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La violence meurtrière des troupes et forces de police de l’Etat turc se déchaîne de plus belle, après les massacres de Cizre, et les prises de paroles multiples des responsables gouvernementaux sur la Turquie “libre de répondre à la terreur” “partout où cela sera nécessaire”, effectuées après l’explosion d’Ankara.
Le gouvernement AKP a saisi au vol l’occasion à la fois de se voir “soutenu dans l’épreuve” par les gouvernements européens, et renforcé dans sa “détermination” par une revendication kurde. Il n’avait pas besoin de cela, mais la façade “défense et représailles face à l’attaque” est en place, tant à l’extérieur, où “attentat=PKK” a fait le tour du monde, les agences ne se posant guère de questions sur leurs copier collés, qu’à l’intérieur, via médias censurés ou aux ordres.
Ainsi, Erdoğan instrumentalisa en son temps l’attentat de Suruç pour rompre le “processus de négociations” et amplifier sa guerre contre les civils au Kurdistan Nord. Et quand bien même il n’avait pas besoin de cela, le prétexte lui permit une offensive tous azimuths, pour créer un état de choc et de sidération propice à museler la presse et redéployer la répression. Cela devient une habitude de gouvernement, et on ne s’étonnera pas donc qu’il fasse de même avec Ankara.
Pour le Kurdistan syrien, Erdoğan se heurte à un risque de déflagration que n’assument pas encore les puissances internationales dans la région. Il s’est donc contenté de frappes, et de “faciliter” le retour de djihadistes par centaines via sa frontière, afin qu’ils rejoignent la région d’Azaz, contre les combattants du Rojava, en attente de décisions sur une incursion militaire “au sol” (déclaration et menaces communes avec l’Arabie Saoudite).
Pour le Kurdistan Nord, après les massacres de Cizîr, qui ont fait des vagues à l’international, s’ouvre une nouvelle opportunité, là encore sur fond de sidération de l’opinion publique turque, pour reprendre le “nettoyage” avec l’alibi de la “défense légitime”. C’est chose faite depuis ces jours derniers, avec sans doute là encore des troupes, mercenaires et supplétifs policiers, galvanisés par la “vengeance” qui s’ajoute à leur ultra nationalisme génocidaire.
Dans ces conditions, parler de Paix est dérisoire, et pourtant indispensable, mais nous risquons bien de ne pouvoir que constater que les lignes d’auto défense des quartiers peuvent être massacrées une à une, civils et combattants confondus, dans un grand silence international et un concert médiatique de la presse aux ordres en Turquie sur le thème “victoires contre le PKK et la terreur”.
Parmi les brèves de la presse turque non censurée à propos des quartiers de Sur :
Des explosions ont eu lieu dans le quartier. La communication avec des civils pris au piège dans les sous sols a été à nouveau coupée. Des hélicoptères survolent le quartier et l’armée poursuit son déploiement d’armes lourdes. La police filtre rigoureusement l’entrée du quartier ou pourtant certains résidents sont de retour dans leurs maisons.
Le quartier peut devenir le prochain Cizre. Toutes les conditions sont réunies côté forces de répression pour un prochain “nettoyage”. En plus des tirs d’artillerie, de chars, les forces de l’État annoncent un bombardement aérien posible du district.
Sibel Yigitalp, député du HDP d’Amed, qui avait joint un des blessés piégés à Sur, a déclaré lui aussi que les forces gouvernementales ont fait des annonces de frappes aériennes. Des avions de combat turcs ont déjà survolé le district en reconnaissance ces jours derniers.
Yigitalp a également parlé avec le gouverneur d’Amed (Diyarbakır). Celui-ci, comme pour Cizîr, a expliqué que la demande d’évacuation des blessés était compliquée en raison de leur nombre élevé et de la destruction de bâtiments et de “combats” empêchant la sortie rapide des civils de Sur.
Nusaybin, de son côté, s’attend aussi au pire. Mêmes préparatifs, mêmes conditions, bien que la présence de “délégations” et de quelques correspondants de presse (dont certainEs misEs en garde à vue) freine un peu les forces de répression à ce jour.
