Le verdict est tombé pour les personnes accusées dans le “principal procès du Parc Gezi”.
Dans ce procès 255 personnes, dont des manifestantEs, des médecins et 7 étrangerEs, étaient accuséEs de divers “délits”. 244 des accuséEs ont été condamnéEs, 7 sont acquittéEs et les dossiers de 4 personnes ont été séparés du procès principal.
Quatre accuséEs dont deux médecins ont été condamnéEs à de 10 mois de prison avec sursis, pour “avoir sali un lieu de prière”.
Pour les 240 autres ce sera des peines entre 2 mois et un an, pour divers “crimes” tels que “Opposition à la Loi règlementant les manifestations et rassemblements n°2911”, “résistance à la force publique”, “destruction de bien public”, “utilisation frauduleuses de vêtements spécifiques” ou encore, “dégâts causés à un lieu de prière par salissures”.
Dans la soirée du 2 juin 2013, les manifestants de Gezi, subissant la répression de la police s’étaient réfugiés à la Mosquée de Bezm‑i Alem. Dans les groupes qui ont accédé à l’édifice, il y avait un grand nombre de blesséEs plus ou moins graves. Les ambulances ne pouvant pas passer pour les secourir, les médecins et infirmièrEs bénévoles étaient arrivéEs et la mosquée s’était transformée spontanément en dispensaire d’urgence.
Le lendemain, malgré le fait qu’il n’y avait aucune témoignage en ce sens, Erdoğan, d’autres membres de l’AKP, ainsi que les médias pro-Erdoğan avaient diffusé d’une façon insistante cette information : “ils sont entrés dans la mosquée avec des chaussures, ils ont consommé de l’alcool” allant jusqu’à « ils ont forniqué dans les recoins”.
Voici les images ce cette soirée où selon certains c’était la “grosse teuf” :
Fuat Yıldırım, l’imam de la mosquée, présent sur place ce soir là, avait démenti avec insistance cette thèse. Interrogé, ensuite pris en entretien, il n’en avait pas démordu de sa version. l’Imam et le Moufti de Beyoğlu qui l’avait soutenu ont été tous les deux mutés depuis.
Lors du dernier acte de ce procès, les témoignages des unEs et des autres, ainsi que les employés de sécurité de la mosquée, expliquant que la porte n’avait pas été cassée, mais que quand la foule a voulu se réfugier, à l’abri des gaz, le loquet de porte s’était brisé… Qu’ils avaient protégé les tapis en déroulant d’autres tapis de paille. En effet, quand on voit la panique qui a poussé les gens à chercher refuge, mals en point à cause les gaz, ou blesséEs, on comprend tout de suite qu’il n’a pas été facile de demander à chacun de se déchausser…
Visiblement ce procès tombe à pic…
En pleine période électorale, pouvoir étaler sur les télévisions et dans la presse muselée, à nouveau, des accusations contre des “voyous”, les “çapulcus” (prononcer tchapouldjou), c’est “pain béni”, comme on dirait ici.
C’est une façon de montrer du doigt ceux et celles qui sont censéEs demander les “suffrages” en novembre, puisqu’une majeure partie des opposants de Gezi a rejoint les rangs de l’opposition démocratique ou la soutient. Et personne ne s’étonnera qu’aucune enquête sérieuse n’ait avancé sur les exactions policières, les blessures et les “assassinats”, puisqu’il y a eu des tués durant ces événements qui ont démarré le 28 mai 2013.
L’Etat règle ses comptes, efface ceux qu’il devrait rendre, et la justice aux ordres passe en condamnant à la vindicte des pro AKP et des ultra nationalistes, celles et ceux qui ce soir là, ont évité le pire ou sont venus en aide.