Ils sont de tous âges, majori­taire­ment jeunes… Etu­di­ants, retraités, ouvri­ers, enseignants, com­merçants, arti­sans, artistes. Ce sont des amoureux, des mères, des pères, par­fois par­tis en cou­ple. Mais ils ne sont pas des incon­nus. Ils sont nos soeurs, nos frères, nos enfants, nos par­ents, nos amis et voisins. L’U­nion des Médecins de Turquie con­firme ce matin :

ils sont 105 120 128 à avoir été fauchés par la mort.

Nous sommes une foule à crois­er leurs regards sur des pho­tos, à nous arrêter sur leur sourire, à voir les vides lais­sés der­rière, à penser aux proches, aux amis effondrés.

Nous sommes effon­drés, nous sommes en colère et infin­i­ment tristes.

Pen­dant que cer­tains d’en­tre nous ressen­tent leur coeur se rem­plir d’une vague qui gon­fle, qui gon­fle, qui est sur le point de se bris­er, d’autres rem­plis­sent les rues en ce moment même. Et la réponse est encore une fois, répres­sion et violence.

Rien d’é­ton­nant pour une police qui selon les témoignages, était plutôt absente avant l’at­ten­tat, et arrivée sur le lieu de car­nage a attaqué les rescapés, blessés et morts…

C'est la police qui arrive, et non les ambulances...

Les ambu­lances sont atten­dues mais c’est la police qui arrive…

Avant de crois­er les yeux de celles et ceux qui sont par­tis, faisons un petit retour sur les raisons qui les avaient réu­nis à Ankara. Comme souligne Eti­enne Copeaux à juste titre dans son arti­cle “A Ankara, on a frap­pé un vaste mou­ve­ment de société”, le rassem­ble­ment du 10 octo­bre à Ankara relayé par les médias français d’une façon insis­tante comme un “meet­ing kurde” devait en réal­ité con­cré­tis­er un vaste mou­ve­ment d’op­po­si­tion au pou­voir d’Er­do­gan et de l’AKP avec trois mots d’or­dre : démoc­ra­tie, paix et tra­vail. L’ap­pel était fait par 4 organ­i­sa­tions : DISK [la prin­ci­pale cen­trale syn­di­cale du pays], KESK [Syn­di­cat des fonc­tion­naires et secteur pub­lic], TTB [Union des médecins], TMMOB [Union des archi­tectes et ingénieurs], toutes les com­posantes de l’op­po­si­tion sociale et non pas spé­ci­fique­ment kurdes.

Toutes ces per­son­nes se rendaient donc à Ankara pour revendi­quer les plus fon­da­men­taux de leurs droits.

Avant le départ, Dicle pub­li­ait un self­ie avec ses com­pagnons de route :

Nous arrivons à Ankara pour apporter la PAIX”

dicle-tweet

Et à Ankara deux bombes ont explosé…

Un témoignage :

Voilà l’im­age d’Ankara. La jeune femme était morte sur le coup. Entre des dizaines de corps à terre, l’homme dont la jambe est cassée, la tenait dans ses bras. Je lui ai demandé, pour l’é­vac­uer à l’hôpi­tal si la femme était son amie. Il m’a répon­du “ma cama­rade”. Je n’ai pas pu les sépar­er un long moment.

Que s’est-il passé après ? 

La police a envoyé des gaz lacry­mo sur ce paysage…

 les-camarades-ankara-attentat

Nous n’avons pas oublié les 33 sourires dis­parus à Suruç… L’at­ten­tat d’Ankara est bel et bien dans la con­ti­nu­ité de Suruç. Les sourires de celles et ceux qui sont morts pour la paix à Ankara, res­teront eux aus­si à tout jamais gravés dans nos espoirs et nos luttes.

Gardez le rire de Şeb­nem et tous les sourires suiv­ants dans votre mémoire, à jamais.

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Hommage à celles et ceux qui luttaient pour la paix, la liberté et la démocratie.

