En voilà une bonne nouvelle ! 

La peine de prison de Fazıl Say vient d’être annulée par la Cour Suprême d’Appel turque !

La Cour Suprême a ren­du sa déci­sion à la majorité  (4 voix con­tre 1) en pré­cisant qu’elle a été motivée par le principe de lib­erté d’expression.

Fazıl, pianiste et com­pos­i­teur de notoriété inter­na­tionale avait été con­damné en avril 2013 et avait écopé de 10 mois de peine de prison pour un tweet jugé « insul­tant envers les valeurs religieuses partagées par une par­tie de la pop­u­la­tion». Il ne s’agissait en fait que d’un poème qui date du XIeme siè­cle et Fazıl ne fai­sait que de  remet­tre dans le con­texte actuel, les vers extraits de l’oeuvre“Rubaiyat”, d’O­mar Khayyâm, poète per­san du 11è siè­cle, auquel il avait con­sacré un con­cer­to pour clarinette.

« Vous dites que des rivières de vin coulent au paradis. Le paradis est-il une taverne pour vous ? Vous dites que deux vierges y attendent chaque croyant. Le paradis est-il un bordel pour vous ? »

Dans son procès, Fazıl s’était défendu : “Dans mes pub­li­ca­tions il n’y a aucune injure ni mépris. au con­traire je souhaitais exprimer le malaise crée par des per­son­nes qui instru­men­talisent  les valeurs religieuses.”

En effet l’artiste est athée, et il le revendique. Il ne se prive pas de met­tre le doigt la où il faut, surtout quand il s’ag­it de la musique.


Lire : ” Le vin et le sexe sèment la panique au Min­istère de la Cul­ture turque


Ce n’est pas pour autant ter­miné pour le pianiste. Suite à la déci­sion de la Cour Suprême d’ap­pel, la 19eme Cour de la Paix d’Istanbul qui a con­damné Fazıl, peut défini­tive­ment l’ac­quit­ter ou alors décider de le rejuger.

Pourquoi vous par­ler d’un artiste, alors que ces jours derniers, sans juge­ment, des per­son­nes ont encore été abattues ?

Deux raisons à cela. La pre­mière, poli­tique, repose sur le con­stat qu’il est pos­si­ble que co exis­tent con­join­te­ment un respect des insti­tu­tions, et des exac­tions venues de “l’E­tat pro­fond”. Dans un con­texte où la guerre est menée à l’Est, où les arresta­tions et intim­i­da­tions poli­cières con­tin­u­ent, la légal­ité passe après la répres­sion, un tri­bunal “nor­mal” juge “nor­male­ment” et un tri­bunal expédi­tif con­damne les opposants de Gezi. Des élec­tions se pré­par­ent, et on bom­barde des cimetières… Sur­réal­isme politique ?

La deux­ième rai­son est plus sub­jec­tive. A Kedis­tan, on est quelques unEs à aimer sa musique, tout sim­ple­ment, même s’il est loin d’avoir l’e­sprit lib­er­taire et que son kémal­isme répub­li­cain ressem­ble un peu à nos Char­lies truqueurs.

En atten­dant, cadeau !
Fazıl joue ses pro­pres vari­a­tions de Paganini…
Bonne écoute.

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