Sinop est une ville typ­ique de Mer Noire, avec 175 km de rivages, une mag­nifique nature et une den­sité de forêts dou­ble de la moyenne nationale. Les habi­tants décrivent leur ville avec ces mots : “La ville qui flotte sur la mer”.

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La source prin­ci­pale de revenu à Sinop est la pêche, car la ville se trou­ve sur les voies de migra­tion des pois­sons. 23 espèces dif­férentes attrapés par les filets de 3500 pêcheurs répon­dent au 10% de la demande du pays.

Non indus­tri­al­isé (aucune usine) Sinop a une pop­u­la­tion de 38 milles habi­tants, et le plus grand soucis de la ville est le chômage.

Les locaux voy­aient bien une solu­tion dans la réori­en­ta­tion vers les secteurs du tourisme et de l’éducation. Mais le gou­verne­ment en a décidé autrement :
Ce serait super de poquer sur le presqu’île İnceb­ur­un, le point le plus au Nord du pays ; une jolie cen­trale nucléaire !

Les négo­ci­a­tions sur ce pro­jet avaient débuté en 2013. Nous apprenons aujour­d’hui que le traité inter­na­tionale qui prévoit la con­struc­tion de cette cen­trale nucléaire a été accep­té par l’Assemblée Nationale turque.

Il est évi­dent qu’elle sera très belle dans le paysage de Sinop. Elle sera d’une capac­ité de 4.800 MW et elle fonc­tion­nera avec des réac­teurs de type Atmea 1. La con­struc­tion sera assurée par l’entreprise japon­aise Mit­subishi Heavy Indus­tries, Itochu Corp. et l’entreprise française GDF Suez, pour un bud­get de 22 mil­liards de dol­lars. Les réac­teurs seront four­nis par Mit­subishi Heavy Indus­tries et Are­va. (Mer­ci la France !)

Le Prési­dent de la République turc Erdo­gan, lors d’une allo­cu­tion depuis la Slo­vaquie a pré­cisé que la cen­trale de Sinop qui sera la deux­ième cen­trale nucléaire du pays, entr­era en activ­ité dans 7–8 années, et a déclaré égale­ment que la con­struc­tion d’une troisième cen­trale sera programmée.

Quel pro­grès !
Oui, grand pro­grès à une époque où les réac­teurs de cer­taines cen­trales sont fer­més petit à petit, où cer­tains pays déci­dent de fer­mer la total­ité des réac­teurs.  Grand pro­grès, alors que les son­nettes d’alarmes sont tirées après des cat­a­stro­phes nucléaires vécus. Grand pro­grès, devant l’im­pos­si­bil­ité de se débar­rass­er des déchets radioac­t­ifs. Et j’en passe.

La pre­mière cen­trale nucléaire du pays sera con­stru­ite à Akkuyu, à Mersin, ville de Méditer­ranée. D’ailleurs une cam­pagne pub­lic­i­taire récente sur fait grin­cer les dents des anti-nucléaires.

Ces pro­jets et investisse­ments provo­quent la réac­tion des écol­o­gistes, des organ­ismes de société civile et des habi­tants des régions où les cen­trales seront construites.

De nom­breux con­tes­ta­tions et luttes sont menés pour dénon­cer ces pro­jets, y com­pris le prob­lème de déchets, ain­si que les dégâts irréversibles sur les ter­res et la mer. La Mer Noire est déjà malade des ses déchets pétroliers présents en masse sur toutes ses côtes, cette cen­trale sera le coup de grâce don­né con­tre toute la bio­di­ver­sité de la région.

Dans un pan­el organ­isé par “Nük­leer Karşıtı Plat­form” (Plat­form Anti-Nucléaire) en 2014, Prof. Dr. Hayret­tin Kılıç expliquait :

Les réac­teurs des cen­trales refroidis­sent les équipements par l’eau de mer, et cette eau retourne à la mer. Dans la cen­trale nucléaire qui se trou­ve en Cal­i­fornie, à cause de cette cir­cu­la­tion, les pho­ques et les pois­sons meurent en masse.

L’eau de mer util­isée, se chauffe de plus de 4 — 5 C°. Dans la Mer Noire, les pois­sons lais­sent leur larves à la hau­teur de 20–30 mètres. Ce qui veut dire que toutes les larves seront cuites dans la cen­trale ; même si on cal­cule en prenant 1 larve par 1 m³ d’eau util­isée, or il y en aura bien plus…; La vie dans la mer sera anéantie.”

Le com­bat con­tre la cen­trale nucléaire à Sinop avait com­mencé dès l’an­nonce du pro­jet, il con­tin­uera de plus belle…

Un pro­jet de cen­trales ther­miques a été annulé récem­ment grâce au com­bat acharné des habi­tants du vil­lage Gerze dans la même région. Cela donne du courage !

A l’heure où un débat de façade existe sur la fer­me­ture d’une cen­trale française on voit bien que le gou­verne­ment ne se gène pas de soutenir son indus­trie nucléaire ailleurs. Effec­tive­ment chez les autres c’est tou­jours moins risqué en terme de retombée électorale !

 

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