Abdul­lah Erol, Abdulse­lam Çetin, Abdül­bari Şen­ci, Abdülka­dir Uyan, Adil Gür, Ahmet Elhadi/Alkhadi, Ahmet Katurlu, Ali Deniz, Ali Deniz Uzat­maz, Ali Kitapçı, Aycan Kaya, Ayşe Deniz, Azize Onat, Başak Sidar Çevik, Bedriye Batur, Berna Koç, Bil­ge­han Kar­lı, Bil­gen Par­lak, Binali Kork­maz, Can­berk Bakış, Cemal Avşar, Deri­ci Erbasan, Dicle Deli, Dilan Sarıkaya, Dilaver Karhar­man, Ebru Mavi, Ekin Aslan, Elif Kan­lıoğlu, Emin Aydemir, Emine Ercan, Emir Ercan, Emre Karataş, Ercan Adsız, Eren Akın, Erhan Avcı, Erol Eki­ci, Fat­ma Esen, Fat­ma Eşe, Fat­ma Karab­u­lut, Fat­ma Karakurt, Fevzi Sert, Fey­at Deniz, Fil­iz Fat­ma Batur, Gazi Güray/Güral, Gökhan Akman, Gökhan Gök­bölü, Gök­men Dal­maç, Gözde Aslan, Gül­ba­har Ayd­eniz, Gül­ba­har Aydın, Gül­han Elmas­can, Güney Doğan, Hacı Kıvrak, Hacı Mehmet Şah
Hakan Dur­sun Akalın, Hasan Baykara, İbrahim Atıl­gan, İdil Güney, İhs­an Deniz, İsm­ail Kızılçay, İzzettin Çevik, Kasım Otur, Kemal Tay­fun Benol, Kenan Mak, Kork­maz Tedik, Kubi­lay Ankara, Kübra Meltem Mol­laoğlu, Ley­la Çiçek, M.Veysel Atıl­gan (9 ans), Mehmet Ali Kılıç, Mehmet Hay­ta, Mehmet Tey­fik Dal­gıç, Meryem Bulut, Mesut Mak, Metin Kürk­lü, Metin Peş­man, Muhammed Zakir Karab­u­lut, Muham­met Demir, Murat Orçun Çalış, Necla Duran, Nevzat Sayan, Nevzat Özbil­gin, Nil­gün Çevik, Niyazi Büyük­sütçü, Niza­met­tin Bağcı, Nurgül Çevik, Nurul­lah Erdoğan, Onur Tan, Orhan Altın­taş, Orhan Işık­taş, Osman Ervasa, Osman Turan Boza­cı, Özver Gökhan Arpaçay, Ramazan Tunç, Ramazan Çalış, Ramazan Çalışkan, Ramazan Çelik, Resul Yanar, Rıd­van Akgül, Sabri Elmas, Sarıgül Tüylü, Selim Örs, Ser­dar Ben, Ser­dar Gül, Sev­gi Öztekin, Sevim Şinik, Sey­han Yay­lagül Yıldız, Sezen Vur­maz Babatürk, Şeb­nem Yurt­ma, Şirin Kılıçal, Tekin Aslan, Umut Tan, Uygar Coşkun, Ümit Sey­lan, Vahdet Öyke, Vahdet­tin Uzgan, Vedat Erkan, Yunus Derice, Yıl­maz Elmas­can, Ziya Saygın.…


deuilUn hommage particulier

à Ali Kitapçı, com­pagnon anarchiste.

Ne sois pas inqui­et, le flam­beau est repris.
Les comptes seront demandés.
Ni par­don, ni oubli !

Nous envoyons notre sou­tien à ta famille, tes proches et tes ami(e)s.

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Mer­ci à celles et ceux qui ont fait et qui con­tin­u­ent à faire le tra­vail de recherche et de partage à la mémoire des vic­times d’Ankara…
Si vous souhaitez com­pléter les noms et les pho­tos, n’hésitez pas à pren­dre con­tact avec nous.

A con­sul­ter absol­u­ment, cette paru­tion qui donne à lire les par­cours de vie, les par­cours mil­i­tants ou non des vic­times, et en dit beau­coup plus sur la nature de la con­ver­gence qui se fai­sait à Ankara. Con­ver­gence que le régime AKP ne pou­vait tolérer.

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Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.