De plus en plus de témoignages con­cor­dants ten­dent à dénon­cer la présence, au sein des forces de répres­sion à l’oeu­vre en ter­ri­toire à majorité kurde, de tueurs, dont les méth­odes bar­bares sont inspirées large­ment de celles de Daesh.

Quelle dif­férence, me direz vous, entre un meurtre par balle et un meurtre “avec tor­ture” ou “pro­fa­na­tion des corps” ? C’est la “guerre”.…

De la même façon que “le viol de guerre” est devenu une pra­tique “mon­di­al­isée”, qui vise l’i­den­tité même des pop­u­la­tions con­tre lesquelles elle s’ex­erce, (en plus de leur car­ac­tère igno­ble­ment sex­iste),   jouant sur les rap­ports cul­turels et la désagré­ga­tion des codes des rap­ports hommes femmes (déshon­neur, souil­lure, descen­dance hon­teuse.…), les exé­cu­tions avec muti­la­tion des corps touchent au plus pro­fond et s’éri­gent en pra­tique récurrente.

On sait que pour Daesh, les méth­odes, bien que vague­ment “jus­ti­fiées” par des pré­ceptes religieux, sont avant tout ter­ror­istes, en direc­tion des pop­u­la­tions qu’ils con­trô­lent et des médias qui propa­gent leurs crimes.

Là, dans le kur­dis­tan turque, c’est autant la volon­té de ter­roris­er que de nier l’ex­is­tence de celles et ceux con­tre lesquels cette ter­reur s’ex­erce. Le Kurde doit dis­paraître. Il y a une démarche géno­cidaire latente dans cette vio­lence et cette hor­reur montrée.

On imag­ine dif­fi­cile­ment que cette inten­tion “géno­cidaire” ait gag­né l’ensem­ble des forces de répres­sion turque, surtout que l’ar­mée reste dans une très grande part une armée de con­scrip­tion. On imag­ine dif­fi­cile­ment égale­ment que la total­ité de l’E­tat major soit acquis à l’ul­tra nation­al­isme dans sa forme la plus meur­trière, ou aux pré­ceptes de Daesh.

Quelle est donc la nature, la con­sti­tu­tion, le recrute­ment, de ces forces spé­ciales qui inter­vi­en­nent en ce moment et sont respon­s­ables de ces meurtres, actes de bar­barie  et mis­es en scène ?

Cer­tains par­lent de “mer­ce­naires” sup­plétifs, de forces de répres­sion qui se dis­simu­lent, de tenues et apparences qui feraient penser à des transfuges de Daesh.

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On peut facile­ment imag­in­er que des pop­u­la­tions même “vic­times” de ces crimes de guerre, cherchent à com­pren­dre et ne veuil­lent pas accepter d’emblée qu’il s’agisse de forces “nor­males”, de batail­lons de l’ar­mée ou de gen­darmes. Les exem­ples dans le passé de vil­la­geois tués en masse, de vil­lages incendiés par l’ar­mée afin d’en accuser le PKK ne man­quent pour­tant pas. Les manip­u­la­teurs du MIT n’en sont pas à leurs pre­mier coup tor­du. On peut sans se tromper trou­ver leur “pat­te” dans une par­tie de la dif­fu­sion médi­a­tique de ces crimes.

Le corps sup­pli­cié de Haci Lok­man Bir­lik, les qua­tre jeunes de Bis­mil, tor­turés et sup­pli­ciés eux aus­si, dont la tête a été “arrachée”, et qui ont fait l’ob­jet de pub­li­ca­tion d’abord sur les réseaux soci­aux par les bour­reaux, font dire qu’il y a une volon­té, soit en lais­sant faire, soit en instru­men­tal­isant des mil­i­taires par­ti­c­ulière­ment “géno­cidaires”, de ren­dre cette guerre telle­ment sale et “raciste” que le PKK ne pour­rait plus s’en tenir à une statégie d’au­to défense, mais de fait quit­terait défini­tive­ment le ter­rain de la demande de retour aux négo­ci­a­tions. On peut sans se tromper dire que le gou­verne­ment Erdo­gan fait tout pour qu’une guerre totale soit “jus­ti­fiée”.

Quels sont les instru­ments de répres­sion d’E­tat, les ser­vices, les “mer­ce­naires” qui seraient à l’oeu­vre sur le ter­rain, au sein des troupes dites “régulières” ? Les choses sont ain­si faites et dis­simulées qu’il n’est pos­si­ble pour l’in­stant que d’émet­tre des hypothès­es, à par­tir des  témoignages.

Ce qui est cer­tain, c’est que cette stratégie de ter­reur est un choix de long terme, quel que soit l’épisode élec­toral. Le sou­tien inter­na­tion­al dont jouit Erdo­gan ne peut que l’en­cour­ager dans sa volon­té de “solu­tion finale” de la “ques­tion kurde” en Turquie.

Et nous voilà à “com­menter” l’hor­reur, encore une fois, dans l’in­dif­férence des “poli­tiques” européens, et le peu de mobil­i­sa­tion ou d’indig­na­tion que cela sus­cite ici pour le plus grand dés­espoir et la plus grande incom­préhen­sion des Kur­des et Turcs qui com­bat­tent là bas pour la paix civile.

Les préoc­cu­pa­tions “nationales” étroites  ou “euro­cen­trées”, l’emportent sur la prise de con­science néces­saire des men­aces de chaos poli­tique qu’en­gen­dreront à très court terme les Munich à répéti­tion dans la région.

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