Les réseaux de soutien aux signataires de la pétition “Nous ne serons pas les complices de ces crimes” voient leur mobilisation à la fois se renforcer avec le concours d’autres secteurs de “l’intelligentsia” turque, et le soutien en dehors de la Turquie de milieux universitaires également, comme aussi d’artistes ou d’intellectuels.
Il serait temps de passer à une diffusion plus large, plus populaire, plus large, et à la fois moins dispersée par secteurs d’activité, tranches de société civile… pour l’arrêt de tous les crimes en cours.
Couplé aux “grèves tournantes de la faim” organisées conjointement par les communautés Kurdes et Alévis le plus souvent dans des villes européennes petites ou grandes, les rassemblements à répétition, cela commence à faire surgir des questionnements dans la presse écrite et les médias en général. Questionnements “d’actualité Turquie” sans plus, qui n’émeuvent guère les dirigeants politiques européens, enfermés dans leurs craintes du terrorisme et des réfugiés de guerre dont ils ne veulent plus.
Mais de quels crimes parlent-on ?
De crimes imaginaires, si on en croit une partie de la Turquie, adossée à son Sultan, inventés pour l’occasion, afin de fournir des armes de propagande aux terroristes ?
Et quand une personne signe, sait-elle toujours contre quoi, contre quel quotidien de guerre au Kurdistan nord ?
Cette vidéo n’est ni plus ni moins “choquantes” que d’autres. Elle montre un quotidien, une brutalité sans retenue contre les civils, des crimes en direct.
Quelques informations parmi tant d’autres,
comme des crimes à la une, qui donnent le contexte :
La cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a pris une décision de protection aujourd’hui pour Helin Öncü, étudiante de 20 ans, blessée à Cizre afin de rendre possible son hospitalisation, et surtout sa sortie des zones de guerre par les secours.
Il s’agit là, d’une quatrième décision de précaution de la part de CEDH. Les trois précédentes, concernaient Hüseyin Paksoy, Serhat Altun et Orhan Tunç.
Hüseyin Paksoy, (16 ans) a succombé à ses blessures après avoir attendu une ambulance pendant 4 jours. (Quartier Sur)
Serhat Altun a été touché le 19 janvier, en essayant de sauver un enfant blessé. L’ambulance de la mairie de Cizre qui s’était rendue sur place pour récupérer Altun et les autres blessés, fut mitraillée et empêchée d’entrer dans le quartier.
Quant à Orhan Tunç, son sort reste inconnu.
“Vous avez dit crimes de guerre” ?
Hier, un groupe muni des drapeaux blancs, allant chercher Orhan justement et les corps des personnes tuées,a été a son tour pris pour cible. Le caméraman de la chaîne de télévision IMC, Refik Tekin se trouvait également dans le groupe. Refik, caméraman expérimenté et plusieurs fois primé, blessé par balle au pied n’a pas lâché sa caméra et a continué de filmer. C’est donc sa vidéo.
Le député du HDP Faysal Sarıyıldız qui faisait partie du cortège a informé que les autorités étaient prévenues du déplacement, et que malgré cela les forces de sécurité ont tiré. Il a annoncé qu’il y aurait une dizaine de personnes blessées, dont certaines gravement et 15 personnes seraient restées prisonnières des maisons où elles se sont protégées.
Nous apprenons aujourd’hui, que Refik Tekin a pu se rendre à l’hôpital. Il explique que sur la route, il a été pris et a reçu des coups de pied sur sa jambe blessée.
Actuellement il est à l’hôpital, et sous le prétexte qu’il y aurait une décision de garde à vue à son encontre, est sous surveillance policière.Ses visites sont limitées. De quoi voulez vous qu’il soit accusé ? De terrorisme.
D’ailleurs l’information sur les blessés pendant ces tirs a été annoncé par l’Agence Anatolienne (AA — Andalou Ajansı) comme “des terroristes ont été blessés”, information prise ensuite à la chaîne par tous les médias nationalistes comme Milliyet, Hürriyet, Star….
La fédération des journalistes internationale (IFJ) et européenne (EFJ) ont mis la situation de Refik Tekin comme une priorité.
- Attention les images peuvent choquer -
Avec les commentaires du IMC TV en turc — traduction ci-dessous
Traduction :
00:09 — Refik Tekin, caméraman de l’IMC TV, qui a suivi les affrontements depuis 39 jours à Cizre, a filmé les moments où il été blessé lui même.
00:30 — La caméra de Refik Tekin, a continué à tourner, notre collègue caméraman a continué de faire son travail, même blessé.
00:47 — Voilà ce qui s’est passé dans le quartier de Cudi, enregistré par la caméra de Refik : Mercredi matin, un groupe, dont Faysal Sarıyıldız, s’est rendu dans le quartier afin de secourir les blessés et relever les corps restés au sol. Le Préfet de Cizre en a été préalablement informé. Les participants portant des drapeaux blancs ont porté les corps sur un chariot vers l’avenue de Nusaybin.
01:15 — Au moment où le groupe allait traverser, il a été cible des tirs.
01:29 — Un des blessés était Abdulhamit Poçal, membre du conseil municipal de Cizre.
01:36 — Sur certaines sources d’information, on citait Abdülhamit Poçal comme “terroriste”. Poçal a succombé à ses blessures.
01:49 — Quand Refik tombe, sa caméra continue d’enregistrer ces images.
02:11 — Les voitures organisées pour transporter les trois corps qui se trouvaient dans le quartier, ont finalement transféré les nouveaux blessés.
02:20 — Pendant ce temps là, les tirs de canons continuaient.
02:30 — Une ambulance est enfin arrivée et Refik a été transféré.
“Les photographes pour la Paix” (Barış İsteyen Fotoğrafçılar) avaient lancé une pétition avec 256 premiers photographes signataires et avait accueilli près de 1200 signatures. Une mise à jour vient d’être faite soulignant un soutien à Refik Tekin. Pétition en turc ICI