Jeu­di 29 jan­vi­er 15 000 tra­vailleurs du secteur de la métal­lurgie répar­tis sur 22 usines dans 10 villes se sont mis en grève en rai­son de leurs con­di­tions de tra­vail jugées indé­centes. Le lende­main, le Con­seil de Min­istres inter­dit la grève !

 

Selon le site inter­ac­t­if de la grève :
En Turquie 1 367 258 ouvri­ers tra­vail­lent dans le secteur de la métal­lurgie. 11,10% des métal­los sont syn­diqués au Türk Met­al (lié au Türk-İş), 2,01% au
Çelik İş (lié au Hak-İş) et 1,91% au Bir­leşik Met­al İş (lié au Disk).

80 mille ouvri­ers tra­vail­lent dans les entre­pris­es con­cernées par les négo­ci­a­tions protestées.
15 mille de ces tra­vailleurs sont syn­diqués au Bir­leşik Met­al İş qui a lancé la mobilisation.

 

Au lance­ment de la grève Sol Haber rap­por­tait le témoignage de Rıfat Con­dura, un ouvri­er ren­con­tré sous la tente des grèvistes :

Aujourd’hui est une journée his­torique pour les ouvri­ers. Si Met­al-İş sort de cette mobil­i­sa­tion gag­nant ce sera la vic­toire de la classe ouvrière !

Rıfat fait par­tie de la délé­ga­tion des ouvri­ers depuis le début des négo­ci­a­tions avec le MESS, en aout 2014.

A cette péri­ode ce qu’ils nous pro­po­saient était des con­di­tions de tra­vail plus sou­ples et des indem­nités. Il y a eu une propo­si­tion pour don­ner des sommes retirées à cer­tains ouvri­ers à d’autres plus réguliers, en pré­tex­tant que l’abus d’arrêts de tra­vail générait des pertes pour les employeurs ain­si que pour l’économie du pays. 

En tant que délégués nous avons partagés ces infor­ma­tion avec nos col­lègues et nous réfléchis­sions ensem­ble pour trou­ver une solu­tion. Ensuite, nous avons enten­du qu’en décem­bre, comme d’habitude avec une opéra­tion de minu­it, sans con­sul­ter la base, le syn­di­cat jaune, avait signé l’accord. Un accord pour 3 ans…

Nos col­lègues ont dit que c’était une trahi­son des négo­ci­a­tions, qu’il était impos­si­ble de sign­er cet accord, que c’était la ligne rouge et que quoi qu’il arrive cela se ter­min­erait par une grève. 

Nous avons donc con­sulté tous les con­cernés, de bas en haut et la majorité s’est pronon­cée pour une grève. 

Les 2 dernières semaines nous avons ren­con­trés plusieurs fois les employeurs et leur représen­tants. Nous avons expliqué que suite à la déci­sion prise par notre syn­di­cat, cette affaire n’était pas négo­cia­ble, même s’ils bais­sent le délai de l’accord à 2 ans. Ils n’ont pas quit­té le MESS. Ils con­sid­èrent le MESS comme une grande force der­rière eux. Mais ils com­pren­dront comme d’autres employeurs que la solu­tion sera de quit­ter le MESS. Nous sommes des ouvri­ers du métal, nous sommes des syn­diqués du DISK, soit nous allons occu­per cette usine, soit nous allons utilis­er notre pou­voir d’arrêter la pro­duc­tion.

Rıfat Con­dura a expliqué que les employeurs ont essayé dif­férentes méth­odes de persuasion :

Cette semaine, ils ont fait des ten­ta­tives. Ils ont ten­té de négoci­er avec un de nos col­lègues indi­vidu­elle­ment et dis­crète­ment et nous sommes inter­venus. Puis ils nous ont demandé de s’en­tretenir en groupes, et nous avons aus­si refusés. Nous avons décidé de les ren­con­tr­er à tour de rôle en équipe. Il n’y eu qu’une seule ren­con­tre. Quand le patron a vu que nous étions décidés, il n’y a pas eu de suite. 

Reşit Özçe­lik, un autre ouvri­er qui se trou­vait dans la tente :

C’est la pre­mière fois que nous par­ticipons à un événe­ment de cette enver­gure et c’est ent­hou­si­as­mant. Nous avons dit greve-metal2fer­me­ment que nous ne signe­r­i­ons pas ce genre d’accords et nous voilà dans ce processus.

Ümit Pek­taş pré­cise que leur objec­tif n’est pas les salaires ni les taux d’augmentation :

Nous ne voulons pas per­dre nos droits obtenus. En ce moment les indem­nités d’ancienneté sont d’actualité. S’ils nous enlèves ces indem­nités, ils ne nous resterait plus rien. 

Harun Ünal ter­mine avec détermination :

Nous n’avons jamais fait de grèves. Nous pen­sons que cette lacune était un désa­van­tage. Nous allons avoir des choses à racon­ter à nos enfants. Nous avons la cer­ti­tude,  tous ensem­ble, que nous allons écrire l’histoire. Même nos cama­rades qui sont pénal­isés dis­ent qu’ils se sont engagés et main­tenant qu’ il n’y a plus de retour en arrière possible. 

