Une dépêche de l’AFP que vous trou­verez en “copi­er-coller” dans les médias main­stream turcs, européens et français

hollande-erdogan-afpFrançois Hol­lande a appelé son homo­logue turc Recep Tayyip Erdo­gan au “rassem­ble­ment et à l’u­nité” du pays après la vic­toire écras­ante de son par­ti aux lég­isla­tives, lors d’un entre­tien télé­phonique lun­di soir, a indiqué l’en­tourage du prési­dent français.

Lors de cet entre­tien, les deux dirigeants ont “exam­iné com­ment con­tin­uer à coopér­er sur la ques­tion des réfugiés et la Syrie”, a‑t-on ajouté de même source. L’at­taque sui­cide per­pétrée il y a trois semaines à Ankara par deux kamikazes proches du groupe Etat islamique (EI), qui a fait 102 morts, a ravivé dans le pays la peur de la vio­lence dji­hadiste venue de Syrie. Cette dégra­da­tion de la sit­u­a­tion sécu­ri­taire inquiète de plus en plus les alliés occi­den­taux d’Ankara, à com­mencer par l’U­nion européenne (UE), con­fron­tée à un flux crois­sant de réfugiés, pour l’essen­tiel syriens, en prove­nance de la Turquie.

 

le-fonctionnement-des-mediasÇa c’est du jour­nal­isme ! Tout le monde copie la même dépêche sans com­men­taire… Mais ce n’est pas le sujet…

Qu’un prési­dent en appelle un autre après une élec­tion, c’est paraît-il une coutume.

Mais que François Hol­lande fasse du Char­lie à cette occa­sion une fois de plus, alors qu’il con­naît per­tinem­ment la sit­u­a­tion à l’est de la Turquie, et les pro­jets prési­den­tial­istes d’Er­do­gan, qui juste­ment divisent plus que jamais le Pays en le coupant en deux, en niant et rép­ri­mant de plus l’op­po­si­tion démoc­ra­tique, est une belle illus­tra­tion de la désor­mais poli­tique muni­choise des dirigeants européens. Peu importe la nature poli­tique des régimes que l’on sou­tient, pourvu qu’ils assurent le boucli­er européen ou qu’ils favorisent la crois­sance de notre secteur arme­ment et de nos vit­rines sportives.

message_erdoganCon­firmer au pas­sage la ver­sion “offi­cielle”, comme déjà cela avait été le cas pour Suruç, de la main dji­hadiste “extérieure” dans les atten­tats, alors que les enquêtes elles mêmes s’embrouillent, est égale­ment une belle manière de redou­bler le sou­tien pour la “lutte anti ter­ror­iste” dont on sait qu’elle con­cerne pré­cisé­ment les mou­ve­ments armés kur­des. Le tout en échange de ce que la Dame Merkel avait en per­son­ne été con­firmer au palais d’Er­do­gan, une retenue des réfugiés syriens, à n’im­porte quel prix, et surtout en mil­liards d’euros.

L’ap­pel à “l’u­nité nationale” revient à fer­mer à l’a­vance les yeux sur “l’u­nité for­cée”, sans recon­nais­sance, imposée par les mil­i­taires aux pop­u­la­tions kur­des et par la répres­sion poli­cière aux divers­es minorités du pays, comme de toute oppo­si­tion en général, qui est la méth­ode AKP. On est prié de ne pas soulever le voile noir.

Aucun éton­nement à avoir, si on suit à la trace la diplo­matie qui va des coupeurs de têtes du Golfe, en pas­sant par le Sis­si impéra­tor d’E­gypte, jusqu’à la récep­tion prochaine du prési­dent iranien, spé­cial­iste du fou­et et des potences. Erdo­gan fig­ure donc désor­mais offi­cielle­ment à la table des crim­inels amis de la France.

Quelle serait donc l’at­ti­tude des gou­verne­ments européens, si demain au Kur­dis­tant turc se lev­ait, non une sit­u­a­tion chao­tique, mais une véri­ta­ble insur­rec­tion armée, à laque­lle, en l’é­tat, les forces de répres­sion turque ne pour­raient faire face ? Que deviendraient les exi­gences sur les “réfugiés” qui ne man­queraient pas de dou­bler en cas de guerre civile à l’Est ? Et quid de Daech qui égorge déjà des opposants syriens impuné­ment sur le sol turc comme il y a quelques jours ?

Le sem­blant d’Eu­rope poli­tique, tourné vers son nom­bril, se tire des balles dans le pied, mois après mois. Mais après tout elle s’en moque, c’est elle même qui vend l’arme.

KEDISTAN on EmailKEDISTAN on FacebookKEDISTAN on TwitterKEDISTAN on Youtube
KEDISTAN
Le petit mag­a­zine qui ne se laisse pas caress­er dans le sens du poil.