C’est par hasard que nous avons vécu dans le quartier de Tarlabaşı les derniers mois de notre séjour lorsque nous étions étudiants à Istanbul il y a trois ans.Les gens nous avaient dit de ne jamais venir dans ce quartier jugé trop dangereux.
Tarlabaşı est un quartier historique qui a accueilli d’innombrables communautés d’immigrés, de passage ou installées dans la plus grande métropole de la Turquie. La diversité culturelle de la région est étonnante. Turcs, Kurdes, Tziganes, Arméniens, Circassiens, Lazes, les migrants du Moyen-Orient et d’Afrique y vivent tous ensemble.
Nous nous sommes plongés dans les histoires des habitants de Tarlabaşı. Nous avons vécu avec eux pendant presque un an, nous imprégnant de tous les récits sans faire de distinction. Nous avons pris des photos, mais nous n’avons jamais pensé à faire un film jusqu’à ce que nous rencontrions Mustafa, un chiffonnier qui vivait dans le quartier. Cette série de photos raconte l’atmosphère et les gens que nous avons connus à Tarlabaşı et qui nous ont conduit à faire ce documentaire sur Mustafa.
Pendant plus d’une année, nous avons dépensé des sommes importantes pour la production d’un documentaire long métrage intitulé Tarlabaşı ve ben (Tarlabaşı et moi). Maintenant nous sommes en plein processus d’édition et nous allons bientôt nous attaquer aux tâches de post-production comme le montage son, la correction de la couleur et d’autres travaux techniques avant de terminer le film en Décembre. Le coût total de la production du film est de 25 000 € et nous aurions besoin d’au moins la moitié avant la fin de Novembre pour achever le film.
Une femme tzigane posant allongée en face de sa maison.
Une famille tzigane dans son appartement. L’homme vient de rentrer ; il brûlait du cuivre en face de sa maison.
Un grand nombre de migrants venant d’Afrique et en particulier du Nigeria s’est rendu en Turquie par l’Iran en traversant les montagnes à la frontière de la Turquie. Tarlabaşı est devenu l’un des endroits où il est possible pour eux de partager une chambre et de trouver un emploi non déclaré.
Mustafa est devenu il y a quelques années l’un des résidents de Tarlabaşı. Il vient d’Adana et a des origines kurdes. Nous avons rencontré Mustafa en 2012 et nous avons écouté son histoire. Nous savions qu’il avait changé complètement de vie pour habiter dans le quartier et trouver du travail comme chiffonnier, un travail qu’il a clairement recherché car il croit qu’«un homme doit tout essayer.” Mustafa a le tempérament et l’esprit curieux d’un philosophe, et pour lui, son travail est comme une forme de thérapie qui lui donne suffisamment de temps pour la réflexion.
Chaque jour il y a de plus en plus d’immeubles murés à Tarlabaşı mais cela n’empêche pas les gens de poursuivre leurs activités ou même d’en créer de nouvelles. Beaucoup d’expulsions ont eu lieu dans les deux dernières années pour faire un Tarlabaşı rénové et chic. Malgré la demande du Conseil d’Etat d’arrêter les démolitions, les travaux de construction se poursuivent dans le quartier. Bientôt tous les habitants de la zone seront forcés de la quitter.
Source Mashallahnews.com — TARLABAŞI AND ME — 28 Sep 2014
Auteur : Marianna Francese and Jaad Gaillet