Une enquête télé­phonique réal­isée par la Mor Çatı Women Shel­ter Foun­da­tion a révélé que seules 3 hôpi­taux publics sur 37 à Istan­bul acceptent de pra­ti­quer un avorte­ment sur demande. La fon­da­tion a posé la ques­tion suiv­ante : “Pra­tiquez-vous les avortements ?”

Quelques résul­tats de l’en­quête apparaissent :

  • Seule­ment 3 hôpi­taux d’Is­tan­bul pro­posent les avorte­ments sur demande.
  • 12 hôpi­taux ne pra­tiquent pas l’a­vorte­ment quelle que soit la raison

*17 hôpi­taux ne pra­tiquent l’a­vorte­ment que si le foe­tus est mort, ou si la grossesse est à risque pour la femme, ou si le futur enfant peut présen­ter un hand­i­cap, ou si la femme souf­fre d’une hémor­ragie, ou si elle risque une fausse couche.

  • Seule­ment 1 hôpi­tal qui assure les avorte­ments con­firme qu’il peut le pra­ti­quer jusqu’à 10 semaines.Les autres le pra­tiquent jusqu’à 8 semaines.
  • Aucune infor­ma­tion claire n’a été don­née par 2 hôpi­taux publics, leur ser­vice gyné­colo­gie étant injoignable.

  • 3 hôpi­taux ont refusé de don­ner des infor­ma­tions au télé­phone, pré­tex­tant que cela était illégal.

Alors que dit la loi turque ? 

La loi du 27/5/1983 No° 2827 sur le plan­ning de la pop­u­la­tion dit à l’ar­ti­cle 5 :

L’a­vorte­ment est autorisé jusqu’à 10 semaines, dans le cas où cela n’est pas dan­gereux médi­cale­ment par­lant pour la mère”

Selon cet arti­cle, les hôpi­taux sont donc tenus de pro­pos­er l’a­vorte­ment jusqu’à 10 semaines sur demande de la femme. Cepen­dant, la majorité des hôpi­taux reflè­tent la posi­tion du gou­verne­ment plutôt que de respecter la loi.

Que dit le gouvernement ? 

Le 15 mai 2012, Recep Tayyip Erdoğan, alors pre­mier min­istre, a don­né une con­férence sur la pop­u­la­tion, dans laque­lle il a dit être con­tre la césari­enne. Il a aus­si ajouté “chaque avorte­ment est un meurtre”.

Le jour suiv­ant, le il a don­né une con­férence à la branche féminie de son par­ti, dis­ant que chaque avorte­ment est un “Ulud­ere” (ce qui fait référence au mas­sacre de Robos­ki, NDLR), et ajoutant que “l’a­vorte­ment est un plan fal­lac­i­eux­pour ray­er la nation turque du monde”.

L’a­vorte­ment et la fausse couche (la fausse couche n’é­tant pas provo­quée médi­cale­ment, donc pas du ressort de la femme, ce qui mon­tre le peu de con­nais­sances de la per­son­ne à ce sujet , NDLR) ne sont pas une contraception.Avorter un enfant est un meurtre”, dit quant à  lui Mehmet Görmez, du bureau des affaires religieuses.

Si une femme ne veut pas élever une enfant, l’é­tat le peut” avance le député AKP  Ayhan Sefer Üstün, à la tête du groupe par­lemen­taire sur les droits de l’homme en Turquie.

D’un autre côté, le min­istre de la san­té à l’époque, Recep Akdağ, dclarait que l’a­vorte­ment “était une affaire de moral­ité” : “Les politi­ciens vont se décider après avoir débat­tu sur les aspects moraux et sci­en­tifiques. Les gens se deman­dent sou­vent si quelque chose peut arrive à la mère. Mais si néces­saire, l’é­tat peut s’oc­cu­per du bébé”

Source : Bianet, 05/02/2015, Abor­tion in Turkey : legal but banned in pub­lic hospitals

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