Le député du HDP, Hişyar Özsoy a publié une déclaration publique sur les récents développements dans les zones dites “sous loi martiale et blocus” en mettant l’accent en particulier sur le quartier de Sur . Özsoy appelle l’opinion publique internationale à prendre des mesures afin que Sur ne se transforme pas en un autre Cizre, où plus de 250 personnes ont été tuées jusqu’à présent, dont beaucoup d’entre elles brûlées vives dans des caves :
“Le couvre-feu que le gouvernement AKP a déclaré dans les provinces kurdes de la Turquie depuis le 16 Août 2015, continue d’accentuer la situation d’urgence qui porte atteinte aux droits fondamentaux et aux libertés dans la région, y compris le droit de vivre et à la sécurité personnelle .
A ce jour, les couvre-feux ont été effectifs dans sept provinces et vingt districts pour un total de 395 jours. Cette politique de couvre-feu viole directement et clairement des dispositions impératives de la Constitution de la République de Turquie ainsi que les principes de base du droit international humanitaire, d’abord et avant tout, les dispositions de la Convention de Genève pour la protection des civils en temps de guerre et dans les zones de conflit.
Le dernier et plus destructeur exemple de violences et des menaces de massacres systématiques en vertu de la règle de couvre-feu se sont produits dans la ville de Cizre, dans la province de Şırnak, sous les yeux indifférents du monde entier : au moins 165 civils qui avaient trouvé refuge dans les sous-sols de bâtiments résidentiels au beau milieu des opérations militaires ont été bombardées à mort par les forces de sécurité.
Alors que le gouvernement AKP continue de se décharger de sa responsabilité de rendre des comptes sur l’essentiel des massacres de civils à Cizre, au-delà du cliché de la «lutte contre le terrorisme,” nous sommes, une fois de plus, terrifiés par les nouvelles qui nous parviennent récemment du quartier Sur de Diyarbakır, sous couvre-feu depuis 78 derniers jours, depuis le 11 Décembre 2015.
Selon des sources locales et la presse, à compter du 18 Février 2016, environ 200 personnes, y compris des enfants et des personnes blessées, sont restées prises au piège dans les sous-sols de bâtiments résidentiels, où des affrontements armés ont eu lieu.
Ces deux derniers jours des responsables élus et des membres du parlement ont tenté de communiquer avec les représentants du gouvernement, exigeant une enquête officielle et l’ouverture d’un couloir de sécurité humanitaire pour le transfert des civils pris au piège.
Pourtant, tous nos efforts et demandes sont restés sans réponse. Nous sommes extrêmement préoccupés par la possibilité que le massacre à Cizre puisse se répéter à Sur.
Dans ces circonstances, nous sommes également préoccupés par le silence continu de l’opinion publique internationale contre les violences et les massacres dans les villes kurdes.Alors que les attaques militaires contre les civils pris au piège étaient en cours à Cizre, nous avions dit que l’opinion publique internationale par son silence et son indifférence aidait au renforcement du gouvernement AKP et des forces de sécurité dans leurs pratiques illégales et inhumaines dans les villes kurdes.
Si la communauté internationale avait soulevé une voix puissante pour la protection de la vie et de la sécurité des civils pris au piège à Cizre, des centaines de cadavres ne seraient pas récupérés dans les ruines de Cizre aujourd’hui.
Or, suite à une tragédie semblable possible dans le quartier de Sur, nous lançons un appel à la communauté internationale une fois de plus . Nous faisons appel à toutes les institutions internationales, aux organisations humanitaires et aux militants afin qu’elles se rapprochent du gouvernement turc sans aucun délai pour la fin du couvre-feu et la violence d’Etat dans les villes kurdes , et en particulier pour la protection de la vie des civils pris au piège à l’intérieur des sous-sols à Sur. .
Demain, il sera trop tard à Sur !Hişyar Ozsoy Vice Co ‑président du HDP en charge des Affaires étrangères
Urgent Call: Don’t let tomorrow be too late for Sur!
