Je vois ce soir dans le fil d’actualité de Facebook, resurgir une vidéo de flamenco, partagée par une amie, Anne, lectrice et contributrice de Kedistan. Elle savait que cette publication allait me toucher, elle m’avait identifiée.
Sa publication était accompagnée d’une citation de Dostoïevski :
“La beauté sauvera le monde.”
Là aussi, je suis profondément touchée.
La vidéo date du septembre 2015. Il s’agit d’un flashmob, filmé lors du Festival flamenco “Istanbul Olé”, en plein milieu de la rue Istiklal à Beyoglu. Rue piétonne, entourée de commerces et de cafés, grouillante de monde à toute heure. Vous la connaissez. Elle fait partie des lieux de rassemblements et de manifestations habituels, voire légendaires. Une des rues où la police, munie de ses accessoires, matraques et balles caoutchouc, se met régulièrement en spectacle, dans un décor balayé de fumées lacrymo et d’eau.
Cette fois-ci il y a la beauté. Il y a la musique. La langue universelle de la musique parle en beauté et des jeunes gens, toutes et tous beaux, dansent.
[fbvideo link=“https://www.facebook.com/flamengole/videos/1614396705479062/” width=“640” height=“400” onlyvideo=“1”]
Etnik34 Flamenco Flashmob / Beyoglu — Estambul | Coreografía : Işıl Reina KARAMAN | Canción: y Cantaora — Palo: Tengo que amarte / La Tobala — Tangos
J’adore le flamenco. Je ne comprends pas un mot en espagnol, mais la barrière de la langue ne m’empêche pas d’être atteinte. Rien qu’au timbre de la voix des chanteuses et chanteurs, rien qu’en laissant les mélodies entrer en moi, je ressens au fond de mon coeur, des choses indescriptibles sans les mots.
Voilà ce que cette chanson dit :
(Un grand M E R C I à Silvia Gonzales pour sa traduction)
Je dois t’aimer,
Je dois t’aimer
C’est que mes baiser vont avec toi
Puisque je ne peux pas t’oublier
Je ne peux pas t’oublier
Je ne peux pas t’oublier
Ah mon dieu !
Ah mon dieu donne moi patience
donne moi patience
donne moi patience
pour tenir bon au malheur
il me faut la résistance
il me faut la résistance
Je dois t’aimer (bis)
Car le soleil part avec toi
Si je ne peux t’embrasser
Je ne peux pas t’oublier
Ne peux pas t’embrasser
Ouvre la porte du temps
Pour voler tes longs soupirs
Et de voler a ta gorge
Tous les beaux sons qui viennent d’elle.
Que si le temps soigne blessures
La nuit nous vole les rêves
Et j’attends jour après jour pour qu’il arrive le temps …
Ah mais encore combien de temps
Me contenter de te regarder
Et des nuits sans t’embrasser
Je ne peux pas t’oublier
Et mes baisers vont avec toi
Je ne peux pas t’oublier
Je ne peux pas t’oublier
Il faut que je t’aime
Il faut que je t’aime
je ne peux pas t’embrasser
il faut que je t’aime
je ne peux pas t’oublier
Je ne suis pas du tout spécialiste de la musique non plus… J’ai juste des oreilles et un coeur. Quand la musique me saisit je ne peux empêcher mes pieds, mes épaules, ma tête de bouger en rythme…
Il y a des points communs et universels entre les musiques des peuples. Non seulement la musique fait partie intègrante de leur vie mais il y a des similitudes dans leurs façons de voir la vie, de la ressentir…
Cette prestation ne me surprend pas et me fait chaud au coeur. J’ai envie d’en parler, de vous la montrer parce que je sais que la majorité d’entre vous, ressentirez ce que je ressens.
Pour illustrer les similitudes dont je parle, je vous offre deux bonus.
La première est une chanson traditionnelle turque de Kerkük, interprété “façon flamenco” par Öykü et Berk, soeur et frère jumeaux. Elle date de 2007.
Et la suivante est l’interprétation traditionnelle de la même chanson. La vidéo est extraite du film “Muhsin Bey” de Yavuz Turgul, tourné en 1987. Cette fois, la chanson est chantée par “Ali Nazik”, personnage du film joué par Uğur Yücel, chanteur humble, sincère et puriste qui dénonce l’altération du monde de la musique en Turquie.