Vous avez sans doute entendu parler de “Fuat Avni”, un mystérieux “lanceur d’alertes”, ou “gorge profonde” comme vous préférez… Il est visiblement infiltré dans l’AKP, faisant même partie sans doute de l’entourage d’Erdogan. Il parait très proche de la direction, car toutes les infos qu’il donne inlassablement et depuis quelques années sur son compte Twitter, s’avèrent vraies. Kedistan pris par d’autres urgences n’a jamais eu le temps de faire un article sur ce “phénomère des réseaux sociaux” comme on l’appelle en Turquie. Si vous voulez plus d’infos, il existe aussi une page Wiki en français, qui vaut le détour.
Nous publions l’article de BGNNews du 28 octobre, traduit de l’anglais par Cath Noborders et publié sur facebook.
Les derniers éléments sont en place pour le [prétendu] coup de force d’Erdogan sur le gouvernement.
Le Président R.T. Erdogan ne cache pas son ambition de transformer la Turquie afin qu’il puisse obtenir l’autorité absolue sans avoir à rendre de comptes à personne et il aurait commencé à avancer ses derniers pions pour mettre en œuvre une «révolution de palais» et arracher du parlement le contrôle du gouvernement de la Turquie.
“Erdogan a planifié ce coup au palais depuis longtemps et il en est maintenant aux dernières touches. Son plan a été promptement mis en action”, dit le lanceur d’alerte (et un vrai phénomène sur Twitter) FUAT AVNI ce dernier mercredi.
Fuat Avni a été une épine dans le pied du Président R.T.Erdogan et de son AKP depuis 2 ans car il a révélé correctement beaucoup de leurs plans tenus top secret.
“La loi concernant le MIT [services secrets en Turquie] et d’autres législations semblables ont déjà préparé les fondements [pour ce coup] ; il [Erdogan] est en train d’établir un état dans l’état. Il n’a pas besoin des forces armées, il prévoit d’utiliser ses propres forces spéciales et la police”, dit Avni.
Les critiques ont souvent accusé l’AKP de politiser la police par des examens sélectifs, selon des points de vue idéologiques et par des purges.
Fuat Avni souligne que les autres institutions ont été modelées pour supporter/accepter un tel coup, particulièrement les services secrets, les institutions sécuritaires et judiciaires. “Des cliques liées au cercle rapproché d’Erdogan ont déjà été établies à l’intérieur du MIT, dans la police et dans la justice”.
“Ayant essayé toutes les autres méthodes pour réaliser un coup au palais, à présent il ne songe plus à être nommé un président “exécutive” [ayant les pleins pouvoirs], mais plutôt à devenir un Commandant Suprême”, ajoute Avni.
Tous les médias critiques à son égard vont être muselés.
“Sachant que l’AKP ne va pas gagner la majorité au élections de dimanche, Erdogan veut museler toutes les voix de l’opposition dans les médias, qui pourraient s’élever contre son coup au palais.”
Avni continue en avertissant que les opérations contre le groupe Koza Ipek, qui possède plusieurs médias critiques envers le gouvernement, vont prendre de l’ampleur.
Lundi dernier, moins d’une semaine avant les élections du 1/11, Ankara a ordonné la saisie du holding Koza Ipek. Selon une requête du Procureur Général d’Ankara Musa Yücel, le Juge de paix Yunus Süer de la 5è division criminelle d’Ankara a ordonné que le Holding Koza Ipek soit mis sous séquestre, avec un ensemble d’administrateurs pro-gouvernement, comprenant le groupe de média très fortement orienté en faveur du gouvernement Sabah-ATV, pour remplacer le conseil d’administration.
Quand Avni a d’abord averti de l’escalade, les autorités n’avaient pas encore fait le raid sur İpek Media Group qui appartient à Koza İpek Holding mais mercredi matin, la police a fait irruption dans leurs bureaux d’Istanbul, empêchant les journalistes de couvrir l’événement, arrachant les câbles des caméras qui filmaient en direct, arrêtant l’émission de Kanaltürk et ensuite de Bugün TV. Du gaz lacrymogène et des canons à eau ont été projetés sur les journalistes et supporters, plusieurs personnes ont été battues et menottées et des reporters ont été détenus.
“Sur la liste viennent ensuite Sözcü, Cumhuriyet et le Doğan Media Group,” a écrit Avni, se reportant à d’autres journaux et médias critiques envers le gouvernement. Pendant un interview télévisé avec le canal A Haber [pro-gouvernement] mardi dernier, le député de l’AKP Aydın Ünal a explicitement pointé du doigt ces mêmes institutions, promettant qu’elles “allaient payer” pour leur insolence après l’élection du 1er novembre.
La seule chose qui compte est de convaincre la base.
Avni prétend qu’Erdogan a rejeté les avertissements de son cercle rapproché qui disait que l’Armée — qui a toujours joué un rôle majeur dans la politique civile, allant jusqu’à faire des multiples coup militaires — pourrait s’opposer à une prise de contrôle de l’AKP. “Jusqu’à présent, ils ont toujours obtenu tout ce qu’ils voulaient, mais cette période est finie. Maintenant c’est notre tour”, aurait dit Erdogan à ceux de ses conseillers qui se montraient sceptiques.”
“Ils ne se soucient plus si diverses institutions, y compris l’armée, pourraient s’opposer à/contester la révolution de palais. Les plans vont procéder indépendamment de leurs objections”, dit Avni.
“Le gouvernement et les ministères ont tous été complètement dissous. Tous les plans, toute la gestion vient de toutes façons de son cercle rapproché… Erdogan se voit lui-même comme l’état. Si le président peut obtenir que sa “base” accepte cette nouvelle structure, alors le coup au palais sera annoncé”, écrit-il.
“Prêt à déclencher des bagarres avec toutes les institutions de l’état et à se déclarer lui-même le Commandant Suprême, Erdogan semble avoir perdu la raison”, a ajouté Avni, affirmant que les quelques personnes raisonnables qui ont essayé de mettre en garde le président ne sont arrivées qu’à le rendre encore plus enragé.
“Erdogan traîne le pays vers la catastrophe. Tous, sauf deux ou trois personnes autour de lui voient le désastre imminent, mais ils sont trop terrifiés pour oser piper mot”
Étonnant non ?