Une série d’ini­tia­tives de rassem­ble­ments de mass­es a été lancée par l’op­po­si­tion démoc­ra­tique à l’Est de la Turquie (Kur­dis­tan Nord). Ces rassem­ble­ments ont un seul objec­tif, libér­er Sur de son mar­tyre.

Cer­tains de ces rassem­ble­ments de ces jours derniers ont été réprimés, en marge des man­i­fes­ta­tions, d’autres directe­ment dis­per­sés, dans des quartiers où seules quelques cen­taines de per­son­nes se retrouvaient.

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Dans la ville de Mersin, Sela­hat­tin Demir­tas (HDP) a tenu un dis­cours devant des dizaines de mil­liers de per­son­nes et a appelé à faire taire les armes.

Il a dénon­cé le prési­dent Erdo­gan en le qual­i­fi­ant de  “prési­dent le plus rétro­gade et le plus meur­tri­er de Turquie”, et s’est adressé directe­ment à lui directe­ment en faisant scan­der par la foule : “Nous résis­terons face à ton fas­cisme. C’est notre choix. Partout nous nous sommes opposés à la guerre.”

Une nou­velle grande marche “con­ver­gente” est organ­isée prin­ci­pale­ment à l’ap­pel du HDP pour bris­er le siège d’Amed/Sur. Elle aura lieu le mer­cre­di 2 mars dans l’après midi.

Tous les habi­tants de la cap­i­tale du Kur­dis­tan Nord,  seront invités à stop­per leurs activ­ités et à se diriger vers le cœur his­torique de la ville, Sur, assiégé par l’ar­mée turque depuis près de 3 mois.

Après les mou­ve­ments d’u­ni­ver­si­taires pour la Paix, les sig­na­tures, les pris­es de posi­tions d’in­tel­lectuels, les mobil­i­sa­tions partout de la dias­po­ra kurde de par le monde, suite aux mas­sacres à Cizîr, l’acharne­ment crim­inel du gou­verne­ment AKP ne faib­lit pas. Les sièges, les enfer­me­ments, les meurtres con­tin­u­ent, en même temps que les rassem­ble­ments sont vio­lem­ment dispersés.

C’est donc une nou­velle épreuve de forces “civile” qui s’an­nonce pour mercredi.

Com­prenons bien les choses. Si les pop­u­la­tions en sont réduites à ces épreuves, c’est parce qu’elles sont lais­sées dra­ma­tique­ment seules et isolées à l’in­ter­na­tion­al, et par­ti­c­ulière­ment en Europe. La divi­sion et orchestrée par le régime AKP, et la ter­reur  pour l’op­po­si­tion démoc­ra­tique dans le reste de la Turquie, tout comme la paralysie des soci­aux kémal­istes, surtout depuis l’ex­plo­sion d’Ankara, finis­sent de créer un gouf­fre dans le soutien.

Les mobil­i­sa­tions con­tre le régime Erdo­gan ne man­quent pour­tant pas, et par exem­ple sur des ques­tions de remise en cause de milieux de vie, par des opéra­tions affairistes destruc­tri­ces d’en­vi­ron­nement. Ailleurs, il s’ag­it de luttes ouvrières, con­tre un patronat pro AKP… Mais, cette “ques­tion kurde”, inter­prétée comme ques­tion nationale qui “divis­erait la République turque” ne fait pas l’ob­jet de con­ver­gences anti Erdo­gan. Impos­er la Paix appar­tient donc aux Kur­des eux mêmes, et aux forces d’op­po­si­tion démoc­ra­tiques qu’ils fédèrent.

Enfin, Erdo­gan joue sur du velours, lorsqu’il con­tin­ue à exercer son chan­tage sur les réfugiés syriens, tout comme sa men­ace de ne pas respecter le cessez le feu en Syrie con­tre les Kurdes.

Il ne s’est d’ailleurs pas gêné pour laiss­er s’in­fil­tr­er plusieurs cen­taines de com­bat­tants en prove­nance de bases arrières en Turquie, dont les prox­im­ités avec Daech sont prou­vées, depuis que les YPG les ont abat­tus ces derniers jours, et ont exibé leurs équipements et arme­ments. Tout cela dans le plus grand silence des gou­verne­ments européens.

