Tuğçe Albayrak, 22 ans, dans la journée du 15 novem­bre mangeait dans un restau­rant avec ses amis dans la com­mune d’Offenbach, en Alle­magne. En enten­dant les cris de deux femmes molestées par trois garçons, elle se dirigea droit vers les toi­lettes d’où prove­naient les voix afin de stop­per les agresseurs. Avec d’autres per­son­nes rassem­blées à ses côtés, elle fit sor­tir les 3 agresseurs. Suite à l’expérience Tuğçe, accom­pa­g­née de ses amis, est sor­tie hors du restau­rant, où l’attendait le groupe d’agresseurs pour obtenir « vengeance ». A l’extérieur l’un des agresseurs de Tugce et de ses amis en giflant l’un d’entre eux, Sanel M. frap­pa vio­lem­ment Tugce à la tête, restée aux côtés des vic­times. Tugçe fut envoyée à l’hôpital après être tombée incon­sciente suite à l’impact du coup, et après 11 jours de coma, perdit la vie le jour anniver­saire de ses 23 ans.

Les médias de masse turcs ont récupéré et mis en avant cette his­toire der­rière une pro­pa­gande nation­al­iste telle que « la dis­ci­ple turque » Tügçe, a été assas­s­inée par un groupe de serbe car elle venait en aide à de « jeunes filles alle­man­des » en cachant la vérité  qui est « qu’elle a été tuée juste parce qu’elle était une femme ». Ensuite des prix ont été remis pour Tugçe suite à son assas­si­nat. Des cam­pagnes ont été organ­isées, et elle a été déclarée « héroïne » lors de chaque man­i­fes­ta­tion organ­isée en son hom­mage. Pen­dant qu’elle était divin­isée pour sa résis­tance face à la vio­lence à laque­lle elle avait été témoin, elle nous quit­tait en nous per­me­t­tant de revoir  ce qu’est « la sol­i­dar­ité féminine ».

Elle s’en est allée de ce monde en se faisant tuer  comme Ayse, Cey­lan, Özge, Esra, Güldünya et tant d’autres femmes. Tuée parce qu’elle a su résis­ter sans se taire, car sa colère a gran­di en se révoltant con­tre le har­cèle­ment des hommes sur les femmes, faisant grandir cette cause.

Main­tenant que des his­toires héroïques et des feuil­letons  s’écrivent sur la vie de Tugçe, il ne faut pas que nous oublions la colère de Tugçe, sa foi en la sol­i­dar­ité. Alors que dans l’immeuble dans lequel nous habitons, dans le quarti­er der­rière nous, dans une ville con­nue ou encore dans beau­coup d’endroits que nous ne con­nais­sons pas les femmes subis­sent des har­cèle­ments, des vio­ls, et pen­dant qu’elles se font assas­sin­er par leurs pères, frères, amants ou par des hommes qu’elles ne con­nais­sent pas, nous devons revêtir la colère de Tugçe, élargir notre foi en la sol­i­dar­ité. Pas en idol­â­trant Tugçe, pas en pen­sant à elle, mais en devenant Tugçe.

Source : « Hikayel­er­le degil dayanis­may­la diren­mek gerek », Pelin Deri­ci, Mey­dan, men­su­el anar­chiste turc.
pelin@meydangazetesi.org

Tra­duc­tion : Tülay Torun

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