Un groupe de 106 de personnes constitué d’artistes, de politiques, d’universitaires, de journalistes et d’activistes, ont fait à Diyarbakır un appel pour la paix et le retour aux négociations.
Des délégations de Sur, Cizre et Nusaybin se sont également jointes au rassemblement qui s’est déroulé au Sümerpark, dans le quartier Yenişehir.
Les premières prises de parole ont été faites par Türkan Elçi, l’épouse de Tahir Elçi, Président du barreau de Diyarbakir, assassiné en Novembre dans la commune Sur à Diyarbakır, et Rakel Dink, l’épouse de Hrant Dink, écrivain, journaliste arménien, assassiné à Istanbul en 2007.
(vidéo en turc)
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L’appel du groupe a été lu en deux langues. La version kurde par l’artiste Rojda, et la version en turc par l’écrivaine Lale Mansur.
« Nous faisons appel à la Turquie, depuis Diyarbakır. Sommes-nous conscients que nous allons vers la guerre civile à grand pas. Nous nous adressons à ceux qui craignent la division de la “patrie” : la patrie se divise, les coeurs se divise, en sommes-nous conscients ? Nous nous adressons à ceux qui décident de la guerre : on ne peut pas construire un pouvoir sur le sang, la mort et la destruction. Arrêtez-vous un moment, regardez, voyez, comprenez. Votre décision de guerre devient des balles, devient le feu et tue les humains, détruit les cultures historiques, les héritages de l’humanité, la fraternité, en êtes vous conscients ? Nous sommes ici, représentant la conscience commune, et pour faire entendre notre voix. Que les doigts se retirent des gâchettes, que les armes se taisent, qu’on arrête de tuer et de mourir. Qu’on retourne à la table des solutions en urgence. Que l’assemblée soit intégrée à ce processus, que les négociations se passe en terrain démocratique. La raison n’est pas la mort, c’est la vie. Le principe est l’être humain, la liberté de l’être humain, son bonheur. Ca suffit. Ne sacrifions plus nos enfants. Demain il sera trop tard, en êtes vous conscients ?”
Après l’appel, les habitants et les Maires des quartiers Savaş et Ziya Gökalp ont ont pris la parole pour apporter leurs témoignages, sur ce qu’il vivent au quotidien, sur les proches qu’ils ont perdus, des corps de leur proches qu’ils ne peuvent pas reprendre.
Serhat Yüce, un des journalistes dont les forces de sécurité avait mis le pistolet au front pendant qu’ils travaillaient à Silvan, a apporté également ses témoignages et précise que les journalistes ne peuvent pas accéder dans les localités sous couvre-feu :
« Un documentaire sur les couvre-feu a été filmé par la chaîne de télévision de l’Etat. Ils ont filmé des séquence d’un faux affrontement dans le jardin du commissariat et ils sont partis. Est-il possible d’écrire les vérités, sans être au coeur des gens ? »
Une petite fille a souhaité également prendre la parole. En racontant son propre vécu, et expliquant que depuis des mois elle ne peut pas aller à l’école, elle a fini en larmes :
« Moi aussi je veux aller à l’école. C’est quoi ma faute ? »
Le groupe pour la paix a souhaité marcher vers la commune de Sur, mais les forces de sécurité ne les ont pas autorisés à y accéder. Malgré l’insistance du groupe qui rappelait que l’avenue Gazi n’était plus sous couvre-feu, leur « marche » a été considérée comme interdite. L’appel a été donc lu encore une fois au check point du quartier Dağkapı.