Voilà main­tenant plus d’un an qu’Er­do­gan par­le et repar­le de sa « zone tampon ».

On sait que cette ques­tion fai­sait déjà par­tie des entre­tiens qu’il avait eu à l’Elysée lors de sa vis­ite, qu’il en a repar­lé dans le cadre des chan­tages aux réfugiés avec la Chancelière Merkel, et qu’il a glis­sé des mots à ce sujet dans l’or­eille d’un Pou­tine lors d’une ren­con­tre express.
Lorsqu’on con­sulte la presse inter­na­tionale sur le Web, on se rend compte très vite que le sujet est traité partout où il passe.

Nous vous le don­nons en mille, quel sujet « very impor­tant » le Cal­ife veut-il voir mis à l’or­dre du jour d’en­tre­tiens en marge du G20 d’An­talya ?… La zone tampon.

On peut se deman­der d’ailleurs con­tre qui, puisqu’il s’op­pose en même temps aux offen­sives kur­des qui pour­raient défini­tive­ment clore la fron­tière avec Daech, si elles étaient soutenues…

La zone tam­pon idéale pour Erdo­gan, c’est un ter­ri­toire débar­rassé de ses Syriens ou « assim­ilés », de com­bat­tants de Daech, et surtout de toute pop­u­la­tion kurde et de leurs combattants.
C’est du moins ce qu’il a refor­mulé dans une inter­view récente pour un organe de presse :
“Cette région, a‑t-il réitéré, devra être évac­uée par les mili­ciens, les ter­ror­istes de Daech et les Kur­des syriens”.

Il avait été ques­tion en mai juin de cette année, lors de « dis­cus­sions » avec les respon­s­ables de l’Otan, qu’une force syri­enne dite « libre » occupe le ter­rain. En réal­ité un con­tin­gent for­mé par les Etats Unis qui a depuis pour moitié livré son matériel à Al Nos­tra et dont l’ex­is­tence reste incer­taine depuis, devait en par­tie rem­plir cet office aux côtés de mil­i­taires turcs.
Aujour­d’hui, Erdo­gan n’ex­clut pas d’aller lui même « net­toy­er » une zone tam­pon. Enfin, d’y envoy­er des troupes et du matériel.
Il sait compter sur l’ap­pui de la France depuis 2014, et sans doute depuis sur celui de nom­bre d’E­tats européens, par­ties prenantes du deal sur les réfugiés.

La présence aéri­enne russe a quelque peu per­tur­bé ce qui était un accord de principe accordé par l’Otan en juil­let. L’u­til­i­sa­tion hyp­ocrite du per­mis de chas­se « anti ter­ror­iste » ayant été faite essen­tielle­ment con­tre les pop­u­la­tions kur­des, et sous forme aus­si de bom­barde­ments en Irak et con­tre le Roja­va, a aus­si gelé la sit­u­a­tion côté US.

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A Turk­ish Kurd woman watch­es the Syr­i­an town of Kobani from near the Mur­sit­pinar bor­der cross­ing, on the Turk­ish-Syr­i­an bor­der in the south­east­ern town of Suruc in San­li­ur­fa province, Octo­ber 12, 2014.

Erdo­gan va donc met­tre à prof­it le raout inter­na­tion­al d’An­talya pour relancer ses affaires et obtenir enfin la pos­si­bil­ité « tacite » de s’at­ta­quer au Roja­va. Ce n’est plus une zone tam­pon en réal­ité qu’il réclame, mais bien un vrai tam­pon inter­na­tion­al au bas d’un accord, pour faire un sort au Rojava.

Encore un appel sup­plé­men­taire à adress­er aux dirigeants européeens, pour qu’ils ne vendent pas con­tre un illu­soire accord sur les réfugiés syriens, un ter­ri­toire qui aujour­d’hui s’au­to gère en Syrie et four­nit l’essen­tiel des vic­toires con­tre Daech.

Ce « tam­pon » est bien une nou­velle pos­si­bil­ité d’un sui­cide poli­tique européen et des con­séquences en chaîne à suivre.

Je ne sais pas, mais il me vient cette image du singe qui ne veut pas lâch­er ce que con­tient sa main, quitte à rester pris­on­nier du bocal.

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