Suite à la déc­la­ra­tion de la pré­fec­ture de Şır­nak, sur la mise sous cou­vre-feu à nou­veau des com­munes de Cizre et Silopi une par­tie des habi­tants ont quit­té leur maisons.

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Mes­sage reçu de la Direc­tion de l’E­d­u­ca­tion Nationale de Şır­nak, redis­tribué par le Lycée de Cizre.

Les enseignants turcs en fonc­tion à Şır­nak, par­ti­c­ulière­ment à Cizre et Silopi, régulière­ment mis sous cou­vre-feu ont reçu un mes­sage par sms de la part du Min­istère d’Education Nationale turc. Le mes­sage demandait aux enseignants de « quit­ter la com­mune » sous un pré­texte de formation :


Tous nos enseignants et admin­is­tra­teurs sont inté­grés à un sémi­naire de for­ma­tion interne à par­tir du 14 décem­bre 2015.
Nos enseignants peu­vent faire leur for­ma­tion à leur ville [de rési­dence et non d’af­fec­ta­tion locale] 


Rien qu’à Cizre, 1298 enseignants et 43 milles 127 élèves sco­lar­isés dans 104 écoles sont con­cernés. Une par­tie des enseignants rési­dant dans d’autres com­munes ont com­mencé à quit­ter les lieux.

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D’abord les dis­trib­u­teurs de bil­lets et les ban­ques ont été pris d’assaut. Ensuite, les enseignants et leurs familles ne pos­sé­dant pas de moyen de trans­port privé, ont for­mé de longues queues à la gare routière. Ceux qui n’ont pas trou­vé de place dans des minibus et cars, se sont ren­dus, en marchant 5 km à pied, sur la route Ipek Yolu, artère de trans­port inter­na­tionale afin de faire de l’autostop. L’attente fut longue sous la pluie.

Par ailleurs, les habi­tants de Cizre et Silopi, qui ont déjà subi des cou­vre-feu suc­ces­sifs et vio­lents, ont envahi avec inquié­tude, épiceries, boulan­geries afin de stock­er des réserves alimentaires.

Ser­hat Uğur, le Co-Prési­dent du syn­di­cat enseignant Eğitim-Sen de Şır­nak explique :

Nous avons con­tac­té le min­istère qui annonce qu’il n’avait pas de cir­cu­laire sur ce sujet. Le mes­sage serait à l’initiative d’un respon­s­able de la Direc­tion de l’Education Nationale de Şır­nak et  dif­fusé sur un réseau util­isé régulière­ment par l’administration pour pass­er des mes­sages aux enseignants respon­s­ables dans les écoles. Le Min­istère enver­ra-t-il la cir­cu­laire ultérieurement ?

A la fin du mes­sage il était bien noti­fié « à com­mu­ni­quer à tous les enseignants. »

Ser­hat souligne qu’un très impor­tant trans­fert mil­i­taire vers la région est en cours et exprime son inquiétude :

C’est la pre­mière fois que nous voyons une chose pareille dans notre his­toire. C’est à peine croy­able. Nous sommes dans une ambiance qua­si de guerre. Nous avons le sen­ti­ment qu’ils vien­nent anéan­tir une ville. Com­ment est-ce possible ?

Si l’Etat retire ses enseignants, je vous laisse imag­in­er ce qui peut se pass­er. Qu’est-ce qu’ils pro­jet­tent ? Un mas­sacre géno­cidaire, un mas­sage eth­nique ? De nom­breux col­lègues n’ont pas respec­té les con­signes et sont restés.

Une par­tie des enseignants ont quit­té la com­mune, d’autres sont restés. Ser­hat Uğur ajoute :

Nous ne sommes pas là seule­ment pour leur appren­dre l’histoire, la géo­gra­phie, mais aus­si pour les garder en vie. Si on s’en va, com­ment pour­ra-t-on crois­er leurs yeux au retour ?

Est-ce une nième ten­ta­tive d’in­tim­i­da­tion pour ter­roris­er et divis­er les pop­u­la­tions, les couper des com­bat­tants, ou le gou­verne­ment et les autorités mil­i­taires ont-elles décidé la mise sous “ghet­to” de pop­u­la­tions kur­des ? La cen­sure de presse qui ne laisse percer que des “com­mu­niqués” repris en copi­er col­lés ne per­met pas d’in­former les régions de l’Ouest de ce qui est présen­té comme une men­ace de “liq­ui­da­tion” d’un point noir.

Les pro­pos d’un Erdo­gan et du pre­mier min­istre, qui allaient dans ce sens, il y a plus d’un mois, après les résul­tats élec­toraux peu­vent faire crain­dre le pire, d’au­tant qu’ils ont désor­mais les mains libres, le sou­tien européen à leur lutte con­tre le “ter­ror­isme” étant désor­mais acquis sans réserve, et même qua­si financé.

Une extrême vig­i­lance s’im­pose, sur ce qui serait un acte de guerre “eth­nique”.

Appel /MASSACRES AU KURDISTAN
BRISONS LE SILENCE!

Appel à man­i­fester à Paris, mer­cre­di 16 décembre,
Esplanade des Invalides (Sor­tie Métro Invalides), 16h

Dernière minute /

Deux man­i­fes­tants  ont été tués lun­di 14 décem­bre à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, lors d’un rassem­ble­ment pour dénon­cer le cou­vre-feu instau­ré dans un des quartiers de la ville. Au moins deux autres per­son­nes – des civils – ont été blessées et une quar­an­taine d’autres arrêtées. Les vic­times, âgées de 21 et 25 ans, ont été tuées par balle alors qu’elles ten­taient d’entrer dans le dis­trict de Sur.

 

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