De rares chaînes de télévi­sion, des jour­nal­istes présents dans les zones que les forces spé­ciales turques “net­toient”, des avo­cats des droits de l’homme,  font par­venir des témoignages sur ce qui porte un nom depuis le tri­bunal de Nurem­berg : des crimes de guerre.

Ces crimes se déroulent en temps réel, à quelques mil­liers de kilo­mètres d’i­ci, et cer­tains sont même vis­i­bles en vidéo sur les réseaux soci­aux du monde entier. Ces crimes se déroulent alors que le Roi des Belges en décore le com­man­di­taire, et que celui-ci a les hon­neurs d’une récep­tion européenne.

Il ne sera pas pos­si­ble de tran­scrire toutes ces scènes de crime.… Mais relay­er sur les réseaux soci­aux ici au max­i­mum per­me­t­tra de ren­dre irrecev­able le “on ne savait pas” qui ne man­quera pas d’être opposé aux protestations.

Un peu­ple mar­tyr subit une agres­sion “puni­tive” pour que l’Eu­rope puisse jus­ti­fi­er sa soit dis­ant lutte “con­tre le ter­ror­isme”, via un de ses mem­bres de l’Otan a qui elle a don­né un per­mis de tuer en échange d’arrange­ments de coins de table sur la ques­tion des réfugiés et qu’elle voudrait bien voir garder le pou­voir, par souci géo stratégique.

Vous trou­vez ces mots trop forts ? Lisez ces quelques témoignages au hasard :

Je ne sais pas com­ment je peux écrire, com­ment je peux com­mu­ni­quer. Je vais essay­er de vous trans­met­tre ce qu’un avo­cat du bar­reau de Diyarbakir dis­ait encore, en direct, sur les infos de la chaîne IMC TV.

Ce matin, deux jeunes arrêtés à Sil­van, ont subi des tor­tures impens­ables dans le véhicule de la police sur la route de 70km entre Sil­van et Diyarbakir. Bat­tus sans arrêt, par­ties géni­tales ser­rées, frap­pés par la crosse des Kalash­nikov, et c’est dif­fi­cile à dire, un des jeunes a été vio­lé par une Kalash­nikov. C’est atroce, c’est ter­ri­ble, ça suf­fit main­tenant… Vrai­ment cet Etat a anéan­ti notre humanité.

Et l’avocat dit, « Nous n’arrivons pas à faire enten­dre au monde, ces tor­tures et mas­sacres com­mis … par l’Etat. Ami(e)s poli­tiques [engagé(e)s poli­tique­ment] d’Europe, de Turquie, nous avons besoin de nous faire enten­dre. » C’est ce que l’avocat Muhar­rem Erbey dit.

capture-message-silvan

carte-turquie-silvanPour l’info,  Sil­van, la plus grande com­mune de Diyarbakir avec 100 milles habi­tants, était sous cou­vre feu depuis 4 jours et offi­cielle­ment celui-ci serait ter­miné aujourd’hui.

Une délé­ga­tion de 20 avo­cats dont Muhar­rem Erbey, s’est ren­due à Sil­van avant la fin du cou­vre feu. Leurs obser­va­tions aboutit aux mêmes con­stats : Tech­niques de sièges habituelles, coupure d’eau, d’électricité, pas de pain…

carte-turquie-nusaybinPar ailleurs, Nusay­bin (Mardin) est tou­jours sous le feu. Une famille d’une quin­zaine de per­son­nes s’est trou­vé coincée dans la cave de leur mai­son, dans le quarti­er Firat. La mai­son s’est écroulée suite aux tirs de lance roquettes, et la famille s’est réfugiée dans la cave. Les forces de sécu­rité ont réitéré leurs tirs, en détru­isant totale­ment la mai­son, alors que la famille était tou­jours dessous. Selon les voisins, dans le groupe il y avait des enfants, des bébés. Les voisins sont dés­espérés, car ils ne peu­vent pas sor­tir pour dégager les sur­vivants, s’il y en a, car les snipers les en empêchent.

Dans l’Ouest de la Turquie, c’est l’omer­ta sur la majorité des médias soumis à pres­sion d’E­tat, voire men­acés directe­ment d’at­teintes à la vie. Les jour­nal­istes sont empêchés de faire le tra­vail, comme dans le cas d’un jour­nal­iste de télé à Sil­van, qui s’est, retrou­vé avec l’arme de la police sur la tempe.

ahmet-hakanPas mieux à Istan­bul. Ahmet Hakan, jour­nal­iste renom­mé du CNN-Türk avait été roué de coup devant son domi­cile dans la nuit du 30 octo­bre. Qua­tre sus­pects avaient été arrêtés. Le jour­nal­iste avait été déjà men­acé à plusieurs repris­es. « Star », un jour­nal pro AKP était allé jusqu’à pub­li­er à son sujet « la pitié valait au jour­nal­iste d’être encore en vie, et non écrasé comme une vul­gaire mouche » et Abdur­rah­man Boyukalin, député AKP, avait sans crainte déclaré qu’il «« l’attendrait devant chez lui pour lui dire qu’il aurait dû depuis longtemps  le cor­riger physique­ment ».

Les deman­des de pro­tec­tion du jour­nal­iste étaient restées sans réponse.

Nous apprenons aujourd’hui que les 3 des 4 agresseurs ont été relâchés.

Un cli­mat de haine règne dans le pays, un peu partout. Les députés AKP et MHP ne se privent pas de men­ac­er les jour­nal­istes. Erdo­gan lui même profère des accu­sa­tions et men­aces publiques, comme pour le Hold­ing Dogan, qu’il accuse d’être au ser­vice du ter­ror­isme, en pointant ses pub­li­ca­tions sur le HDP.

silvan-diyarbakir-05102015

Nous pour­rions en écrire davan­tage, les témoignages étant nom­breux. Mais il se trou­verait de bonnes âmes pour dire “c’est la guerre”, en réac­tion à une accu­mu­la­tion d’horreurs.

Eh bien oui, c’est la guerre. Et ce qui est éton­nant, c’est que le pre­mier min­istre Davu­to­glu demande qu’une enquête soit menée sur la façon dont ces crimes sont “relatés”, et non sur les crimes mêmes.

Mais au fait, s’il est au courant, pourquoi ici les dirigeants poli­tiques paten­tés l’ignorent-ils ?

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