Aujourd’hui le Tribunal de Tarsus vivra une journée historique. Le violeur et les tueurs d’Özgecan sont enfin devant les Juges.
Özgecan est une de nombreuses victimes du patriarcat en Turquie. Le 11 février 2015, la jeune étudiante de 20 ans prenait un minibus pour rentrer chez elle à Mersin, après les cours. Elle n’y arrivera jamais. Le conducteur l’a violée, appelant deux de ses acolytes à l’aide. La jeune fille a été poignardée, ses mains tranchées avec sang froid afin d’éviter toute identification ADN car elle les avait griffés en essayant de se défendre, puis son corps brûlé et jeté dans un lac.
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Identifiés et arrêtés rapidement, Ahmet Suphi Altındöken, 26 ans, son père Necmettin Altındöken, 50 ans, et son triste compagnon de l’horreur, Fatih Gökçe, 25 ans, vont maintenant être jugés. Le Procureur demandera une peine à perpétuité alourdie pour les trois accusés.
Le meurtre d’Özgecan fut la goutte de trop dans l’océan de violences subies par les femmes turques et qui fit déborder un ras de marée de colère qui s’est étendu dans tout le pays. Le prénom et le visage de la jeune fille sont devenu un emblème de la lutte contre l’ultra patriarcat, défendu et encouragé par l’AKP. Les jours qui ont suivis son assassinat, de nombreuses manifestations ont eu lieu et beaucoup d’encre a coulée… Ce procès est attendu non seulement par les proches d’Özgecan, mais aussi par des millions de femmes et d’hommes partout dans le pays. Et l’incendie allumé par le viol et l’assassinat d’Özgecan n’est pas prêt de s’éteindre puisqu’elle n’est pas la première victime, et n’est malheureusement pas restée la dernière non plus.
Plusieurs organisations de la société civile luttant pour les droits des femmes, des collectifs féministes, des journalistes, tiennent à jour une liste de “victimes du patriarcat” en Turquie. Il existe également un “monument aux mortes”, un compteur qui recense tous meurtres de femmes. Peu importe si cette idée puisse vous donner des frissons dans le dos. Pour mieux lutter, il faut savoir, comprendre, informer, sensibiliser et surtout ne jamais oublier!
Aujourd’hui, pour des raison de sécurité le Palais de Justice de Tarsus s’occupera exceptionnellement d’un seul dossier. Plus de 1000 avocatEs ont fait des demandes pour être présent comme intervenantEs. Limité par la capacité de 100 personnes dans la salle d’audience, le barreau de Mersin a été obligé de constituer une délégation d’avocats.
Au départ, le Tribunal avait prévu, afin de protéger les accusés, une comparution par moyen de télécommunication. Suite au refus des avocats, les suspects seront présent dans la salle. Quant aux Juges, 2 sur les 3 sont des femmes…
Ajout du 29 septembre 2017
La Cour de cassation avait annulé la peine de 24 ans de prison de Fatih Gökçe, l’assassin de Özgecan, sous prétexte de “manque de preuves”. Le 29 septembre le Tribunal a condamné l’assassin, a une peine de 22 ans et 6 mois de prison.