En Turquie, le 10 janvier, c’est la « journée des journalistes qui travaillent » (Çalışan Gazeteciler Günü).
Le TSG (Syndicat des journalistes) et le Disk Basın-İş (Syndicat Editions et Imprimeurs) ont donc organisé aujourd’hui, une manifestation, pour célébrer cette journée, non comme une fête, mais justement pour une journée revendicative !
La marche s’est déroulée dans l’avenue Istiklal, derrière la banderole portant le slogan « Nous cherchons la vérité, nous ne nous rendrons pas » et des slogans telles que « La presse libre ne peut pas être baillonnée», « Videz les geôles, libérez les journalistes »…
Les journalistes et travailleurs du secteur de presse étaient accompagnés d’élus et de soutiens. Dilek, l’épouse de Can Dündar, le rédacteur en chef de Cumhuriyet actuellement en prison, avec son confrère Erdem Gül étaient également présents.
La déclaration des journalistes lue par Gülseren Ergezer Güven, soulignait que normalement cette journée aurait du être une journée de fête :
« Le chômage est le destin de ce métier » nous le savons tous très bien. [allusion aux propos d’Erdogan « la mort est le destin des mineurs » à propos des mineurs morts à Soma en 2014]. Nous ne nous sommes jamais senti aussi mal pour célébrer cette fête. Nos collègues sont tués, ou enfermés entre quatre murs, battus, torturés, massacrés, jugés. Nous n’avons pas eu non plus l’énergie pour faire la fête, à force de nous battre contre les conditions d’esclavage dans notre travail. Nos droits obtenus il y a cinquante ans, grâce à la Loi du Travail, ont été repris un par un. Ce n’était pas suffisant et les autorités ont maintenant les yeux rivés, sur les indemnisations d’ancienneté, la dernière miette de cette loi. Ils veulent changer cela aussi, pour confisquer la totalité de nos droits.
La déclaration attirait l’attention sur le nombre de journalistes en prison :
Près de 30 journalistes sont en prison à cause des informations qu’ils ont données. Ils disent qu’ils ne sont pas détenus parce qu’ils sont journalistes. Mais les seules preuves sur lesquelles les procureurs se basent sont les articles qu’ils ont écrits.
Nous remettons donc cette fête à une date ultérieure. Nous recommencerons à célébrer cette journée, seulement quand tous les journalistes retrouveront leur liberté, et pourront écrire librement. Nous le célébrerons, seulement quand nous pourrons travailler et vivre dans des conditions humaines.
Dilek Dündar a également lu la lettre de Can Dündar et Erdem Gül, qu’ils ont ont envoyée depuis la prison de Silivri.
Par ailleurs, l’initiative de soutien, continue ses tours de « garde de l’espoir » devant la prison de Silivri où sont emprisonnés Can Dündar et Erdem Gül. De nombreuses organisations de société civile, progressistes et des organisations corporatistes, syndicats et élus, viennent régulièrement sur place pour apporter leur soutien. Pour cette journée spéciale une conférence de presse a été organisée dans le cadre de cette initiative, devant la prison.
Une campagne de soutien demandant la libération des deux journalistes, continue à recueillir les signatures :
M. ERDOGAN, LIBÉREZ LES JOURNALISTES DE CUMHURIYET !
SAYIN ERDOĞAN, CUMHURIYET ÇALIŞANLARINI ÖZGÜR BIRAKIN!
PRESIDENT ERDOGAN, FREE THE CUMHURIYET JOURNALISTS!
A Ankara, le G‑9, la plateforme des organisations de journalistes a également organisé un rassemblement dans l’avenue de Yüksel à Kızılay. Leur déclaration faisait écho à celle de leur collègues d’Istanbul et soulignait les mêmes points.