Le jour arrivera où la terre tournera,
les patrons don­neront des comptes aux ouvriers ! ” 

Seule­ment ce ven­dre­di 20 jan­vi­er, le Con­seil de Min­istres a pub­lié  dans le jour­nal offi­ciel, sa déci­sion con­cer­nant la grève :

Le car­ac­tère nuis­i­ble à la sécu­rité nationale étant observé, il a été décidé par le Con­seil de Min­istres le 29/1/2015, selon l’ar­ti­cle 63 la loi n° 6359 du 18/10/2012, un retard de 60 jours, de la grève entamée par le syn­di­cat Bir­leşik Met­al-İş dans les entre­pris­es dont la liste est ci-jointe.

Pourquoi, con­crète­ment, ce retard sig­ni­fie-t-il une annu­la­tion de la grève ?

Le con­seil des min­istres a le pou­voir de post­pos­er une grève après récep­tion de préavis ou même lors d’une grève en cours en avançant des raisons de san­té publique ou de sécu­rité nationale. En réal­ité, il ne s’ag­it pas d’un report mais d’une révo­ca­tion car après la déci­sion de report les représen­tants ont 60 jours pour soit trou­ver un accord et le sign­er, soit au terme de ce délais envoy­er le dossier au con­seil des prud’hommes. La grève ini­tiale­ment post­posée ne peut donc être légale­ment relancée.

Suite à quoi, Bir­leşik Met­al-İş a pub­lié un com­mu­niqué sur son site Inter­net en dénonçant cette décision :

Le Con­seil des Min­istres en pré­tex­tant « La sécu­rité nationale » qui n’est que la sécu­rité des patrons, a prou­vé claire­ment qu’il était bien au ser­vice de ces derniers.

La pos­si­bil­ité de deman­der de con­serv­er leurs droits à été volée aux dizaines de mil­liers d’ouvriers qui n’acceptent pas les diminu­tions de salaires, ni les con­di­tions de travail. 

Une grève ne peut pas recom­mencer sans l’annulation de la déci­sion du Con­seil des Min­istres par le Con­seil d’Etat. Il s’agit bien d’une sous­trac­tion de droits. 

Jusqu’à aujourd’hui, la lutte des ouvri­ers du métal a été sabotée par le Cap­i­tal et le syn­di­cat jaune, et cette fois, on essaye de l’écraser grâce au sou­tien du gou­verne­ment à ce duo. 

Bir­leşik Met­al-İş et ses mem­bres en prenant la déci­sion de grève, ont mis le prob­lème en lumière. 

Quelques soient les frais, nous sommes prêts à les payer !

Les tra­vailleurs ont annon­cé qu’ils prendraient une déci­sion et l’an­non­ceraient dès lundi.

Depuis jeu­di #met­al­gre­vi (grève du métal) est au top des hash­tags, suite à l’in­ter­dic­tion de grève– les réac­tions pleu­vent sous le hash­tag #Met­al­Gre­viYasak­lana­maz (La Grève du métal ne peut être interdit)

greve-metal3Les usines en grève :
CENGİZ MAKİNA SAN. VE TİC. A.Ş Gebze — KOCAELİ | YÜCEL BORU VE PROFİL END. A.Ş. Gebze — KOCAELİ | ALSTOM GRİD ENERJİ END. A.Ş. Gebze — KOCAELİ | KROMAN ÇELİK SAN. A.Ş. Darı­ca — KOCAELİ | SARKUYSAN ELK. BAKIR SAN. VE TİC. A.Ş. Darı­ca- Gebze | ÇAYIROVA BORU SAN. VE TİC. A.Ş. Darı­ca Gebze- KOCAELİ | ANADOLU ISUZU OTM. SAN. VE TİC. A.Ş. Çayıro­va — KOCAELİ | ARPEK ARK. PRÇ. ALM. ENJ. VE KLP. SAN. TİC. A.Ş. Çayıro­va-Gebze-KOCAELİ | SCHNEIDER ENERJİ ENDÜSTRİSİ SAN. VE TİC. A.Ş. Çayıro­va — KOCAELİ | DOSTEL MAKİNA SAN. VE TİC. A.Ş. Gebze — KOCAELİ | BEKAERT İZMİT ÇELİK KORD SAN. VE TİC. A.Ş. İzmit — KOCAELİ | EJOT TEZMAK BAĞL. ELEM. TEKN. SAN. TİC. A.Ş. Gazios­man­paşa — İSTANBUL | PAKSAN MAKİNA SAN. VE TİC. A.Ş. 4 Bağcılar — İSTANBUL | MAHLE MOTOR PARÇALARI SAN. VE TİC. A.Ş. Gaziemir — İZMİR | SCHNEİDER ELEKT. SAN. VE TİC. A.Ş. MANİSA | SCHNEİDER ELEKT. SAN. VE TİC. A.Ş. Çiğli — İZMİR | DEMİSAŞ DÖKÜM EMAYE MAMULLERİ SAN. A.Ş. Vezirhan BİLECİK | ÇUKUROVA İNŞ. MAK. SAN. VE TİC. A.Ş. Akd­eniz — MERSİN | YÜCEL BORU VE PROFİL END. A.Ş. Toprakkale — OSMANİYE | Dör­ty­ol — HATAY | MAHLE MOTOR PARÇALARI SAN. VE TİC. A.Ş. Selçuk — KONYA | TÜRK PRYSMIAN KABLO VE SİST. A.Ş. Mudanya — BURSA

Naz Oke pour Kedistan

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Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.