Le gou­verne­ment truc déclare les YPG respon­s­ables de l’attentat d’Ankara du 17 févri­er, qui a fait 28 morts et 61 blessés.

Erdo­gan s’est égale­ment exprimé solen­nelle­ment en affir­mant que l’assaillant est bel et bien un mem­bre de PKK et PYD, et qu’il n’acceptera jamais les thès­es qui con­trediront ou con­tre­dis­ent déjà ceci.

« Nous voyons que l’affaire prend des dimen­sions inter­na­tionales. Bien que le PKK et le PYD déclar­ent qu’ils ne sont pas liés à l’attentat. Les infor­ma­tions obtenues par nos ser­vices de ren­seigne­ments ont mis leurs liens, claire­ment à jour » 

« Cette affaire, servi­ra à faire mieux com­pren­dre à nos amis de la sphère inter­na­tionale à qui nous avons répété jusqu’à aujourd’hui, sans pou­voir les con­va­in­cre que le PYD et YPG sont liés étroite­ment au PKK. Nous avons avancé cela avec des preuves. Mais les peu­ples du monde accepteront un jour notre thèse légitime et deman­dera des comptes aux autres [il veut dire les organ­i­sa­tions précé­dentes] devant l’Histoire. »

Davu­to­glu a enchaîné aussitôt :

« L’identité de ceux qui ont com­mis l’attentat est claire­ment mise à jour. Il s’est avéré d’une façon absolue que l’attentat a été com­mis par une per­son­ne mem­bre du YPG qui s’est infil­trée de Syrie et des mem­bres d’organisation ter­ror­iste et séparatiste [il veut dire PKK, mais il ne nomme jamais l’organisation]. Le lien direct de l’attentat avec le YPG est prouvé. »

« L’attaque sui­cide a été effec­tuée par l’individu Sal­ih Nec­tar, né en 1992, à Amu­da en Syrie. Grâce au tra­vail de nos organ­i­sa­tions de ren­seigne­ments et de sécu­rité, neuf per­son­nes ont été mis­es en garde à vue. L’enquête con­tin­ue plus profondément. »

« Nous espérons que nos alliés vont enfin voir que le YPG est la con­ti­nu­ité de l’organisation ter­ror­iste [tou­jours PKK]. Il n’est pas ques­tion que nous excu­sons ceux qui con­sid­èrent ‘inno­cente’ l’organisation ter­ror­iste qui men­ace notre peu­ple. Nous allons con­tin­uer à frap­per les posi­tions YPG »

L’attentat d’Ankara : d’autres sons de cloches…

Le PKK n’a pas revendiqué l’attentat et a souligné qu’il peut être “une réac­tion aux mas­sacres”, mais pas de son fait.

Le PYD de son côté a déclaré que le YPG, leur force com­bat­tante, n’a aucun lien avec l’attentat. Le leader du PYD Sal­ih Mus­lim, a par­lé à Reuters et a déclaré ce matin, « Je vous assure que pas une seule balle n’a été tirée vers la Turquie de la part de YPG. Le YPG ne con­sid­ère la pas la Turquie comme son ennemi. »

Le YPG à son tour, a appuyé les pro­pos de Sal­ih Mus­lim, et déclaré « Davu­to­glu essaye de pré­par­er le ter­rain pour les attaques éventuelles qui cibleront le Rojava. »

Quant à la Mai­son Blanche, elle a dénon­cé l’attentat et a annon­cé par la bouche de Ben Rhodes, un de ses con­seillers à la sécu­rité : « Nous n’avons pas pu définir encore qui sont les respon­s­ables de cet acte. » Le con­seiller a exprimé égale­ment que lors de toutes les com­mu­ni­ca­tions avec le YPG et d’autres organ­i­sa­tions kur­des, la Mai­son Blanche a souligné l’importance de l’alliance et que la seule men­ace sur laque­lle il fal­lait se focalis­er était Daech.

