Erdo­gan devra ren­dre compte un jour de tous ces crimes com­mis sous ordre par les forces de répres­sions et les mil­ices au Kur­dis­tan Nord, crimes dont ce témoignage par­mi d’autres l’accable.

Même si l’heure n’est pas à met­tre en avant le Tri­bunal Pénal Inter­na­tion­al, mais plutôt aux arrange­ments et com­pro­mis de toutes natures, en piéti­nant toutes les con­ven­tions, tous les traités, toutes les lois, on peut affirmer que pour­tant les crimes finis­sent par trou­ver une jus­tice dans l’histoire.

Qui pou­vait penser, en pleine deux­ième guerre mon­di­ale, que Nurem­berg se tiendrait ? Qui aurait par­ié sur la mise en place d’un Tri­bunal Inter­na­tion­al pour l’ex Yougoslavie ou le Rwan­da, plus proche de nous ? Qui peut croire que ce nation­al­isme turque mât­iné de remu­gles géno­cidaires, venus d’un refoulé arménien dur­era encore un siè­cle ? Quand cessera-t-on de met­tre sur le compte d’une “malé­dic­tion his­torique en Mésopotamie” le mar­tyre de Peu­ples au Moyen Ori­ent, dont le Peu­ple kurde ?

Cer­tains de ces crimes seront lavés “dans le sang”, sans doute, avant que de par­venir devant une jus­tice humaine. Mais qui pour­rait en blâmer la jeunesse d’un Peu­ple qui les subit ?

Pour beau­coup d’autres crimes com­mis con­tre l’hu­man­ité, livres, films, témoignages, ont fini tou­jours par faire revenir l’hu­man­ité sur le devant. Alors que l’in­ter­net et les réseaux soci­aux ont une force de frappe mon­di­ale aujour­d’hui, dés­espér­er du fait qu’une jus­tice se fraie son chemin par­mi les trahisons des gou­ver­nants et des politi­ciens serait faire le choix défini­tif  de la bar­barie pour le futur.

C’est aus­si parce qu’à Kedis­tan , nous refu­sons cette équa­tion funeste, que nous con­tin­uons à dif­fuser, faire dif­fuser et com­menter. Et comme nous sommes loin d’être les seuls, nous res­terons debout.

” La jus­tice vien­dra sur nos pas tri­om­phants”, c’est un extrait de l’af­fiche rouge.

Regarder cette vidéo en se dis­ant qu’un Peu­ple debout sous la bar­barie trou­ve pour­tant les ressources pour sur­vivre, et penser à revivre demain, c’est pou­voir croire dans les paroles d’hi­er d’un de ses représentants :

Une com­mis­sion de Droit spé­ciale pré­pare un dossier. Aujourd’hui cela peut être impos­si­ble mais dans peu de temps nous allons punir ces crimes con­tre l’humanité au Tri­bunal Inter­na­tion­al. Il n’y a pas de pre­scrip­tion pour ces crimes con­tre l’humanité”.

Vidéo reportage du jour­nal­iste Fatih Pınar qui s’est ren­du à Cizre, après la lev­ée du couvre-feu.

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(Ver­sion sous titrée anglais / with eng­lish sub­ti­tles : Cizre After 79 Days of Cur­few)

Tra­duc­tion :

00:15
Après le cou­vre-feu mis en place le 14 décem­bre 2015, Cizre…

00:40
La petite fille : Ca c’est notre mai­son. Ils nous ont détru­it notre mai­son. Nous sommes allés à Silopi. Nous sommes restés sans argent. Nous n’avions apporté aucun vête­ment. Main­tenant nous sommes sans rien. Nous ne savons pas ce que nous allons faire.

01:15
Le groupe : Con­doléances. Que le Dieu vous donne patience. Ton père était un homme pré­cieux, tu peux être fier.

01:27
Le jeune homme : Il nous a infor­mé. 60 per­son­nes ont été brûlées. Nous n’avons pas cru au début. Nous avons don­né des échan­til­lons d’ADN.

01:30
La jeune femme : Ce n’est pas une, nous avons per­du plusieurs vies. Tous ces jeunes et tout, ils étaient tous PKK ? Ils étaient tous PKK ? Les bébés, nou­veaux nés, étaient PKK ? Si c’était des PKK, je suis PKK. A par­tir de main­tenant, moi je suis PKK. Qu’ils vien­nent [l’Etat, l’armée].

01:45
Le jeune homme : Nous sommes allées voir. 5 kg d’os et de chair. Je ne sais pas. Nous n’avons pas com­pris. Ils nous a dit, tenez c’est ton père.

01:59
La jeune femme : En plus, ils sont mort brûlés ces gens. Quelle con­science peut sup­port­er ça ? Qui peut le sup­port­er ? Moi je ne peux pas supporter.

02:06
L’homme : Ils ont démon­té là.
Voix de femme : Ils ont démon­té exprès.
Figen Yük­sekdag (Co prési­dente HDP) : Mes ami(e)s, ici, c’est l’endroit où une résis­tante a été mas­sacrée et dont le corps a été exposé, toute nue.

02:23
Femme : Viens filmer notre mai­son. Ils n’ont rien laissé.

02:41
L’homme à Figen : Pourquoi vous nous avez lais­sés tomber. Seule­ment notre député Faysal Sarıyıldız nous a soutenus.

02:49
Une femme pleure et hurle : Les jeunes sont morts pour rien ! Ils ont enter­ré tant de jeunes !

02:55
L’homme à Figen : Pourquoi vous n’êtes pas venus ce jour là. Vous avez don­né l’adresse et ils les ont tués là-bas. Le savez-vous ?

02:06
Le femme : Les coeurs des mères sont brûlés pour rien…. pour rien !

03:12
La jeune femme : Nos vies sont per­dues. Nos biens aus­si. Mais nous ne sommes pas abat­tus. Nous sommes encore ici. Nous ne par­tons nulle part. Nous ne pou­vons pas. Parce que nous sommes d’ici.

03:34
L’homme dans la mai­son : Nous sommes par­tis, et quand nous sommes revenus, la mai­son était dans cet état là. que voulez-vous que je dise, il ne reste plus rien. 
Ils ont brûlé l’immeuble de sept étages. com­ment peut-on faire ça à son concitoyen ?

4:27
Un autre homme : Le cou­vre-feu est déclaré. Ils ont dit que la sécu­rité de vie et de bien des citoyens est assurée et après on revient, nous sommes dans cet état…
Ici, c’est notre cui­sine. Il y a trois apparte­ments, et ils ont mis tout dans cet état.

04:46
Tags sur les murs :

- Alperen­ler 58 [prob­a­ble­ment le vil­lage de celui qui tague] à Cizre. Le courageux de Sivas. [c’est donc est une sig­na­ture de passage]

- Où êtes-vous les filles d’Apo ? [Apo : Abdul­lah Öcalan. Ajouter un « ş » au nom, une con­so­nance homo­sex­uelle péjo­ra­tive. “Les filles” con­cerne les com­bat­tants égale­ment, pas spé­ciale­ment les com­bat­tantes. Tag par­ti­c­ulière­ment homo­phobe. Signé :] Memo le chauve du 03.

- Sur le même mur, plusieurs tags :

  • Les mar­tyrs kur­des bar­rés de croix.
  • Nous sommes venus, vous n’êtes pas là.
  • TC [République turque]
  • JÖH et PÖH [abrévi­a­tions des Forces Spé­ciales de la gen­darmerie et de la police].
  • Ils sont morts les clébards.

Traduit par Kedistan
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