Un reportage de quelques minutes réalisé par des réfugiés syriens tourne sur les réseaux sociaux. Je suis tombée dessus parce que l’amie Maud Youlountas l’avait partagé sur une page facebook.
Le film présente un jeune couple syrien de la scène rock metal de Homs et raconte leur route vers l’exil jusqu’en Europe.
(Désolée video supprimée depuis)
Titillée par la qualité des séquences filmées par les jeunes eux mêmes, avec des téléphones portables s’il vous plait… et par leur allusion faite à “ce film qui ne serait pas terminé”… je cherche un peu.
Je ne cherche pas très longtemps.
Je découvre un documentaire d’enfer “Syrian metal is war”.
Malgré les conflits, les pressions religieuses et politiques une communauté heavy métal existe bel et bien dans le Moyen Orient.
En Syrie… c’est pareil.
Armé d’un téléphone portable et d’un appareil photo emprunté, un jeune Syrien cherche refuge dans un rockumentary.
Monzer, jeune graphiste s’est fait presque avaler par la guerre en une journée de mois d’août de 2011…
Monzer a grandi dans les environs de Hama…
Monzer a fui la violence, la crainte, et les questions du genre : “pourquoi ne pas choisir un côté ?”, “pourquoi ne pas prendre les armes”, “pourquoi ne pas s’échapper”… à travers la musique. Il n’est pas le seul. Ils sont nombreux à chercher un refuge émotionnel à travers la musique. Il a vécu des concerts de heavy-metal près du front, c’est pour dire…
Le jeune homme a décidé donc de filmer comment cette alternative communautaire, ses musiciens, ses fans, survivaient au milieu de la guerre civile.
Bande annonce (en anglais) 1:40
Le heavy metal, avec sa poésie noire, tonitruante et violente a souvent résonné avec les expériences des jeunes, dans leur recherche de solidarité pendant des périodes de tension politique et sociale. Mais Monzer voulait montrer aussi, comment les “têtes de métal” de Syrie, se tournaient vers la musique, non pas seulement comme un moyen de tenir face à un traumatisme de masse mais aussi comme un moyen de mener un dialogue brutal mais honnête sur la façon de survivre la guerre, comme d’ailleurs leurs pairs en Irak et en Afghanistan.
Le résultat, est donc ce rockumentaire appelé “Syrien Metal is War” (Métal syrien est la guerre). Pour une grande partie de l’année dernière, Monzer a sillonné le pays pour filmer chaque musicien de métal qu’il pouvait trouver. Tout en sachant que ce film pourrait apporter emphatie et soutien, ou malheur et perte…
Darwish a grandi en écoutant du heavy metal de l’ Ouest, des bandes métalliques syriennes comme Nu.Clear.Dawn et The Hourglass, et de la musique arabe, et a essayé sa main au piano, oud et guitare. Il a découvert le métal après avoir écouté “la batterie” de Metallica pour calmer ses nerfs, et a depuis trouvé l’inspiration dans le travail de Samantha Escarbe de la Vierge Noire, Mikael Akerfeldt d’Opeth, et John Petrucci de Dream Theater.
Même avant que la guerre syrienne n’éclate, des responsables gouvernementaux et des dirigeants communautaires se déplaçaient pour disperser ces bandes et les scènes musicales qu’ils avaient montées. Ils n’ont pas été seulement des chanteurs à la poésie contestataire, qui dénonçaient la guerre et la corruption. Les autorités, comme celles de beaucoup d’autres pays du Moyen-Orient, ont accusé ces musiciens et leurs fans d’immoralité, et d’être des diables du culte métal.
Dans un interview qui remonte à avril 2014, Monzer expliquait “Parfois, je me suis trouvé obligé d’utiliser mon téléphone portable pour filmer en plein air dans les régions trop dangereuses du pays, car il est plus facile de se cacher dans le cas où je me ferais arrêter par les forces armées” “et parfois une caméra empruntée à un ami pour des entrevues intérieures et des images de concert.”
Monzer Darwish a recueilli d’innombrables documents avec les moyens du bord suivant ses déplacements. “Le manque d’électricité est vraiment gênant” disait-il. “Pendant un moment je me suis même trouvé allant d’une ville à l’autre juste pour suivre l’électricité … en prenant le risque de me faire envoyer en l’air avec mon équipement et enregistrements.”
Le film de Monzer est un documentaire rare et important, car il témoigne de l’interpénetration de divers conflits sur le même terrain. La guerre d’être musicien de heavy metal dans un pays .…… comme la Syrie. Et la guerre syrienne elle-même.
Pourquoi donc Monzer a‑t-il pris autant de risques pour monter ce film ? Il dit que ça vaut le coup de documenter comment les factions belligérantes du pays poussent les jeunes à se joindre à la lutte, et à l’inhumanité de la guerre, au lieu de choisir de préserver l’humanité pacifiquement, à travers l’art.
Aujourd’hui il est en Europe. “J’ai réalisé que j’étais un exilé, seulement en arrivant ici” disait-il dans son dernier reportage.
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Bande annonce longue (en anglais) 5:47