Si ces rassem­ble­ments ne parvi­en­nent pas à desser­rer l’éteau, on peut crain­dre qu’Er­do­gan se sente autorisé à com­met­tre de nou­veaux mas­sacres, avec la béné­dic­tion de fait de ses alliés européens…

Ici en France, des ini­tia­tives de sou­tien s’or­gan­isent en mars dans dif­férentes villes, comme cer­taines ont eu lieu en févri­er


Voici la tra­duc­tion du com­mu­niqué pub­lié le 1er mars (aujour­d’hui)

Halte aux mas­sacres a Sur…
290 citoyens, dont on a pu déter­min­er l’i­den­tité, ont per­du la vie dans 21 quartiers de 7 villes Kur­des dans lesquelles avaient été imposés 58 cou­vre-feux. Le cou­vre-feu et le blo­cus dans le quarti­er de Sur, déclarés par la pré­fec­ture de Diyarbakır sans aucune légitim­ité con­sti­tu­tion­nelle le 2 décem­bre 2015, est entré en vigueur depuis déjà 91 jours. Vingt-qua­tre citoyens de Sur ont déjà per­du la vie au cours de ce cou­vre-feu. Ce nom­bre ne con­cerne que ceux qui ont pu être identifiés.
Sur fut pen­dant très longtemps le cen­tre cul­turel, social, économique et his­torique de la ville de Diyarbakır (Amed). Le cou­vre-feu imposé dans cet arrondisse­ment n’est rien de moins qu’un siège armé, et est un viol ouvert des lib­ertés et des droits fon­da­men­taux accordés par la Con­sti­tu­tion, y com­pris le droit à la vie, à la san­té, à l’é­d­u­ca­tion et au déplace­ment. L’É­tat a en effet fail­li dans son rôle de défenseur de ces droit fon­da­men­taux. La vie économique, sociale et cul­turelle de Sur est inter­rompue. Il n’y a ni élec­tric­ité, ni eau, aux domi­ciles et les besoins pri­maires comme phar­ma­cies et boulan­geries sont inac­ces­si­bles. Dans ces cir­con­stances alar­mantes – et sous le regard du monde entier– les enfants, les femmes et les per­son­nes âgées per­dent leurs vies un par un. Les forces de l’or­dre, avec l’ap­pui de groupes para­mil­i­taires, détru­isent des sites cul­turels et les lieux de cultes classés pat­ri­moine de l’hu­man­ité. En effet, tanks et tirs d’ar­tillerie ont endom­magé les rem­parts extérieurs de Diyarbakır, un bien classé pat­ri­moine mon­di­al de l’UNESCO. La mosquée Kurşunlu (vieille de 500 ans), la mosquée his­torique d’Hasır­lı, l’église Sainte Marie (1700 ans), l’église his­torique Surp Gira­gos, et des églis­es protes­tantes sont par­mi les nom­breux sites his­toriques détru­its ou ren­du inutil­is­ables par les forces armées.
178 cadavres ont été récupérés dans l’ar­rondisse­ment Cizre de la ville de Sir­nak dans ce que cer­tains ont qual­i­fié de “caves de l’hor­reur” où de nom­breux cadavres étaient main­tenus, à cause du siège, dans le secteur. Les mem­bres des familles qui ont eu accès aux corps de leurs proches dis­ent que ceux-ci sont brûlés au point de ne plus être recon­naiss­ables. De plus, de nom­breux cadavres ont été envoyés vers d’autres villes de Turquie pour des autop­sies, ce qui aug­mente la souf­france des familles en deuil qui n’ont pas eu le droit de voir leurs proches.
Nous exp­ri­mons donc la néces­sité immé­di­ate de met­tre fin au siège de Sur pour que des atroc­ités sim­i­laires ne s’y pro­duise pas. Le cou­vre-feu à Sur doit être levé immé­di­ate­ment pour éviter une cat­a­stro­phe sim­i­laire au Mas­sacre de Cizre, qui, en toute cru­auté, s’est déroulé sous les yeux indif­férents du monde entier. Le blo­cus mil­i­taire doit être levé pour que ces citoyens en dan­ger de mort puis­sent être évac­ués. Tout ce qui se déroule à Sur actuelle­ment et le dan­ger qui y per­siste con­cer­nent toute l’humanité.
C’est une cause que tout acteur inter­na­tion­al, tout poli­tique devrait pren­dre à cœur à fin de garan­tir la sta­bil­ité au sein de la Turquie et de la région. Compte tenu des événe­ments en Turquie, pren­dre posi­tion pour la lib­erté, la paix, et la démoc­ra­tie est devenu primordial.
Nous appelons donc toutes insti­tu­tions et mou­ve­ments démoc­ra­tiques nationaux et inter­na­tionaux à exprimer leurs réac­tions con­tre la crise actuelle à Sur, et à agir en sol­i­dar­ité, avec leurs peuples.
Co-Prési­dente d’HDP Co-Prési­dent d’HDP
Figen Yük­sek­dağ Sela­hat­tin Demirtaş
1 mars 2016


Traduit par Kedistan
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