Les habi­tants de Arhavi, com­mune d’Artvin, ville à l’Est de la Turquie située sur les bor­ds de la Mer Noire, ont appris aujourd’hui l’annulation du pro­jet de cen­trale hydroélec­trique con­tre lequel ils ont lut­té pen­dant plus de 6 ans, relaye la jour­nal­iste Gamzegül Kızıl­cık dans son arti­cle sur le mag­a­zine mil­i­tant éco­lo Gaïa Der­gi.

En 2009, l’entreprise Eyn­er Ener­ji Üre­tim AŞ. avait démar­ré les travaux de la cen­trale hydroélec­trique de Taşlıkaya dans la val­lée de Kamilet.

Cette val­lée à 15 km d’Arhavi, est un des plus impor­tants sites naturels du pays et fait par­tie des « 100 points chauds » européens à protéger.

Sur 30.000 hectares, vierges et sauvages, env­i­ron 11.000 espèces végé­tales dont 40 phar­ma­ceu­tiques poussent dans la Val­lé de Kamilet. C’est un de rares endroit qui héberge le plus grand nom­bre d’espèces sauvages, dont une impor­tante pop­u­la­tion d’ours.

 

Les organ­i­sa­tions de société civile et ADOKOP, (la Plate­forme de Pro­tec­tion de la Nature d’Artvin), s’étaitent organ­isées en coali­tion sous le nom de Yeşil Bir­lik (Union Verte) afin de réu­nir leur force pour se bat­tre con­tre le pro­jet. Dans un pre­mier temps leur com­bat a abouti à l’arrêt des travaux. Mais suite à la con­fir­ma­tion de cer­tains con­seillers munic­i­paux, le pro­jet avait repris son cours. Les mem­bres d’ADOKOP ont alors ouvert un procès se bas­ant sur l’incompatibilité du pro­jet avec les rap­ports d’é­val­u­a­tion d’impact envi­ron­nemen­tal (ÇED- Çevre­sel Etki Değer­lendirme) et le Tri­bunal de Rize a annulé le plan de construction.

L’entreprise chargée du pro­jet ayant des dif­fi­cultés finan­cières, n’ayant pas déposé de nou­veau plan dans les délais de 6 ans, EPDK (Le con­seil d’Organisation des Marchés d’Energie) a retiré la licence de cen­trale hydrother­mique de Taşlıkaya.

C’est une excel­lente nouvelle !

Mais… les travaux effec­tués jusqu’aujourd’hui ont sen­si­ble­ment détéri­oré la nature dans la vallée.

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Sources et richess­es naturelles soumis­es au ser­vice du prof­it… Pro­jets destruc­teurs pour la nature.

Ces pro­jets de cen­trales se mul­ti­plient comme des champignons en Turquie. Actuelle­ment il existe 2000 cen­trales hydroélec­triques en fonc­tion, en con­struc­tion ou en phase de pro­jet. Et l’ob­jec­tif du gou­verne­ment est d’at­tein­dre le nom­bre insen­sé de 4000 ! Des luttes sem­blables à celle de Kamilet sont menées un peu partout con­tre ces pro­jets inutiles, cou­teux et destruc­tifs qui se trou­vent pra­tique­ment tous dans des régions naturelles à pro­téger, des luttes soutenues par les pop­u­la­tions qui devi­en­nent de fac­to de véri­ta­bles ZAD comme nous en con­nais­sons à Notre-Dame-Des-Lan­des, à Oléron ou ailleurs…

Arbres rasés, riv­ières dérivées, mod­i­fiées, zones humides asséchées, faunes et flo­res détru­ites… Mais ce n’est pas tout ! Par manque de moyens de con­trôle, les gra­vats qui doivent être entre­posés dans des endroits qui leur sont réservés, sont très sou­vent jetés dans les lits de riv­ières. Ces débris provo­quent la domin­ion de l’oxygène dans l’eau des riv­ières, aug­mentent la tem­péra­ture et détéri­o­rant sérieuse­ment la vie aquatique.

Dans la Val­lée de Kamilet, dès le début des travaux, la con­struc­tion des routes avait altéré l’eau de la chute de Mençu­na, l’endroit mag­ique du site. Et le lac naturel où la chute d’eau tombe s’était recou­vert d’algues.

Le pro­jet du cen­trale étant annulé, reste à con­stater le degré des dégâts et essay­er pour les défenseurs écol­o­gistes de la val­lée de panser les blessures de la Vallée.

Comme le dit un proverbe turc : Peu importe où tu fais demi tour sur la route des dégâts, c’est déjà ça de gagné.

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Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.