Nous sommes à quelques jours des élections législatives en Turquie et le cirque de la campagne bat son plein…
Tayyip, légalement obligé d’être impartial et de ne pas faire de propagande pour son parti, pour cause il est Président de République, saute pourtant en bon petit despote sur toute occasion pour s’exprimer. Il papillonne en grandes pompes, d’inaugurations en inaugurations, les transformant toutes en meeting éléctoral. L’opposition se bat pour dénoncer aussi bien sa partialité que son exercice tout comme sa corruption afin de devoir devenir Calife à la place du Calife. Demirtaş le Vice-President de HDP décapsule des bouteilles de limonade devant les journalistes en se raillant du Sultan : « Si vous comptez ouvrir une bouteille, une boîte de conserve chez vous, appelez le Président, il viendra ». Tayyip réplique aussitôt dans son discours d’ouverture suivant : « En effet, je me suis toujours rendu aux invitations du peuple ». Kılıçdaroğlu, Président de CHP s’indigne parce que des WC du palais à 1000 pieces de Tayyip, seraient en or. Tayyip répond avec mépris : « Quand est-ce qu’il a pu accéder dans les toilettes du palais pour les voir ? Quand il les a nettoyées ? ». Kılıçdaroğlu riposte : « Oui, il y a des gens qui travaillent et pour nourrir leurs enfants, leur famille, ils nettoient les toilettes, et bien je les embrasse sur leur front. »
Les pro AKP sont en délire, les opposants de toute tendance sont à bout et se perdent dans des calculs abracadabrants pour savoir pour qui ils devraient voter afin de bouger la majorité AKP de l’Assemblée Nationale et déstabiliser le Sultan. Ils voudraient bien y arriver sans trahir leur conviction respectives. Les journaux, eux, par de nombreux articles s’en donnent à coeur joie pour expliquer qui et pourquoi voter se multiplient, les réseaux sociaux sont inondés de conseils.
Bref, le bordel, le cirque des élections, quoi ! Rien de nouveau sous le soleil depuis que le premier homme a pris le pouvoir pour asservir les autres. En France aussi, on connait ça…
Et dans tout ce fatras innommable, quand on parle des toilettes sur lesquelles Tayyip et sa cour posent leur précieux séant, la presse mondiale amusée, s’empare du sujet…
Mais à bien y réfléchir, qu’y a‑t-il d’étonnant ? C’est tout à fait normal que Tayyip ait des chiottes en or pour y poser son derche !
Oui, bien sûr !
Tayyip se considère comme un leader mondial. Il côtoie des grosses légumes pour lesquelles il existe un certain standard à respecter ma bonne dame, comme à Versailles, vous pouvez comprendre ça ? Pour pouvoir faire partie de ce monde, Tayyip se doit sans doute de posséder des gogues en or, et peut être même du PQ en soie, pourquoi pas ? Cela fait partie des attributs. A Versailles, vous diriez, l’Etiquette ! Tayyip aurait préféré certainement investir le budget de son trône ailleurs, dans une banque en Suisse par exemple, mais bon, quand on veut s’élever il faut bien faire des sacrifices, n’est-ce pas ?
Chaque pique assiette aussi modeste qu’il soit, est obligé d’investir pour un costard convenable, afin de pouvoir accéder au cocktail où il va piocher du caviar. C’est être à la hauteur du personnage qu’on revendique. Et l’apparence devient la clé d’entrée pour figurer dans monde du paraitre. Pour notre Tayyip d’humour, c’est exactement le même cas de figure. En France nous avons un terme pour definir cela : “bling bling”. Certains peuvent se contenter de la Rolex qu’ils ont eu avant leur 50 ans, d’autres veulent jouer dans la cour des grands, et chient dans des toilettes en or. C’est tout.
Il paraitrait que des toilettes en or massif coutent 4,25 millions d’euros. Or Tayyip parlait dans un de ses derniers discours, de toilettes en or plaqué. C’est un peu comme des gens qui s’achètent des faux sacs ou de fausses montres de marques sur le marché en Turquie. En pensant sans doute être parés pour aller jouer dans la cour des grands. Sauf qu’il ne faut pas se leurrer, figurez-vous que ceux et celles qui possèdent les vrais, sont capables de reconnaitre un faux à 100 mètres. N’est donc pas grand de ce monde, qui veut.
Quand au petit peuple, il a le choix…
Il peut s’indigner, voire se révolter.
Ou il peut être content d’être “dirigé” par un homme qui possède ces attributs, donc qui est quelqu’un. Trouvant tout à fait normal que le “grand homme” roule dans une voiture de luxe, habite un palais de 1000 pièces, cague et pisse dans de l’or, et qu’il en soit même fier. Parce qu’il oublie qu’il finance le spectacle avec ses sous. Il peut regarder, rêver et applaudir. Et puis s’en satisfaire.
Tayyip n’arrête pas de clâmer qu’il construit la “Nouvelle Turquie”. Nous voilà donc dans les temps modernes… Des Temps où l’on crève la faim en applaudissant ses maîtres chier devant nous sans pudeur sur des trônes en or.