ouverture du procès ».
RSF a annoncé son intention de soumettre au Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU les cas des journalistes turcs détenus abusivement.
La Turquie figure aujourd’hui à la 149e place (sur 180) du Classement 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Signez la pétition : “Can Dündar risque la prison à vie pour avoir voulu nous informer.”
Article publié par RSF — Reporters sans frontières le 2 mars 2016
President Erdogan, we hold you responsible fort their safety
Reporters Without Borders (RSF) today organized the first news conference to be given by Cumhuriyet editor Can Dündar since his release from Silivri prison on 26 February, ending 92 days in pre-trial detention.
Addressing a room packed with journalists in Istanbul’s Elite World Hotel, Dündar denounced “the climate of fear that the Erdogan regime has spread among journalists.”
“We are journalists, not functionaries working for the state,” he said. “It is our duty to provide the public with information, including information about the government’s illegal actions. Right from the very first hearing in our trial, on 25 March, we are going to fully expose the state’s crimes. We are not going to defend ourselves. We are going to put the state’s crimes on trial.”
RSF secretary-general Christophe Deloire, who also took part in the news conference, hailed the courage of Turkey’s constitutional court for ruling that the prolonged pre-trial detention of Dündar and Cumhuriyet’s Ankara bureau chief, Erdem Gül, was illegal.
“Yes, international pressure is effective,” Deloire said. “For millions of people in Turkey and elsewhere, Can Dündar now symbolizes the very essence of journalism.” Deloire also underlined the danger of President Erdogan’s public statement that he does not respect the constitutional court’s decision.
“Mr. Erdogan, we hold you responsible for the safety of Can Dündar and Erdem Gül,” he said, reiterating RSF’s commitment to stand by the two journalists, who continue to face the possibility of being sentenced to life imprisonment. “We will not rest until the absurd charges have been dropped. We will be there at the opening of the trial on 25 March.”
RSF announced its intention of submitting the cases of arbitrarily detained Turkish journalists to the UN Working Group on Arbitrary Detention.
Turkey is ranked 149th out of 180 countries in RSF’s 2015 World Press Index.
Sign the petition: “Can Dündar faces life imprisonment for wanting to inform us”.