Hors quelques reportages vidéos, il n’est pas simple de se faire une idée du quotidien d’unE combattantE des YPG-YPJ au Rojava. Lorsqu’il s’agit de volontaires étrangers, ces reportages prennent parfois des tournures incongrues, dérivant vers la fascination des armes.
Par ailleurs, il est bien évident que des informations d’ordre purement militaires ne peuvent faire l’objet de publications tous azimuths.
Là, des “volontaires internationalistes” nous ont proposé de diffuser leurs notes personnelles prises au jour le jour. Nous avons accepté, tout en sachant qu’il nous était impossible de vérifier ces informations. Nous vous livrerons donc de façon brute “une chronique de guerre au Rojava”.
Kedistan se fera donc un simple vecteur de publication de ces notes, respectant la subjectivité et le style de leurs auteurs.
du 21 février 2016 au 25 février 2016
Les journées se déroulent au rythme de l’instruction. Le point de focalisation reste l’apprentissage du kurde. Ce n’est pas très compliqué mais c’est le temps qui nous manque par rapport à la masse à apprendre et la crainte que si notre niveau n’est pas suffisant nous soyons relégués à des tâches secondaires dans les tabours. Concernant les autres modules : armement, tirs tactique, nous avons passé haut la main.
Comme je l’ai déjà dit, les YPG-YPJ ne prennent pas de risque concernant les volontaires étrangers qui les rejoignent. Tous les ordres sont donnés en kurde et il n’est pas dans leur mentalité d’envoyer quelqu’un à la boucherie. Le concept de “chair à canon” n’existe pas ici.
Pour la journée du 21 février, il nous reste trois modules de combat à voir et normalement nous avons fini la session de cette instruction de base. Il est probable que nous restions un peu plus si nous le désirons pour continuer à apprendre la langue. J’ai réussi à convaincre Pitt Bull de ne pas se rendre directement par la suite dans le tabour « internationale ». Outre qu’il ne connait pas un mot d’anglais, tout comme moi son kurde n’est pas à niveau. Nous avons à l’idée à l’issue de nous rendre à Qamislo pour quelques jours. J’aimerai y voir les projets « civils » qui sont en route dont la formation d’infirmiers et d’infirmières par une volontaire allemande. De même depuis cette année les écoles ont à nouveau ouvert leurs portes.
Le 23 février : Nos amis suisse partent demain. Ils rejoignent Qamislo pour quatre jours, ensuite un tabour au front qui est au combat, la maîtrise de la langue les a grandement aidé, je pense en sus d’un excellent état d’esprit.
Il y a deux fronts majeurs pour l’instant. Les YPG-YPJ ont récupéré la ville de Sechde (frontière avec l’Irak), un volontaire allemand est mort durant les combats éliminé par un sniper de DAECH semble-t-il sur les informations que nous avons reçue. DAECH se voit maintenant privé de sa route logistique entre Kobané, Mossoul et Raqqa. Si la ville est effectivement entre nos mains, elle n’est pas entièrement sécurisée compte tenu des raids à la voiture suicide des barbus et des pièges innombrables qu’ils ont laissé sur l’ensemble de la cité et aux abords.
Hier un français vivant en Angleterre et dont c’est le deuxième séjour ainsi qu’un américain sont arrivés. Le français s’en va également demain pour son tabour. Le yankee débute sa formation et donc recolle à notre binôme jusqu’à la fin de notre cycle.
Il a plu toute la journée ce 24 février impossible d’avoir une activité quelconque à l’extérieur sans être trempé et avoir un kilo de boue argileuse collé à chaque semelle de chaussure. Les formateurs nous ont donné la journée de libre ce qui m’a permis d’étudier un peu de kurde et de vous faire un post sur le Tekmil.
Nous avons également appris que Pitt Bull et moi seront envoyés dans un tabour kurde au front où il y a deux ex légionnaires qui sont là depuis plusieurs mois et qui se débrouillent très bien en kurde. Il semblerait qu’au total nous soyons huit “légionnaires” à avoir gagné le Rojava et nous ferions partie de la dizaine de français présents en ce moment.
J’ai demandé qu’avant de partir nous puissions nous rendre quelques jours à Qamislo. A priori ce serait accepté.
25 février : Avant dernier jour pour nous de formation. L’américain (soit disant aurait fait deux ans chez Tsahal) n’a pas pu suivre notre rythme et a déclaré forfait. Difficile effectivement quand on ne sait ni faire des pompes, courir, marcher en formation tactique et qu’on pleure sa maman pour une ampoule au pied de se sentir serein au milieu de formateurs qui pour certains ont fait Kobanê pendant six mois dont trois mois intensifs. Pour la petite histoire les YPG-YPJ ont perdu 1000 des leurs pour défendre la ville mettant 17000 barbus au tapis. Bref, si vous n’avez pas le mental et êtes prêt au sacrifice au cas où, il vaut mieux rester à la maison. C’est le deuxième rigolo que l’on voit ici. Tous les deux yankees, jeunes (vingt et un ans) et un tantinet paumés, ils errent dans le camp dans l’attente d’un retour chez eux.
C.C.