En regar­dant pass­er la vie par ma lucarne je suis dev­enue une mamie “aigri­chonne”, je le sais. Mais ne croyez pas que je com­mente à courte vue.

Ma fenêtre donne sur ma rue, sur ma ville, mon pays, certes. Mais je vois aus­si ce qui se fait dans le monde. Je râle sur les maux qui m’en­tourent mais je peux rous­péter autant sur les mal­faisants ailleurs.

Si vous reculez d’un pas vous même, vous ver­rez, c’est sou­vent pareil ailleurs.

Je ne le dirai jamais assez ; les nuages noirs obscur­cis­sent la vie un peu partout dans le monde.

Par­fois au nom des pages d’un livre saint, par­fois en défense d’idées poli­tiques (ma soeur me tape sur l’é­paule pour que j’a­joute le mot “idéolo­gie”), sous le masque d’un petit ou grand dic­ta­teur, en ver­sion paix ou en ver­sion guerre, de préférence avec la devise “tout pour ma gueule” et tou­jours en se proster­nant devant l’ar­gent (ma soeur dit “prof­it”, et elle con­tin­ue à me souf­fler d’autre mots savants. Bon ben je vais prof­iter de son savoir, mais je ne vais pas not­er chaque fois, hein..)

chacun-sa-casserole

BANDE DE VEINARDS !
Vous en avez autant que nous, des verrues !

Nous avons les robo­cops d’Er­do­gan, vous avez les CRS pas drôles. Nous avons Gezi, Kara­bi­ga, Soma à défendre, vous avez les ZAD. Nous avons eu Berkin, vous avez eu Rémi. Nous avons les bakchichs et les boîtes à chaus­sures, vous avez les pots de vin et les Cahuzac. Ici les élus ont des mous­tach­es en amande, chez vous, des cols blancs mais leurs cor­rup­tions sont étouf­fées dans la même cocotte minute.

Com­bi­en de cor­rom­pus ont démis­sion­né ces derniers jours chez vous ?

Nos femmes sont écrasées sous le poids moral et cachées sous des voiles, dites-moi chez vous, jusqu’où va la lib­erté et l’é­gal­ité de la femme, quand on met le nez sur le tableau de leur vie de femme et professionnelle ?

Je dis tou­jours que la Turquie est déjà dans l’Eu­rope. Nous ne man­quons de rien pour y être…

Dans le désor­dre ; les éner­gies pas trop pro­pres, les pes­ti­cides, les OGM, la mal-bouffe, la vio­lence dans la famille, la répres­sion poli­cière dans la rue, les élus à casseroles réélus et réélus sans cesse, le chô­mage, les SDF, la pau­vreté, les sans dents, le sys­tème de san­té qui s’écroule, les droits des salariés qui foutent le camp, les dirigeants qui dis­ent un truc et le con­traire la semaine d’après, les minorités dis­crim­inées, les immi­grés et les clan­des­tins, la haine de l’autre… et par con­séquent la colère et la révolte !

En Turquie c’est juste un peu plus vis­i­ble, parce que d’une part tout est fait un peu plus ouverte­ment, dans l’impunité.

D’autre part, cer­taines médias osent l’ou­vrir, au moins sur cer­tains sujets, donc on est un peu plus au courant. Selon leurs ten­dances, nation­al­istes, de gauche, affairistes mais tous opposants au régime actuel, chaque média tire la cou­ette de son côté, mais au moins ils font leur boulot de journalistes.

Il ne faut pas oubli­er les réseaux soci­aux. Ils sont totale­ment investis. Là aus­si, l’in­for­ma­tion et les avis sont à tri­er mais la chaîne fonc­tionne, mal­gré les risques. Quand un gou­verne­ment essaye ‑en vain- d’in­ter­dire les réseaux soci­aux, c’est qu’il les craint…

Bref, l’in­for­ma­tion cir­cule, même s’il y a encore ceux qui ne veu­lent pas croire et qui con­sid­èrent qu’il s’ag­it des mensonges.

Je voudrais bien coller un joli proverbe turc, mais je sèche (ma soeur aus­si). Mais j’ai une maxime de sec­ours : “il n’est pire aveu­gle que celui qui ne veut pas voir”, et celle-ci est bien de chez vous.

Ce qui me fait sourire tout en jaune, c’est de voir que la vision française et européenne a deux poids deux mesures.

Allez un exem­ple : qu’une par­tie des français qui dénon­cent la répres­sion poli­cière en Turquie pour la mort de Berkin Elvan, puis­sent par­ler ailleurs de “la vio­lence légitime d’E­tat” à pro­pos de Rémi Fraisse, je ne com­prends pas… Ca voudrait dire quoi ? Que la Turquie est un pays de sauvages et qu’il est donc nor­mal que la police tape fort ? Donc le crime est là une poli­tique de sauvages, et ailleurs une bavure de la démoc­ra­tie civil­isée ? Ah bon ?

 

Tous sur la même bar­que. On se tait et on rame ?
Cer­taine­ment pas !

Sou­venez-vous de “la grosse bête immonde à ten­tac­ules qui suce la sève de la planète” ? Je vous en par­lais il y a peu de temps. N’ou­bliez pas que quelques unes de ses ten­tac­ules sont col­lées aus­si sur la France. Les petites épées de résis­tance que nous bran­dis­sons peu­vent paraître comme des cure-dents par rap­port à ce géant.

Mais n’ou­blions pas que la bête s’af­faib­li­ra inévitable­ment en se mor­dant la queue. En réu­nis­sant des mil­lions de cure-dents on peut con­stru­ire des châteaux… et pas qu’en Espagne !

Et au boulot !

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Mamie Eyan
Chroniqueuse
Ten­dress­es, coups de gueule et révolte ! Bil­lets d’humeur…