Le député d’Istanbul du CHP (kémal­istes) Eren Erdem avance la thèse que selon un rap­port des ser­vices de ren­seigne­ments, il y avait des infor­ma­tions sur d’éventuelles infil­tra­tions des mem­bres de PYD en Turquie. Ce rap­port ayant été  établi 17 jours avant l’attentat, il pose la question :

« Pourquoi alors aucune pré­cau­tion n’a été prise ? Après ils vont dire qu’il n’y a pas de faille de sécu­rité. Il faut avouer la réal­ité : les ren­seigne­ments n’ont plus le temps de pro­téger le pays, à force de s’occuper de sur­veiller l’opposition. »

Murat Yetkin pub­lie une chronique dans le jour­nal Radikal, et avance, en s’appuyant sur ‘des sources dont il ne peut pas révéler l’identité’ que l’assaillant serait une per­son­ne liée aux ren­seigne­ments mil­i­taires syriens et proche de la famille Bachar. « Si l’identité révélée est véridique, la famille Nec­car, est liée à Al-Amn al-Askari , les ren­seigne­ments mil­i­taires du régime Baas, dirigés comme on sait  par Bachar el-Assad . » Il ajoute que d’après ses sources la cible pre­miere de cet atten­tat serait Le Siège de l’Armée de l’air qui se trou­vait à 300 mètres du lieu de l’explosion.

On con­state à l’év­i­dence, que la cen­sure sur l’in­for­ma­tion, durant les 12 heures qui ont suivi l’ex­plo­sion, avait bien pour but de “fab­ri­quer” l’his­toire offi­cielle, et que comme pour tous les atten­tats précé­dents, les “preuves” sont celles que le gou­verne­ment veut bien affirmer, repris­es en boucle par des médias aux ordres, ré-autorisés à pub­li­er la voix du Sul­tan. Gageons que les quelques courageux qui s’é­car­tent de la fable, tomberont sous peu sous le coup des men­aces, envoyées dès hier à celles et ceux qui “se fer­ont les com­plices en publiant.…..”.

On voudrait pré­par­er l’opin­ion publique turque à une offen­sive con­tre les zones frontal­ières dont la reprise par les forces kur­des est à portée, qu’on ne s’y prendrait pas mieux. Le trait d’é­gal­ité que vient de trac­er Erdo­gan entre le PYD et Bachar, dans un rac­cour­ci qui le pro­tège d’éventuelles révéla­tions sur la per­son­ne exacte du respon­s­able pré­sumé de l’at­ten­tat, donne la réelle portée de cette instrumentalisation.

La ques­tion qui se pose est celle d’une guerre assumée ou non, puisque sur le ter­rain syrien, cela sup­posera une pos­si­ble réac­tion russe, non par cama­raderie avec le Roja­va, mais parce que les intérêts pro­pres de Pou­tine seraient men­acés. La deux­ième ques­tion reste celle de l’ac­cen­tu­a­tion pos­si­ble des mas­sacres au Kur­dis­tan Nord, comme dans le quarti­er de Sur, en prenant pré­texte de repré­sailles, comme furent jus­ti­fiés les bom­barde­ments de cette nuit con­tre des posi­tions du PKK.

D’ors et déjà, selon l’A­gence Anadolu, la voix d’Er­do­gan, Izzettin Küçük, le Gou­verneur d’Urfa a annon­cé que « Suite à une déci­sion gou­verne­men­tale la porte fron­tière de Mürşit­pı­nar per­me­t­tant le pas­sage vers la région Aïn al-Arab (Kobanê) de Syrie, est désor­mais fer­mée. Aucun pas­sage n’est actuelle­ment autorisé.” Cette porte était util­isée surtout pour tous les envois human­i­taires vers Kobanê, déjà sous embar­go turc.

Les dirigeants européens dis­cu­tent du “Brex­it”… et des réfugiés syriens ces jours-ci. La grav­ité de la sit­u­a­tion poli­tique et mil­i­taire au Moyen Ori­ent et en Turquie sem­ble loin des préoc­cu­pa­tions immé­di­ates, sans doute parce que l’Otan n’a pas encore établi sa posi­tion. Les politi­ciens s’y aligneront…

A suiv­re, et de près…

KEDISTAN on EmailKEDISTAN on FacebookKEDISTAN on TwitterKEDISTAN on Youtube
KEDISTAN
Le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil.