Kedis­tan pub­lie l’in­té­gral­ité de ce dis­cours, à titre infor­matif, pour plusieurs raisons.

D’une part, le dis­cours pronon­cé lors de la ces­sion du 28 juil­let 2015 à l’Assem­blée Nationale turc, a été cen­suré sur la total­ité des médias pro-gou­verne­ment ou non, sauf IMC TV qui l’a trans­mise inté­grale­ment et en direct. Une par­tie des vidéos pub­liées sur Inter­net ont été égale­ment sup­primées. Kedis­tan défend la lib­erté d’ex­pres­sion. A bas la censure !

Par ailleurs, c’est la pre­mière fois qu’un politi­cien kurde déjoue les pièges com­mu­nau­taristes en Turquie et se pose en acteur poli­tique pour l’ensem­ble du pays, donc ce dis­cours prend une enver­gure his­torique, ce qui explique la censure…


Le discours de Selahattin Demirtaş, le co-président du parti HDP en réunion de son groupe parlementaire le 28 juillet 2015

(Traduit collectivement et bénévolement par les sympathisants du HDP)

Cher-e‑s ami-e‑s, cher-e‑s invité-e‑s, cher-e‑s mem­bres de la presse,

Tout d’abord, je voudrais saluer chacun‑e d’entre vous, vous souhaiter la bien­v­enue, mer­ci à tous d’être venus.

Cher-e‑s ami-e‑s, ceci est la pre­mière réu­nion de tra­vail de notre groupe par­lemen­taire ouverte à la presse. Qu’elle soit bonne et béné­fique pour tous nos peu­ples, pour tous ceux qui ont placé leur espoir en nous pour défendre la paix et la lib­erté. Je félicite à nou­veau tous mes cama­rades élus. Je souhaite à cha­cun d’entre vous de réus­sir votre man­dat. Que Dieu nous aide tous. Une péri­ode dif­fi­cile com­mence. Notre tâche est ardue. Mais je n’en doute pas, nous réus­sirons. Je nous souhaite à tous d’être à la hau­teur et d’accomplir nos devoirs.

Six mil­lions d’électeurs nous ont man­datés pour la paix

Cher-e‑s ami-e‑s,

Durant la péri­ode élec­torale, nous avons tous vu, vécu, débat­tu ensem­ble des dan­gers qui menaçaient la Turquie. Nous avons tra­vail­lé, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour expli­quer aux peu­ples ce que nous espéri­ons pour la Turquie, ce que ces élec­tions sig­nifi­aient. On l’a fait comme on le pou­vait, avec nos moyens, avec sincérité. Nous avons dit claire­ment ce que nous avions comme pro­jet à nos électeurs, à nos frères et sœurs, à nos conci­toyens. A l’arrivée, nos conci­toyens se sont ren­dus aux urnes pour exprimer leur volon­té, mal­gré des con­di­tions très hos­tiles et iné­gal­i­taires. Nous avions en face de nous un adver­saire qui mobil­i­sait tous les moyens de l’Etat, tous les fonds publics pour faire sa pro­pre cam­pagne. Mal­gré cela, nous avons obtenu 13 % des voix, six mil­lions d’électeurs ont voté pour nous, nous ont fait l’honneur de men­er ici, à l’Assemblée nationale pour défendre la jus­tice, la démoc­ra­tie, la paix, pour pren­dre la par­tie de ceux qui sont opprimés, exploités, des pau­vres, des femmes, des jeunes. C’est pour cela que nous avons été mandatés.

Respecter la volon­té des électeurs

Cher-e‑s ami-e‑s,

Cer­taines dif­fi­cultés que nous avons vécues lors de la péri­ode élec­torale ont été relayées dans les médias. Mais vous, qui tra­vaillez sur le ter­rain, vous avez expéri­men­té tout cela de très près. La cam­pagne élec­torale a été très dif­fi­cile. Mal­gré cela, nous avons tou­jours affir­mé que nous nous incline­r­i­ons devant les résul­tats, quels qu’ils soient. Notre par­ti, le HDP a tou­jours dit que même s’il restait en deçà du bar­rage des 10 % [ndt. en Turquie, un par­ti doit obtenir au moins 10% des votes au niveau nation­al pour pou­voir faire entr­er un député au Par­lement. En deçà de ces 10 % au niveau nation­al, les votes exprimés pour le par­ti ne comptent pas], il accepterait son sort. Nous avons dit: même si nous ne pou­vons pas entr­er à l’Assemblée nationale, nous con­tin­uerons de tra­vailler, nous essayerons à nou­veau, nous estimerons que c’est de notre faute, que c’est à nous de nous amélior­er. En tant que dirigeants du Par­ti, nous nous sommes même engagés à démis­sion­ner en cas d’échec, à céder nos places à d’autres cama­rades, pour pour­suiv­re le com­bat démocratique.

Sou­venez-vous, à cette péri­ode, le Pre­mier Min­istre alors en place [du par­ti AKP] fai­sait aus­si cam­pagne, et nous lançait des mis­es en garde en dis­ant : « atten­tion, si vous n’arrivez pas à franchir le bar­rage des 10 %, il ne faut pas venir pleur­er. Engagez-vous dès à présent à respecter la volon­té des électeurs. Quel que soit le résul­tat des urnes, soyez prêts à l’accepter ».

Ceci est un Coup d’Etat

Pourquoi je rap­pelle tout ça, cher-e‑s ami-e‑s ?

Ceux qui ont déclaré qu’il ne pou­vait y avoir de volon­té indi­vidu­elle au-delà de la volon­té de la nation, ceux qui ont dit « nous sommes arrivés au pou­voir grâce à la volon­té de la nation, si la nation veut notre départ, nous par­tirons », ceux qui, depuis treize ans, [ndt. AKP est au pou­voir depuis 13 ans] n’ont cessé de répéter le car­ac­tère sou­verain de la volon­té de la nation, du peu­ple, des urnes dont ils tiraient leur légitim­ité, ceux-là ont décidé aujourd’hui de con­trevenir à la volon­té du peu­ple, de nier les résul­tats des élec­tions, de faire un Coup d’Etat, de for­mer un gou­verne­ment de junte.

Notre pays s’en est sor­ti haut les mains des élec­tions lég­isla­tives du 7 juin. La société a fait son devoir, nos conci­toyens se sont ren­dus aux urnes. Mal­gré de nom­breuses ten­ta­tives de fraude, et d’irrégularités dans des bureaux de vote, nos conci­toyens ont voté. Le taux de par­tic­i­pa­tion était l’un des plus élevés de toute l’histoire de la République. Ces votes ont don­né lieu à un nou­veau Par­lement. A tra­vers leurs votes, les électeurs de ce pays ont demandé un gou­verne­ment de coali­tion [ndt. AKP a per­du la majorité absolue aux élec­tions du 7 juin, et n’est pas en mesure de for­mer un gou­verne­ment tout seul]

Mais, ceux qui, depuis 13 ans, nous rabâchent qu’ils sont arrivés au pou­voir par la volon­té nationale, ceux qui dis­ent [ndt. Demir­tas se réfère à Recep Tayyip Erdo­gan] “je ne recon­nais aucune tutelle, je ne recon­nais aucune ten­ta­tive de Coup d’Etat, moi j’ai lut­té con­tre les Coups d’Etat, je n’en tolér­erai aucune”, ceux-là même renient tous ces principes qu’ils fai­saient mine de défendre, devant le suc­cès élec­toral du HDP. Ils vien­nent de faire un Coup d’Etat. Après le 7 juin, con­tre la volon­té du peu­ple, en Turquie, nous avons assisté à un coup d’Etat de Recep Tayyip Erdo­gan. Actuelle­ment, nous avons une junte civile qui a pris pos­ses­sion des organes exé­cu­tifs, allant con­tre la volon­té du peuple.

Ils n’ont aucune légitim­ité. Leur pou­voir est illé­gal. D’où tirent-ils leur pou­voir, leur légitimité?

Le gou­verne­ment en place n’est pas légitime

Les déci­sions qu’ils pren­nent en ce moment même, comme celles de men­er le pays à la guerre, ou de nom­mer des hauts fonc­tion­naires d’Etat, ou encore d’engager des dépens­es sur des fonds secrets d’Etat… Sur quoi les fondent-ils ces déci­sions? Le 7 juin, les électeurs vous ont retiré ce pou­voir. Depuis le 7 juin, vous n’avez pas la majorité pour for­mer un gou­verne­ment à vous seuls. Depuis le 7 juin, vous n’êtes pas autorisés à pren­dre ce genre de déci­sions tous seuls. Ceux qui agis­sent ain­si ont claire­ment fait un Coup d’Etat qui pié­tine les résul­tats des dernières élec­tions du 7 juin. Nous en sommes là.

Et il y a aus­si les suiveurs de ce Coup d’Etat. Ceux qui se dis­ent nation­al­istes [ndt. Demir­tas se réfère ici au par­ti ultra-nation­al­iste de droite MHP] applaud­is­sent des deux mains ce Coup d’Etat sans honte, sans ver­gogne. Sou­venez-vous de ce qu’il [le chef du par­ti MHP] dis­ait avant les élec­tions, il dis­ait « si un mem­bre de notre par­ti se rend au Palais [du Prési­dent Erdo­gan], il sera radié ». C’était ça leur dis­cours aux nation­al­istes. Mais hier, au Palais, ils étaient tous en garde-à-vous devant le Président.

Alors? Vous disiez que vous alliez deman­der des comptes à Bilal [le fils du Prési­dent Erdo­gan qui sem­ble com­pro­mis dans divers­es affaires de cor­rup­tion], regardez, vous n’avez pas eu Bilal, mais vous avez fini par don­ner votre Hilal [ndt. allu­sion au crois­sant de lune, sym­bole du par­ti ultra-nation­al­iste MHP, qui se dit « hilal » en turc)

Notre seule faute est d’avoir obtenu 13% des voix

Cher-e‑s ami-e‑s, alors de quoi sommes-nous coupables ?

Quelle est notre faute ? C’est d’avoir obtenu 13% des voix aux élec­tions, d’avoir porté la volon­té du peu­ple aux urnes et d’avoir don­né lieu à la for­ma­tion d’un nou­veau Par­lement. A part cela, on ne peut nous imput­er aucun méfait. Nous avons lut­té pour la démoc­ra­tie, la fin des iné­gal­ités, pour que l’égalité et la lib­erté devi­en­nent nos modes de vie pérennes dans ce pays. C’est pour cela, c’est pour la paix que les électeurs ont man­daté nos 80 députés aujourd’hui présents dans l’Assemblée nationale. Et dès le pre­mier soir, dès le 7 juin, nous avons dit que nous étions prêts à servir la paix.

Mais ceux qui ont clamé depuis des années lut­ter pour la paix, pour la réso­lu­tion des con­flits, pour la fra­ter­nité et l’unité des peu­ples de ce pays; ceux qui ont solen­nelle­ment affir­mé qu’ils don­neraient leur vie pour la paix, en buvant de la ciguë, en devenant des mar­tyrs, ceux-là même nous ont démon­tré com­bi­en la paix ne sig­nifi­ait rien pour eux en vérité, une fois qu’ils ont per­du leur majorité absolue après le 7 juin. C’est ça le sens de ce Coup d’Etat.

L’ac­cord de Dolmabahçe était une chance inédite pour ce pays. Le Prési­dent l’a renié

Sou­venez-vous de l’accord de Dolmabahçe [ndt. en févri­er 2015 un accord avait été trou­vé entre les forces kur­des et représen­tants du gou­verne­ment turc en vue du désarme­ment et de la paix. En mars 2015, le Prési­dent Erdo­gan a con­damné cet accord com­mun, en reni­ant notam­ment une quel­conque unité, ou entente entre les parties]

Des délé­ga­tions for­mées de nos députés, des représen­tants d’Imrali [ndt.référence à Abdul­lah Ocalan, le leader du PKK], des représen­tants du gou­verne­ment et des députés d’AKP ont fait une déc­la­ra­tion com­mune. Cette déc­la­ra­tion de Dolmabahçe avait été un tour­nant cru­cial pour l’histoire poli­tique turque. Cet accord, ce texte, ne sont pas à pren­dre à la légère. C’est quelque chose de très sacrée, très morale, très respectable. Je remer­cie encore une fois tous ceux qui y ont con­tribué. Chaque par­tie, que ce soit nos députés, les députés du AKP, les représen­tants du gou­verne­ment et surtout Mon­sieur Öcalan qui a ren­du pos­si­ble cette annonce à tra­vers sa ligne poli­tique ferme, cha­cun d’entre eux mérite nos remer­ciements. Car, à tra­vers cette déc­la­ra­tion, ils ont remis les clés de la paix aux peu­ples de Turquie. Ils ont libéré la paix prise en otage par toutes ces puis­sances qu’on qual­i­fie tan­tôt d’étrangères, d’obscures, de secrètes, d’agents provo­ca­teurs nationaux ou inter­na­tionaux. Bref ils ont écarté tous ceux qui ont été désignés comme les enne­mis de la paix à un moment don­né, et ils nous ont con­fiés cette paix à nous, aux peu­ples de Turquie. Voilà le sens de l’accord de Dolmabahçe. Cet accord n’était pas une trahi­son, ni une divi­sion du pays. C’était un man­i­feste, une feuille de route pour la fra­ter­nité, la libéra­tion de tous, la démoc­ra­tie et le désarme­ment. Et nous, forts du man­dat que le peu­ple nous a accordé après les élec­tions du 7 juin, nous avons voulu immé­di­ate­ment met­tre tout cela en œuvre. Nous avons dit que nous respecte­ri­ons ces principes quels que soient les par­tis qui allaient for­mer le gou­verne­ment. Nous avons apporté notre sou­tien à la paix et avons dit qu’on était prêt à col­la­bor­er avec tous les par­tis dans ce sens.

Le Prési­dent de ce pays ne désire pas la paix

Cher-e‑s ami-e‑s,

Nous avons tous suivi avec atten­tion com­ment ils se sont désol­i­darisés de l’accord de Dolmabahçe au bout d’une semaine, com­ment ils l’ont renié. Mon­sieur le Prési­dent a immé­di­ate­ment réprou­vé, con­testé cet accord, en allant même cri­ti­quer jusqu’à la pho­to où toutes les par­ties posaient ensem­ble. Il a même nié l’existence des pour­par­lers pour la paix, en déclarant que, de toute façon il n’y avait même pas de prob­lème kurde dans ce pays. Je le com­prends ceci dit. Il s’est fait con­stru­ire un somptueux palais. Il l’a riche­ment décoré. Il vient de s’y installer à peine. Il a des envies, des ambi­tions, il aime les titres, la gloire, le pou­voir, l’argent. Or la paix, la réso­lu­tion des con­flits internes, la démoc­ra­tie, tout cela sig­ni­fierait pour lui de per­dre tout ça. Donc, lui, je le comprends.

Mais j’ai beau­coup de mal à com­pren­dre tous ceux qui avaient apposé leur sig­na­ture à cet accord. Tous ces respon­s­ables d’Etat qui ont par­ticipé aux pour­par­lers, puis ont fait cette déc­la­ra­tion. Ils ont tra­vail­lé jour et nuit pour arriv­er à cet accord. Alors pourquoi l’ont-ils lais­sé tomber ? Comme nous, vous y avez passé du temps, don­né votre énergie. Nous n’avons rien fait d’illégal, ni d’immoral. Nous avons fait ensem­ble et publique­ment la promesse de la paix aux peu­ples de Turquie. Et nous n’étions qu’à un pas de la réal­i­sa­tion de cette promesse.

Il ne restait plus qu’une semaine pour que tout aboutisse. Aux mem­bres de l’AKP, au Pre­mier Min­istre à Mon­sieur le Prési­dent qui nous som­ment de faire des déc­la­ra­tions pour prou­ver encore et encore que nous sommes pour la paix. A ceux qui nous reprochent de nous nour­rir de ter­ror­isme, de sang, de con­flits, je voudrais rap­pel­er cet accord de Dolmabahçe. Il ne nous restait plus qu’une semaine, dix jours, pour résoudre de manière sta­ble et pérenne le plus gros prob­lème de la Turquie, pour arrêter le sang qui coule depuis 40 années. Nous avons tra­vail­lé, mené ces pour­par­lers pen­dant deux ans et demi. Il nous restait 10 jours pour aboutir. Pourquoi y avezvous renon­cé? Pourquoi vous n’annoncez pas publique­ment les raisons de votre désen­gage­ment de cet accord? Pourquoi, pourquoi y avez-vous renon­cé? Imag­inez-vous. Il y une organ­i­sa­tion armée, le leader de cette organ­i­sa­tion [référence à PKK et à Abdul­lah Öcalan] annonce qu’il va faire un appel à tous ses guéril­las, les rassem­bler dans la semaine qui suit dans un con­grès excep­tion­nel pour leur dire de dépos­er les armes défini­tive­ment. Nous, nous nous sommes réjouis de cette nou­velle. Pourquoi, vous, vous avez paniqué à cette nou­velle? Mon­sieur le Prési­dent, pourquoi avez-vous paniqué devant la per­spec­tive que le PKK dépose les armes? C’est vous qui avez empêché de dépos­er les armes ! On a l’impression que si aujourd’hui les mem­bres du PKK quit­taient leurs mon­tagnes pour dépos­er leurs armes, le Prési­dent Erdo­gan leur blo­querait le pas­sage, en leur dis­ant « mais je vous en prie, regag­nez la mon­tagne, pour­suiv­ez la lutte armée ». Car il n’a pas l’intention d’aboutir à la paix. Je le dis très claire­ment, il faut que ceci soit très bien com­pris par tous nos frères et sœurs, par nos conci­toyens, par tous ceux qui vivent en Turquie: le Prési­dent de ce pays a stop­pé le désarme­ment du PKK, a tout fait pour l’en empêcher.

Alors que nous étions par­venus à un point déter­mi­nant avec l’accord de Dolmabahçe, il a tout bal­ayé d’un revers de la main, en anéan­tis­sant tous les fruits des pour­par­lers. Il a mis fin au proces­sus de paix. Car, tous les sondages d’opinion lui ont démon­tré que si la paix se réal­i­sait, cela serait con­traire à ses intérêts, que la paix serait un obsta­cle pour lui, l’empêcherait d’obtenir le change­ment de la Con­sti­tu­tion au prof­it d’un régime prési­den­tiel, comme il le souhaite. Alors il s’est dit : « à quoi bon ces négo­ci­a­tions, ce proces­sus pour la paix si cela m’empêche d’instituer le régime présidentiel ? »

Ceux-là même qui nous qual­i­fient de traîtres à la patrie, de séparatistes, de ter­ror­istes, ont livré ce pays dans les flammes de leurs pro­pres mains.

Regardez, je l’ex­prime en jurant sur tout ce en quoi je crois, toutes mes valeurs sacrées. La sit­u­a­tion est aus­si claire que cela. Toute la pop­u­la­tion devrait agir en sachant cette vérité simple.

Il n’y a aucune men­ace séparatiste

Il n’y avait pas de men­ace de sépa­ra­tion, ni de guerre, cette men­ace n’ex­iste tou­jours pas. L’or­gan­i­sa­tion appelée PKK a aban­don­né la stratégie de sépa­ra­tion il y a 20 ans de cela. Il n’ex­iste pas de men­ace ni la peur de sépa­ra­tion dans le pays. Elle a annon­cé qu’elle allait faire un con­grès pour le désarme­ment. De quelle men­ace par­le-t-on? Il n’y avait donc pas de men­ace, la seule chose que vous deviez faire, la plus impor­tante et hon­or­able, c’é­tait de main­tenir les négo­ci­a­tions pour arriv­er à un résul­tat final en une semaine ou 10 jours. Main­tenant, si on avait fait la paix avec le PKK, si, de fac­to, la force du PKK n’é­tait plus une men­ace pour la Turquie, et c’é­tait pos­si­ble… Ça aurait pu arriv­er en févri­er. On aurait pu met­tre ça en œuvre de fac­to en mars. Qu’est-ce qui se serait passé dans ce cas, cher-e‑s frères et sœurs? Une Turquie qui aurait fait la paix avec le PKK, une Turquie qui serait sor­tie de la men­ace armée du PKK, elle aurait pu se met­tre à respir­er à l’in­térieur comme à l’ex­térieur, réfléchissez‑y. Ain­si, elle aurait pu devenir un acteur de la paix pour tout le Moyen Ori­ent. A ce moment-là, fal­lait-il se bat­tre con­tre l’EI? Cette Turquie qui aurait fait la paix avec le PKK, aurait pu se bat­tre, avec le PKK, con­tre l’EI.

Cela est poli­tique­ment pos­si­ble, est éthique­ment juste et légitime aux yeux de la pop­u­la­tion, on aurait pu donc le faire. Mais ils n’ont pas préféré ceci. Car Erdo­gan a bien dit qu’ils avaient besoin de 400 députés, don­nez-nous 400 députés et vivez sere­ine­ment, tout se passera bien, sans embrouilles, c’est ce qu’il a dit. Si vous ne les don­nez pas, il n’y aura pas de paix pour vous dans ce pays. Regardez, cher-e‑s ami-e‑s, nous avions prévu les délires qui nous attendaient quand nous nous étions fixés le but de franchir le bar­rage des 10 %. Et nous avons essayé de vous expli­quer lors de nos réu­nions, dans nos appels à notre peu­ple, com­ment, dans cette folie, ils allaient nous con­duire vers le feu.

Ağrı Diyadin, les provo­ca­tions pen­dant la péri­ode des élec­tions, l’at­ten­tat lors du rassem­ble­ment, pour la cam­pagne élec­torale à Diyarbakir, les attaques fas­cistes à Erzu­rum, les atten­tats à Adana, Mersin, les attaques con­tre les 176 per­ma­nences de notre par­ti. Tout cela était les signes de cette folie.

Toutes les vic­times sont nos frères et soeurs, nos enfants

Main­tenant, je suis sûr que les peu­ples de Turquie voient mieux dans quelle sit­u­a­tion ces gens sont capa­bles de nous plonger. Cher-e‑s frères et sœurs, nos mères qui ont envoyé leurs enfants faire leur ser­vice mil­i­taire, nos mères dont les enfants sont des policiers, leurs pères… Ce sont nos enfants, nos frères et sœurs. Les enfants des per­son­nes avec qui nous devons vivre en fra­ter­nité sur ces ter­res, nos frères. La mort d’un seul par­mi eux ne pour­rait nous faire sen­tir que de la douleur, que de l’amertume…

Ces jeunes ne meurent pas pour défendre la patrie, ils sont sac­ri­fés pour les intérêts du Palais présidentiel

Mais ces mères et pères devront savoir: ils n’en­voient pas ces enfants à la mort pour la patrie, c’est pour défendre le Palais que les cadavres de ces enfants arrivent entourés de dra­peaux turcs. Pour le Palais, pas pour la patrie. Cette patrie appar­tient à nous tous. Si elle est men­acée défendons-la ensem­ble, main dans la main. Si notre patrie est attaquée par l’en­ne­mi, lut­tons ensem­ble, nous l’avons déjà fait plusieurs fois dans le passé. Nous l’avons fait en 1071, dans les années 1920. Faisons-le ensem­ble encore une fois aujour­d’hui, défendons la patrie ensem­ble mais que per­son­ne ne nous demande de sac­ri­fi­er nos enfants pour les prof­its d’un par­ti, encore moins pour le règne et la puis­sance d’une seule per­son­ne. Vous devrez aus­si hauss­er votre voix.

Des enfants, ça ne s’élève pas facile­ment. Nous sommes, la plu­part, des par­ents. Nous voyons dans quelles dif­fi­cultés gran­dis­sent nos enfants.

Ne les sac­ri­fions pas pour les béné­fices d’un palais, ni pour ses ambi­tions ni pour son pou­voir. Il ne s’ag­it aucune­ment de la défense de la patrie. Il n’ex­iste pas de men­ace. Ce sont des tromperies. Alors que nous étions à un seul pas de la paix, au lieu de franchir ce pas et d’at­trap­er la paix, ils ont préféré cette méth­ode. En ce moment, cher-e‑s ami-e‑s, mal­heureuse­ment les corps des défunts arrivent de tout part. Ils arrivent des mon­tagnes, des val­lées, des villes, des vil­lages, des places publiques. Ils arrivent dans les mosquées, dans les Cemevi, [lieu du culte des alévi]. Mais ce sont, tous, les enfants de ce peu­ple. Et ce com­plot, cette sale com­bine est cal­culée de telle manière que le sang coulera.

Les sales com­bines du pouvoir

Les Kur­des mour­ront, les Turcs mour­ront, les mem­bres du PKK mour­ront, les sol­dats mour­ront, la police mour­ra. Les civils mour­ront. Et c’est le HDP qui sera tenu pour respon­s­able pour tout ce sang ver­sé, à tra­vers des opéra­tions de manip­u­la­tion psy­chologique que l’AKP déploie comme des armes de guerre. C’est ça le cal­cul, la sale com­bine. En ce moment, avec GLADIO (*), l’or­gan­i­sa­tion qu’ils ont créée, liée au palais, ils met­tent en place une sale guerre. Cher-e‑s ami-e‑s, l’E­tat a une méth­ode, une stratégie, les Etats font aus­si des opéra­tions secrètes. Tous les Etats le font, il n’ex­iste point d’E­tat pro­pre. Ils le font. Ils le font faire aux ser­vices secrets de ren­seigne­ment, ils font des réu­nions secrètes, mais Erdo­gan, il n’utilise même plus que l’E­tat. Il a sa pro­pre organ­i­sa­tion, son pro­pre bud­get, son pro­pre argent. Il a ses fonds secrets et même en dehors de ça, il a son pro­pre argent. Les ren­seigne­ments arrivent directe­ment à lui. Pas aux reg­istres offi­ciels du MIT (Ser­vice Secret de Ren­seigne­ment Nation­al), c’est lui qui reçoit toutes les infor­ma­tions secrètes. Il décide de tout avec son équipe, son cer­cle restreint. Ils met­tent en place des forces de con­tre-insur­rec­tion. Il a sa pro­pre force de police, sa pro­pre jus­tice, ses pro­pres médias. Il a ses pro­pres “trolls” de guerre sale, des réseaux soci­aux, et ils sont salariés. Et il a tous mis en activ­ité. Opéra­tions con­tre les syn­di­cats, à EĞİTİM-SEN ( le syn­di­cat de l’é­d­u­ca­tion), opéra­tions con­tre la jeunesse, guerre psy­chologique con­tre le HDP. Ordre au pro­cureur général de la Cour Suprême de la République pour ouvrir une procé­dure de fer­me­ture de notre par­ti. Pré­pa­ra­tions dans plusieurs domaines d’un com­plot avec des raisons quel­con­ques. Ten­ta­tives de crim­i­nal­i­sa­tion du HDP en créant des preuves de pacotille pour pré­par­er un com­plot, comme celui con­coc­té con­tre notre cher député Faysal SARIYILDIZ. Tout ceci est mis en place par l’or­gan­i­sa­tion GLADIO. Cher-e‑s ami-e‑s, savez-vous quand est-ce que le feu vert a été don­né pour tout ceci, après les élec­tions? Au mas­sacre de Suruç. Celui qui a fait le mas­sacre de Suruç est aus­si GLADIO, cette organ­i­sa­tion privée. Je vais m’ex­primer cher-e‑s ami-e‑s.

Les mes­sages du mas­sacre de Suruç 

Que s’est-il passé là-bas? Des jeunes révo­lu­tion­naires bril­lants ont été mas­sacrés par le biais d’un pau­vre dia­ble qui avait rejoint les rangs d’EI mais qui répondait directe­ment à GLADIO, qui était à son ser­vice. 32 pré­cieux enfants de ce pays ont été mas­sacrés, mis en morceaux. Pre­mier résul­tat qu’ils souhaitaient obtenir, c’est de don­ner le mes­sage suiv­ant aux révo­lu­tion­naires de ce pays: Si vous main­tenez votre sol­i­dar­ité avec Kobane et Roja­va, on vous réduira en morceaux. Le sec­ond était adressé aux peu­ples de Turquie s’é­tant réu­nis autour du HDP: Si vous con­tin­uez à vous assem­bler autour du HDP, on vous réduira en morceaux. Le 3ème mes­sage était au HDP, si vous insis­tez sur votre poli­tique, on met­tra vos jeunes en morceaux. Le 4ème résul­tat: ils se sont posés comme les vic­times de l’EI. Un gou­verne­ment, dont le sou­tien à l’EI est con­nu du monde entier, s’est mon­tré comme vic­time de l’EI grâce à cette sale com­bine, cette sale massacre.

Les lead­ers du monde entier appel­lent Mon­sieur le Prési­dent pour lui exprimer leurs con­doléances mais lui, vu qu’il est vic­time de l’EI, il n’ap­pelle aucune famille pour exprimer ses con­doléances. Regardez-moi cette vic­time de l’EI. Regardez cette sale com­bine. Tout de suite après, chere‑s ami-e‑s, deux agents de police dans ont été exé­cutés dans leur som­meil. C’est une affaire cra­puleuse, quoi qu’on en dise.

Un piège pour tous les peu­ples de Turquie

Ça fait aus­si par­tie de la provo­ca­tion. Le meurtre du sol­dat tué à Adıya­man reste aus­si une affaire obscure, pas encore élu­cidée. Regardez, tout ceci arrive dans le même jour ou dans les jours qui se suiv­ent. Et en par­tant de cela, on appuie sur un bou­ton pour une opéra­tion mil­i­taire et poli­tique pré­parée et organ­isée bien avant. Ils font quelques sor­ties con­tre l’EI juste pour sauver les apparences, afin de se mon­tr­er au monde entier comme vic­time de l’EI et dire qu’ils font la guerre con­tre l’EI. Mais en vérité, ils utilisent ceci pour cacher leur opéra­tion con­tre le HDP. La vraie grande opéra­tion est con­tre le HDP. Ils bom­bar­dent Kandil avec des avions de guerre et attisent le feu en espérant que leurs adver­saires vont répon­dre par des con­tre-attaques. Et les résul­tats de tout cela, ils veu­lent les met­tre sur les épaules du HDP. A une poten­tielle future péri­ode d’élec­tions, ils diront ceci aux peu­ples de Turquie: Voilà, vous avez voté pour ces ter­ror­istes, pour ceux qui ont mas­sacré nos sol­dats et nos agents de police. Regardez, c’est eux qui ont mis le pays en guerre. Le com­plot est aus­si clair que ça. Si les peu­ples de Turquie ne pren­nent pas posi­tion face à ce cal­cul si clair, s’ils n’y arrivent pas, si nous n’avons pas le courage d’élever la voix en unis­son pour la paix, cette sale com­bine con­tin­uera. Mais si tous ensem­ble, nous dis­ons que que nous ne voulons pas de guerre, que nous ne les lais­serons pas faire la guerre, les deux adver­saires devront immé­di­ate­ment sor­tir de leurs posi­tions de con­flit. Si nous leurs dis­ons: nous n’avons pas trou­vé nos enfants dans la rue.

On peut lut­ter tous ensem­ble, tous unis

Nous ne les avons pas élevés pour qu’ils soient vic­times de votre règne au palais, cela s’ar­rêtera. Ils aban­don­neront s’ils voient qu’ils per­dent des votes. Les votes, ce sont les votes qui nour­ris­sent leurs veines. Comme si ces votes leur étaient don­nés par per­fu­sion. Au moment où vous la retirez, le dan­ger s’ar­rête. Que les peu­ples de Turquie n’aient pas peur! Le HDP est une grande chance pour ce pays, chere‑s ami-e‑s. Une grande chance pour l’u­nité et la fra­ter­nité dans ce pays. Une grande chance pour la paix au Moyen-Ori­ent. Regardez ceux qui nous attaquent.

Regardez leur manière de faire. Regardez les argu­ments qu’ils utilisent. Vous ver­rez mieux toutes ces vérités si claires. Regardez un peu le com­porte­ment de ceux qui par­lent d’une Démoc­ra­tie Avancée, ceux qui dis­ent que dans la nou­velle Turquie, tout est désor­mais mag­nifique… Pen­dant trois jours, le cer­cueil d’une jeune femme alévie n’a pas pu quit­ter le Cemevi du quarti­er de Gazi encer­clé par les forces de l’or­dre. Cette jeune femme n’a pas pu avoir de funérailles durant trois jours. Pen­dant trois jours, ils ont attaqué les croy­ances sacrées des gens, leur foi, avec des gaz lacry­mogènes, des balles en caoutchouc, en souil­lant leur lieu de culte.

Treize cadavres ! Les cadavres de treize jeunes, ayant per­du la vie à Kobané, atten­dent depuis 4 jours au poste-fron­tière de Habur sous 45–50 degrés… Ils ne les acceptent pas en Turquie. Ce sont des citoyens de la République de Turquie. Ce sont les cadavres de héros ayant com­bat­tu avec hon­neur à Kobané. Les cadavres de ces héros qui ont résisté con­tre votre armée de vio­leurs, sont blo­qués depuis 4 jours là-bas sur ordre du Pre­mier ministre.

Soix­ante jeunes sont placés en garde à vue à Urfa. Trois d’entre eux, cher-e‑s ami-e‑s, furent tor­turés de manière atroce. Dès le début de leur garde à vue. Ecoutez atten­tive­ment. Les mem­bres d’une unité spé­ciale de la Pré­fec­ture de police d’Urfa ont emmené l’un d’entre eux dans un ter­rain vague, lui ont mis un sac en tis­su sur la tête en l’étouffant. Ils l’ont désha­bil­lé entière­ment, ils lui ont mis un couteau sous la gorge. Ils lui ont dit : « nous sommes le DAECH, c’est nous le DAECH. » Tout ça fig­ure dans la dépo­si­tion de ce jeune homme torturé.

Ils lui ont fait creuser une tombe. Je ne vous par­le pas des années 1990, je vous par­le de la semaine dernière. Ils l’ont tor­turé, lui ont infligé des traite­ments totale­ment con­traires à la dig­nité humaine que je ne peux pas vous décrire ici, un traite­ment si inhu­main que la vic­time ne veut pas que le réc­it des sévices qu’elle a subis soit fait ici. La semaine dernière, en Turquie. Sous le gou­verne­ment AKP. Sous cette mas­ca­rade qu’ils appel­lent la Démoc­ra­tie Avancée. Si nous n’unissons pas nos efforts cher-e‑s ami-e‑s, ils vont généralis­er ceci à l’ensemble du pays. Nous allons avoir des funérailles chaque jour, un jour un mem­bre du PKK, un autre jour un sol­dat, le lende­main un polici­er, le surlen­de­main un jeune, un autre jour une femme… Ils vont nous laiss­er porter le poids des cer­cueils sur nos épaules, nous mon­ter les uns con­tre les autres pen­dant qu’eux con­tin­u­ent à savour­er leur règne tyran­nique, en prof­i­tant de l’argent qu’ils ont volé en dépouil­lant ce pays.

Pourquoi veu­lent-ils faire inter­dire notre Parti ? 

C’est pré­cisé­ment pour cette rai­son qu’ils veu­lent faire inter­dire notre par­ti, le HDP. C’est la rai­son pour laque­lle le HDP représente une men­ace pour eux. Vous voulez la paix ? C’est l’affaire d’une seule journée. M. Öcalan, que vous détenez en isole­ment, allait lancer son appel, si vous aviez respec­té l’ac­cord de Dolmabahçe. Vous voulez la paix? Alors pourquoi vous faites des raids avec 40–50 avions de guerre? Avec une seule de vos direc­tives, vous arrivez à faire décoller cinquante F16 tous les jours. Alors pourquoi aucun bateau ne part pour l’île-prison d’Imrali? Les avions de guerre ne sont jamais en panne mais le bateau d’Imrali est en panne depuis des années. La paix se trou­ve sur la tra­jec­toire de ce bateau. C’est une ques­tion de bon sens. Si nous avons promis la paix à notre peu­ple, nous allons respecter notre parole cher-e‑s frères et sœurs.

Nous avons eu 13,1 % de voix de paix des peu­ples de Turquie. Nous avons eux des voix pour la tran­quil­lité. Nous allons évidem­ment faire le néces­saire, nous allons pren­dre nos respon­s­abil­ités. Nos con­sciences nous l’ordonnent. Le peu­ple nous l’ordonne. Notre éthique poli­tique nous l’ordonne. Nous n’allons pas tomber dans ce piège, nous n’allons pas céder face à leurs bassess­es. Quoi qu’il arrive chere‑s ami-e‑s. Cher-e‑s cama­rades député-e‑s, tou-te‑s nos ami-e‑s du par­ti. Nous n’allons pas faire de con­ces­sion sur notre dis­cours de paix. Ils vont nous provo­quer, nous atta­quer. Leur but est d’éloigner le HDP de sa ligne actuelle fondée sur ses principes. Atten­tion! C’est le plus grand piège. Evitons-le.

Leur seul moyen pour revenir à un gou­verne­ment de par­ti unique est de dis­soudre le HDP. Les par­tis sont créés et dis­sous par le peu­ple. Ceux qui nous ont don­nés 13% des voix aujourd’hui, pour­raient demain nous en don­ner que 1%. Nous respecterons ceci. Nous con­sid­érerons notre par­ti comme dis­sout. Mais nulle part dans le monde, aucune déci­sion de jus­tice n’a pu dis­soudre réelle­ment un par­ti. A vous de voir.

Lev­ons toutes les immu­nités parlementaires

Vous par­lez d’immunité? Demain, avec 80 col­lègues député-e‑s, nous déposerons nos deman­des au par­lement pour la lev­ée de nos pro­pres immu­nités par­lemen­taires. En êtes-vous capa­bles, à votre tour? Allons‑y. Si vous n’avez pas peur, lev­ons tous ensem­ble nos immu­nités par­lemen­taires. Nous n’avons rien à nous reprocher, nous n’avons pas peur. Nous n’avons rien volé, nous n’avons rien pil­lé, nous n’avons pas tué. Nous ne cachons rien à per­son­ne. Bien que la jus­tice soit à votre sol­de, allons‑y ! Lev­ons tous ensem­ble l’immunité par­lemen­taire des 550 députés. Nous allons dire oui. Nous allons dire oui à la lev­ée de nos pro­pres immu­nités par­lemen­taires. Nous n’avons pas peur de vous. Nous ne nous atten­dons pas à ce qu’Azraël nous rende la vie…

Nous faisons con­fi­ance à notre peu­ple. Nous avons tou­jours dit, nous avons notre Dieu et nous avons notre peu­ple. Nous avons lut­té en y puisant notre force, c’est grâce à cela que nous en sommes là aujourd’hui. Nous allons enray­er cette guerre en résis­tant ain­si. Nous n’allons pas te laiss­er faire la guerre dans ce pays.

Cher-e‑s ami-e‑s, des moments dif­fi­ciles nous atten­dent dans les prochains jours. Nous avons une mis­sion, nous sommes des servi­teurs de notre cause. Si nous réus­sis­sons à ser­rer les coudes, à agir ensem­ble dans la rue, dans les quartiers, dans les usines, jusqu’à dans l’assemblée, dans le respect de nos principes et de nos valeurs, si nous menons une résis­tance pour la paix, nous allons réus­sir à arrêter toutes ces sales poli­tiques. Soyez-en sûrs. Nous n’allons jamais céder. Ils ne ver­ront dans nos yeux ni la peur, ni la panique, ni la crainte. Ils en rêveront, mais leur rêve ne se réalis­era jamais. Nous ne nous age­nouillerons jamais devant eux, nous ne clignerons pas d’un œil. Nous serons aus­si déter­minés. Nous nous devons d’être clairs en cette période.

HDP est le par­ti des kur­des, des turcs, des turk­mènes, des azéris, des assyriens, des yézidis, des sun­nites, des alévis, des chré­tiens, des arméniens, des femmes, des jeunes, des ouvri­ers, des agricul­teurs, des académiciens.

Ce groupe par­lemen­taire représente toutes les per­son­nes qui ont une con­science dans les qua­tre coins du pays. Nous avons par­mi nous des kur­des, des turcs, des turk­mènes, des azéris, des assyriens, des yézidis, des sun­nites, des alévis, des chré­tiens, des arméniens, des femmes, des jeunes, des ouvri­ers, des agricul­teurs, des académi­ciens. En somme, nous sommes le pro­to­type des peu­ples de Turquie. C’est ça la Turquie. Et ce groupe par­lemen­taire représente la con­science de la Turquie. Nous ne les lais­serons pas piétin­er cette con­science. Nous allons en pay­er le prix quel qu’il soit. Notre peu­ple, nos frères et sœurs ne porteront plus ce fardeau. Nous ne lais­serons pas la guéril­la se faire tuer, nous ne lais­serons pas le sol­dat ou le polici­er se faire tuer. Aucun de ces meurtres n’est et ne sera accept­able à nos yeux. Que ceux-là ne fassent pas les frais, qu’ils n’aient pas à pay­er, ni de leur vie, ni de rien. Nous sommes là pour ça. Nous avons le man­dat du peu­ple pour pay­er le prix fort; c’est la rai­son pour laque­lle ils ont voté pour nous. Nous sommes prêts à pay­er le prix qu’il faut. Mais ceux qui lut­tent con­tre nous, ceux qui nous con­sid­èrent comme des enne­mis, devront être aus­si courageux que nous. Sinon ils per­dront et vous ver­rez bien qu’ils perdront.

Nous allons le voir tous ensem­ble. Ils vont per­dre face à cette résis­tance. La volon­té paci­fique de la Turquie tri­om­phera. L’avenir libre de la Turquie vain­cra. Pour ce faire, il nous suf­fit de ne jamais oubli­er autour de quel principe fon­da­teur du HDP nous sommes réu­nis. Ils essayeront de nous démoralis­er, nous allons rester droits. Ils essayeront de nous faire oubli­er nos peines, ils se moqueront de nos morts, nous res­terons droits. Ils nous fer­ont sen­tir la dis­crim­i­na­tion, nous res­terons droits. Ils essayeront de nous mar­gin­alis­er, nous res­terons droits. Ils se fra­casseront con­tre notre intégrité. Vous allez voir, ils per­dront. Nous allons débar­rass­er la Turquie de la junte de l’AKP. Nous allons net­toy­er la Turquie de cette men­tal­ité de coup d’Etat. Si nous sommes tous d’accord, si nous répon­dons présents à la Nou­velle Vie, alors bon vent à nous tous. Je vous remer­cie beau­coup et nous souhaite beau­coup de réus­site sur le chemin que nous empruntons.

 


Ajout :

Suite à ce discours,

Erdo­gan réplique : “Il a pu venir jusqu’au­jour­d’hui pro­tégé de l’ar­mure de l’im­mu­nité par­lemen­taire (…) Tout le monde le sait, son frère a été élevé à la mon­tagne [maquis­ard]. Lui aus­si, dès qu’il aura l’oc­ca­sion il ira en courant. De toutes façons il exé­cute les ordres qui vien­nent de là bas. Il accuse le Prési­dent pour dis­pers­er les nuages noirs qui l’en­tourent lui même. Il n’en­tend donc pas les mots qui sor­tent de sa pro­pre bouche ? Il ne faut pas qu’il dépasse les limites !”

Et une enquête a été ouverte à l’en­con­tre de Demir­tas. Accusé de “trou­bles à l’or­dre pub­lic” et “inci­ta­tion à la vio­lence” (en turc : armer et provo­quer une par­tie de la pop­u­la­tion con­tre l’autre) ; il risque 24 ans de prison.

Sans com­men­taire…


vidéo (en turc)

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