The indefinite, round-the-clock curfews that the AKP government has declared in Turkey’s Kurdish provinces since August 16, 2015 continue to deepen the emergency situation that undermines basic human rights and freedoms in the region, including the right to live and personal safety. As of today, curfews have been effective in seven provinces and twenty counties for a total of 395 days. This curfew policy directly and clearly violates imperative provisions of the Constitution of the Republic of Turkey as well as basic principles of international humanitarian law, first and foremost the provisions of Geneva Convention for the protection of civilians in war and conflict zones. The last and most destructive example of systematic violence and massacre threats under the curfew rule occurred in the town of Cizre, Şırnak province, before the eyes of indifferent Turkish and international publics: at least 165 civilians who had taken refuge in the basements of residential buildings amidst military operations were bombarded to death by Turkish security forces.
Whereas the AKP government continues to absolve itself of the responsibility to account for the basics of the civilian massacre in Cizre beyond the cliché of “fighting terror,” we are, once again, terrified by the news that most recently came from Sur district of Diyarbakır, which has been under curfew for the last 78 days, since December 11, 2015. According to local sources and the press, as of February 18th, around 200 people, including children and injured individuals, remain trapped in the basements of residential buildings in Sur district, where armed clashes have been taking place. For the last two days our party officials and members of the parliament have been trying to communicate with the government representatives, demanding official investigation of these claims and the opening of a safe corridor for the transfer of trapped civilians. Yet, all our efforts and demands remain unanswered. We are extremely concerned about the possibility that the massacre in Cizre may be repeated in Sur.
Under these circumstances, we are further concerned about the ongoing silence of the international public against the violence and massacres in Kurdish cities. As the military attacks against the trapped civilians were going on in Cizre, we had told the international public that their silence and indifference was bolstering the AKP government and its security forces in their unlawful and inhumane practices in Kurdish cities. Had the international public raised a powerful voice for the protection of the lives and safety of the trapped civilians in Cizre, perhaps we would not have had hundreds of dead bodies retrieved from beneath the ruins of Cizre today.
Now at the wake of a similar possible tragedy to take place in the Sur district, we are appealing to the international community once again. We are calling on all international institutions, humanitarian organizations and activists to take urgent responsibility and approach the Turkish government without any delay for the termination of curfews and state violence in Kurdish cities, and particularly for the protection of the lives of the civilians that are trapped inside the basements in Sur.
Don’t let tomorrow be too late for Sur!
Hişyar ÖZSOY Vice Co-chair of HDP in Charge of Foreign Affairs
La députée socialiste Kati Piri ” [ une eurodéputée néerlandaise, rapporteure sur la Turquie] “a perdu sa neutralité sur les questions turques” et travaille de manière “partiale”, a déclaré le ministre aux Affaires européennes, Volkan Bokzir, dans un communiqué.
Sur sa page Facebook, Kati Piri a partagé ses impressions après une visite vendredi dans la ville de Diyarbakır “Les actions des forces de sécurité sont fréquemment dures et sans pitié. Cela rend la vie dans ces régions impossible”, affirme-t-elle. Elle fait aussi état de “graves violations des droits de l’Homme” et du “désespoir croissant de nombreuses personnes”. La parlementaire appelle à un arrêt des hostilités dans ce qu’elle qualifie de “guerre civile sanglante en Turquie”. En retour M. Bokzır lui reproche de n’avoir “décrit à aucun endroit de ce texte (le PKK) comme une organisation terroriste”, alors qu’il est considéré comme telle par Ankara et par l’UE.
Alors, si témoignages, relais d’informations, manifestations encore, peuvent servir à stopper cette escalade, témoignons, mobilisons !
Certains “reportages” ici, présentent certes la réalité, mais en renvoyant quasi dos à dos les “combattants”, présentant les civils comme quasi “otages” d’une situation dont on se garde bien de donner les clés de compréhension. Alors, si ces “témoignages” sont mieux que le silence, ils ne disent rien sur les “objectifs” du gouvernement AKP, et renforcent la thèse des “combattants du PKK qui pourrissent la vie de la région” et “amènent la guerre”.