Un deux trois, soleil ! Ce n’est pas un jeu d’en­fants, la guerre. La guerre ne joue pas avec les enfants, elle les tue. Un, deux, trois…

A Cizre, Nihat Kazan­han a été tué le 14 jan­vi­er 2015 par la police. Il avait 12 ans. Quand il est tombé sous les balles, Nihat jouait avec son copain Davut Yanık.

Cette pho­to mon­trant Davut devant l’affiche de Nihat avait fait le tour des réseaux soci­aux à ce moment là. Davut regarde avec tristesse, la pho­to de son ami, sans savoir qu’il sera lui même la cible des balles sor­ties des mêmes armes, moins d’un an plus tard…

En effet, le 17 décem­bre, Davut a été grave­ment blessé, et il est actuelle­ment aux soins inten­sifs à l’hôpital de Mardin. Pen­dant que Davut lutte con­tre la mort, son frère Abdülmecit Yanık, est tombé égale­ment. Il s’est fait tuer, en essayant de sauver un autre ami de Davut blessé à Cizre. Davut, ne sait pas encore tout cela, il se bat désespérément.

Leur grand frère, qui ne quitte pas le chevet du lit de Davut est en colère, et il est autant déter­miné pour con­tin­uer la résistance.

« Ils tuent même nos enfants inno­cents dans la rue pour nous pren­dre nos ter­res. Mais nous lais­serons jamais tomber nos terres ».

Ter­ri­ble et triste nou­velle ? Juste un mort de plus dans une guerre qui en fera bien d’autres ? 

Sommes nous encore bien con­scients ici, repliés der­rière nos bar­belés, nos états d’ur­gence, une bougie encore à la main et une coupe de cham­pagne “de résis­tant en ter­rasse” dans l’autre, que ces guer­res ne sont pas des plaies qui tombent du ciel ? Sommes nous encore capa­bles de dis­cern­er der­rière des sondages, des manip­u­la­tions “de déchéances de nation­al­ité”, la veu­lerie des com­man­di­taires qui ici ont passé un pacte avec Erdo­gan, fer­mé les yeux sur “sa” sale  guerre con­tre “moins d’im­mi­gra­tion” pour l’élec­torat FN ?

Et si, à trois, dans ce jeu où on appelle le soleil, vis­age con­tre le mur, en nous retour­nant, ne ne voyions plus l’en­fant que l’on chérit ?

C’est arrivé pour nom­bre de familles, un soir de 13 novem­bre 2015. Parce que les guer­res qu’on mène au loin ont fait un détour par Paris. Vis­i­ble­ment nous n’en avons rien appris.

Pour “leurs guer­res”, nous avons eu nos morts.

Qui va pleur­er Davut ?

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