Suite à l’appel du “Barış Bloku” (Block de la Paix, une coalition de plus de 80 organisations de société civile et des citoyens), sous le mot d’ordre « L’AKP veut la guerre, c’est nous qui construirons la paix », un important meeting s’est déroulé à Bakırköy à Istanbul.
De milliers de personnes se sont réunies sous la surveillance des forces de l’ordre, déployées jusqu’aux toits du Palais de Justice avoisinant la place de Marché public de Bakırköy. Entourés de blindés et canons à eau, sous la chaleur aoûtienne les participants ont crié « basta » à la politique de guerre de l’AKP, aux morts aussi bien soldats que guérillas et ont revendiqué la paix.
Contrairement au meetings précedents, le meeting n’a pas été interdit comme celui du 27 juillet à Istanbul, et la police n’a pas chargé comme à Ankara… Tout s’est déroulé donc sans incident.
La manifestation a débuté par une minute de silence faite à la mémoire de celles et ceux qui ont perdu leur vie pour la paix.
Le porte parole du “Barış Bloku” Gençay Gürsoy a pris parole et lu un communiqué unitaire. En soulignant que l’organisation a prit naissance contre les politiques de guerre de la Turquie contre la Syrie, et il a précisé que le pays s’est retrouvé divisé en deux sur les valeurs politiques, morales et de conscience individuelle..
Nous sommes témoins des scènes qui ne fait pas envier les années 90. Un policier, demande aux jeunes turcs qu’il a forcé à coucher au sol et menottés, « que vous a‑t-il fait cet Etat ? ». Qu’a‑t-il fait ? Dressent, Maraş, Çorum, Sivas, Gazi, Gezi, Roboski, Suruç… voulez-vous qu’on ajoute d’autres ? Nous savons ce que la guerre coûte en vies humaines et nous disons d’une seule voix, non à la guerre.
Les slogans tels que « Non à la guerre, la paix, tout de suite, maintenant ! », « Daesh assassin, AKP complice », « l’AKP veut la guerre, le peuple la paix », « Les femmes ne laisseront pas faire la guerre » ont été scandés.
Des proches de victimes ont également pris la parole pour apporter leurs témoignages et soutien avec leurs propres mots .
Döndü Engin, membre des “Mères de la Paix”, une maman qui a perdu ses deux enfants :
Je ne suis ni avocate, ni écrivaine, ni ministre… je suis une mère. Pour l’amour de Dieu, arrêtez le sang qui coule. Que ni policiers, ni guérillas meurent. Ca suffit, jusqu’à quand nous allons continuer à mourir ? Je demande aux mères de policiers et soldats, pourquoi vous vous taisez ? La perte d’un enfant est la plus grande douleur. Au Nord, à l’Ouest, à l’Est, au Sud, partout les larmes des mères sont les mêmes. Venez, apportons la paix avant que cela soit trop tard. La guerre est comme l’hiver, elle gèle tout, la paix est comme l’été, les fleurs éclosent partout. Nous voulons vivre ensemble, ils ne nous écoutent pas. Comme Pir Sultan Abdal disait « bir olalım pir olalım » (soyons un, soyons grand). Qu’ils ne sacrifient plus nos enfants pour des biens matériels de ce monde.
Murat Budak, le père de Vatan, victime de l’attentat de Suruç, s’est aussi exprimé
Bonjour les camarades, je salue tout le monde au nom des victimes et blessés de Suruç. Ils ont massacré cruellement nos enfants, ils en ont blessé des dizaines. En tant que père qui a perdu son enfant je suis debout. L’un meurt, plusieurs se mettent debout. Nous n’allons jamais oublier ce massacre inhumain. tout le monde peut faire ce qui est facile, le plus important est de réaliser le plus difficile. Nous allons faire ce qui est difficile. Nous sommes le peuple, les peuples ne plie pas. Nous allons réussir. Şehid namırın (en kurde : les martyrs ne meurent pas)
Selahattin Demirtaş, co-président du HDP s’est également exprimé et fermé le meeting, en appelant à la paix, à vivre ensemble, et ne pas laisser faire l’AKP.