Le général bre­ton Le Dri­an, enfin, le min­istre de la guerre de france, réelle­ment prési­dent de la région Bre­tagne, a ren­du vis­ite pas plus tard qu’a­vant hier à Erdo­gan. Il a fait quelques déc­la­ra­tions dans le genre : 

La par­tie française s’est félic­itée de l’ef­fi­cace coopéra­tion entretenue entre la Turquie et la France sur les com­bat­tants étrangers.”

Daech est notre enne­mi com­mun, nous le com­bat­tons par d’in­tens­es moyens militaires.”

La Turquie et la France sont d’ac­cord sur tous les points de discussions.” 

La momie bre­tonne est peu bavarde, mais a pour­tant ren­con­tré aus­si le Pre­mier min­istre Ahmet Davu­to­glu, les min­istres de la Défense Ismet Yil­maz et des Affaires étrangères Mevlüt Cavu­soglu, ain­si que le chef d’é­tat-major de l’ar­mée turque, le général Hulusi Akar.

Mine de rien, ça fait du monde. Il devrait donc tout con­naître des opéra­tions de l’ar­mée turque, mem­bre de l’Otan, qui con­tin­ue ses “entraîne­ments” anti ter­ror­istes dans l’Est du Pays. Le nom­bre de civils tués est là pour mon­tr­er leur effi­cac­ité, et le min­istre français a dû s’empresser d’en féliciter ses hôtes, n’en dou­tons pas, avant que d’en ren­dre compte à son retour au chef des armées, entre deux dépôts de gerbes.

Il y a donc de bonnes nou­velles, en ce mois de janvier ?

Erdo­gan a con­fir­mé sa par­tic­i­pa­tion à la “coali­tion islamique”, ce qui a aus­si ras­suré la France, puisque son prin­ci­pal client en matière d’achat de rafales en a pris la tête. Enfin, façon de par­ler, après les exé­cu­tions de 47 opposants.

Juste pile poil au moment où ça se fâche entre bar­bus, hache con­tre corde, savoir que l’a­mi Erdo­gan est du côté de ses clients, ça ras­sure sans doute. Gageons que le Dri­an avait aus­si fait le voy­age pour ça.

Un autre sujet a été débat­tu, celui de l’é­tanchéité des fron­tières, notam­ment côté Gaziantep. La France a une insis­tance par­ti­c­ulière là dessus, non pas qu’elle red­oute de retrou­ver le coton de Daech dans ses T‑shirts “je suis Paris”, mais parce qu’il s’ag­it à la fois d’un point de pas­sage de réfugiés syriens et de futurs déchus du Dji­had. Il est fort à pari­er qu’Er­do­gan a remis sur la table l’idée de la “zone tam­pon”, tou­jours pas con­crétisée et restant un point de débat avec ses “alliés” qui se méfient quand même un peu de ses ambi­tions ter­ri­to­ri­ales et de son envie d’en découdre ensuite avec le Roja­va… Rap­pelons quand même que l’Otan a don­né un feu vert en juin 2015.

Ain­si vont les petits arrange­ments entre amis, la tête de côté pour ne surtout pas voir les mas­sacres qui se pour­suiv­ent au Kur­dis­tan turc, les oreilles bouchées pour préserv­er les tym­pa­ns à la fois des défla­gra­tions d’obus de char, et des cris des man­i­fes­tants pour la paix qui se font gazer.

Cer­tains pour­ront s’é­ton­ner qu’un élu qui tient tant à la prési­dence de sa région, comme Bre­ton, s’in­téresse si peu aux reven­di­ca­tions d’autonomie régionale, lorsqu’elles s’ex­pri­ment ailleurs. Mais j’ou­bli­ais… ils étaient  “en accord sur tout, y com­pris le terrorisme”.

Je sais qu’en Bre­tagne, des asso­ci­a­tions Kur­des ten­tent de bris­er le mur du silence sur les mas­sacres à car­ac­tère géno­cidaire d’Er­do­gan. Peut être ont-ils là, avec la vis­ite “ami­cale” du prési­dent de leur région en Turquie, l’oc­ca­sion de deman­der des comptes…

Mais, de façon générale, s’in­ter­roger sur les con­séquences à très court terme de ces “alliances”, surtout dans le con­texte de l’op­po­si­tion ren­for­cée Iran/Golfe qui ne man­quera pas d’avoir des con­séquences dans toute la région, est devenu plus qu’urgent.

Cess­er de répan­dre ici l’idée que tout cela se résume en guéguer­res entre bons et méchants, où les Kur­des seraient des bons ici, des méchants là, Pou­tine par ci, Bachar par là… serait déjà salutaire.

La guerre dans tout le Moyen Ori­ent est une belle saloperie, Daech ou pas. Toutes les boîtes de Pan­dore ouvertes où chaque intérêt impéri­al­iste ou région­al puise ses alliances d’hi­er et de demain jouent con­tre les pop­u­la­tions de la région.

Il y a autant d’ur­gence aujour­d’hui à faire cess­er la guerre à l’Est de la Turquie qu’à soutenir en armes le Roja­va con­tre Daech. Et pour les con­trées européennes, cela passe aus­si, en plus d’une sol­i­dar­ité human­iste indis­pens­able, par une adresse inces­sante en direc­tion des gou­verne­ments qui ne cessent de vers­er l’huile ou de soutenir ceux qui allu­ment les feux.

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Daniel Fleury
REDACTION | Auteur
Let­tres mod­ernes à l’Université de Tours. Gros mots poli­tiques… Coups d’oeil politiques…